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Journal de la marbrerie et de l'art décoratif: bimensuel — 5.1908 (Nr. 101-124)

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Supplement au Nr. 104
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En Belgique, [2]: la lutte des pierres
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https://doi.org/10.11588/diglit.17230#0038

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30

doit l'employer qu'avec parcimonie. Ils ne
sont guère poursuivis par l'idée fixe de ne
rien faire que de juste, de raisonné, ou qui
soit en conformité des moyens d'expression
les plus sains. La masse existe, cela suffit; ils
y tailleront comme dans du beurre. Et c'est
ainsi que nous voyons dans les années où
« va » la bâtisse parisienne, des décors qui
ne sont pas à l'honneur de l'architecte
moderne. Tout le mal vient de l'usage de la
pierre tendre. »

« Il me resterait, poursuit le rapporteur,
pour développer à fond l'influence delà nature
des pierres sur l'architecture, à envisager un
autre point de la question, qui n'est pas le
moins intéressant, à savoir les différences
d'aspect qui caractérisent,dansleur vieillesse,
les décors des monuments, selon que ces
décors ont été taillés dans une roche très
dure ou un marbre, ou dans une pierre
tendre.

» A mon premier voyage en Italie, j'avais
été vivement frappé du relief extraordinaire
qui résultait, dans l'apparence des décors
taillés dans le marbre, de ce que leurs dessus,
lavés par la pluie,étaient tout blancs, comme
couverts d'un givre, tandis que leurs dessous
avaient pris une demi-teinte chaude et que
leurs surfaces intermédiaires, abritées, étaient
parfois devenues noires comme de l'encre.
Ce n'était pas là un effet exclusivement dû à
la vivacité de la lumière des pays du Midi.
J'ai retrouvé des effets analogues à Londres,
en Allemagne, et aussi en France, dans tous
les monuments faits de roche extrêmement
compacte.

» Cette intensité apparente de reliefs donne
à des constructions d'une ordonnance même
banale, bâties en pierre dure, un aspect d'une
réelle valeur. Je suis convaincu que nombre
d'édifices anciens, universellement admirés,
tiennent la moitié de leur prestige des accen-
tuations spéciales d'une patine d'un même
genre, incessamment exaltées par le temps.
Tout au contraire, nos édifices en pierre
tendre, s'ils ne comportent pas des ombres
d'une grande étendue, comme celles des por-

tiques ouverts et des colonnades, perdent
plutôt en vieillissant.

» Un auteur anglais a exprimé cette
opinion, à première vue singulière, que chez
nous, en France, tout est gris. Et je dois
reconnaître qu'à mon premier retour de Lon-
dres, je trouvais l'aspect général de Paris
très doux, un peu pâle, comme tout entier
fait de demi-teintes. Je me suis rendu compte
que cela venait de cette nuance grise, et à peu
près uniforme, que prennent du haut en bas
la plupart de nos monuments et toutes nos
maisons. Il n'est pas indifférent, on le conçoit,
que des reliefs d'architecture se présentent
comme voilés, à demi perdus sous une couche
d'un gris fade, qu'ils prennent vite un air
vieillot, qu'ils soient pour ainsi dire éreintés
avant d'avoir vécu, ou que, violemment colo-

Cadre de glace.par H. Guimard.
 
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