DOI Heft:
Supplement au Nr. 104
DOI Artikel:En Belgique, [2]: la lutte des pierres
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exagérer les carrés et les listels, supprimer
des finesses et admettre une taille relative-
ment rudimentaire. Leurs profils ont, quoi
qu'ils aient fait, quelque chose de grossier,
comparé à ceux des maîtres italiens.
Meuble-vitrine tar H. Guimard.
» De nos jours, une grossièreté excessive,
rationnelle en principe, puisque la matière
friable exige logiquement des formes plus
épaisses, est devenue la règle de beaucoup de
praticiens. Certains faiseurs de maisons,
habiles d'autre part, dessinent des bandeaux
et des corniches d'une lourdeur déplorable,
de la sculpture boursouflée et massive, bref,
montrent dans leurs ouvrages, à côté d'un
savoir assez étendu, quant à la richesse et la
variété des formes, un manque de goût
fâcheux quant aux proportions des détails. »
Les congressistes français ont observé
ensuite que la nature du granit belge oblige
l'architecte à concevoir son oeuvre en projets
complets et parfaits, à ne rien faire que de
juste, de raisonné, et qui soit en conformité
des moyens d'expression les plus sains :
« L'usage à peu près exclusif de la pierre
tendre, continue le distingué rapporteur, n'a
d'ailleurs pas que ce résultat d'inciter les
architectes à des profils peu délicats.
» Comme on peut, avec cette pierre,
employer d'énormes blocs, et puisqu'il ne
serait pas pratique de tailler des moulures
avant la pose, on amoncelle les morceaux
sans grande précaution et souvent sans
études préalables poussées un peu loin. Les
ravaleurs, des ouvriers, entre parenthèses,
extrêmement habiles, viendront, au moment
voulu, dégrossir et ciseler dans la masse tout
ce qu'on voudra. Ce sera correct, pur, admi-
rable de façon. Les joints de pose que décou-
vrent les refouillements auront peut-être été
un peu épanfrés pendant l'entassement des
blocs; peut-être même ne se trouveront-ils
plus à la place qu'il faudrait en ce moment
pour un décor composé après coup; un peu
de plâtre jaune et un fort passage au gris ont
bientôt raison de tous les inconvénients
inhérents au système. La pierre, d'une belle
teinte crème, apparaît comme saupoudrée
d'une fleur de sucre ; l'ouvrage semble sortir
d'une boite à bonbons doublée de papier de
soie, tant il est d'aimable fraîcheur; c'est tout
bonnement délicieux.
» Mes confrères d'aujourd'hui (je parle tou-
jours à un point de vue général et plutôt de
ceux, encore nombreux dans les grandes
villes, dont le bagage artistique est mince)
se laissent prendre aux belles apparences de
leurs ouvrages, au sortir des mains du rava-
leur. Aussi étudient-ils parfois avec un véri-
table sans-gêne. S'ils cherchent, ce n'est pas
à coup sûr l'esprit tenaillé par les exigences
d'une matière rebelle ou si précieuse qu'on ne
exagérer les carrés et les listels, supprimer
des finesses et admettre une taille relative-
ment rudimentaire. Leurs profils ont, quoi
qu'ils aient fait, quelque chose de grossier,
comparé à ceux des maîtres italiens.
Meuble-vitrine tar H. Guimard.
» De nos jours, une grossièreté excessive,
rationnelle en principe, puisque la matière
friable exige logiquement des formes plus
épaisses, est devenue la règle de beaucoup de
praticiens. Certains faiseurs de maisons,
habiles d'autre part, dessinent des bandeaux
et des corniches d'une lourdeur déplorable,
de la sculpture boursouflée et massive, bref,
montrent dans leurs ouvrages, à côté d'un
savoir assez étendu, quant à la richesse et la
variété des formes, un manque de goût
fâcheux quant aux proportions des détails. »
Les congressistes français ont observé
ensuite que la nature du granit belge oblige
l'architecte à concevoir son oeuvre en projets
complets et parfaits, à ne rien faire que de
juste, de raisonné, et qui soit en conformité
des moyens d'expression les plus sains :
« L'usage à peu près exclusif de la pierre
tendre, continue le distingué rapporteur, n'a
d'ailleurs pas que ce résultat d'inciter les
architectes à des profils peu délicats.
» Comme on peut, avec cette pierre,
employer d'énormes blocs, et puisqu'il ne
serait pas pratique de tailler des moulures
avant la pose, on amoncelle les morceaux
sans grande précaution et souvent sans
études préalables poussées un peu loin. Les
ravaleurs, des ouvriers, entre parenthèses,
extrêmement habiles, viendront, au moment
voulu, dégrossir et ciseler dans la masse tout
ce qu'on voudra. Ce sera correct, pur, admi-
rable de façon. Les joints de pose que décou-
vrent les refouillements auront peut-être été
un peu épanfrés pendant l'entassement des
blocs; peut-être même ne se trouveront-ils
plus à la place qu'il faudrait en ce moment
pour un décor composé après coup; un peu
de plâtre jaune et un fort passage au gris ont
bientôt raison de tous les inconvénients
inhérents au système. La pierre, d'une belle
teinte crème, apparaît comme saupoudrée
d'une fleur de sucre ; l'ouvrage semble sortir
d'une boite à bonbons doublée de papier de
soie, tant il est d'aimable fraîcheur; c'est tout
bonnement délicieux.
» Mes confrères d'aujourd'hui (je parle tou-
jours à un point de vue général et plutôt de
ceux, encore nombreux dans les grandes
villes, dont le bagage artistique est mince)
se laissent prendre aux belles apparences de
leurs ouvrages, au sortir des mains du rava-
leur. Aussi étudient-ils parfois avec un véri-
table sans-gêne. S'ils cherchent, ce n'est pas
à coup sûr l'esprit tenaillé par les exigences
d'une matière rebelle ou si précieuse qu'on ne