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Journal de la marbrerie et de l'art décoratif: bimensuel — 5.1908 (Nr. 101-124)

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Supplement au Nr. 106
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Henri Nénot - Edmond Thoumy: la maison de retraite des artistes français
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https://doi.org/10.11588/diglit.17230#0050

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42

Certains esprits chagrins prétendent que
l'humanité est mauvaise, axiome qui doit
être vrai puisqu'il y a,tant d'exceptions qui
viennent le confirmer.

Parmi ces exceptions, il convient de citer
tout particulièrement Antoine Bailly, digne
membre de la généreuse corporation des
architectes, à. qui nous devons envoyer un
salut de reconnaissance émue pour le sou-
venir qu'il a laissé dans le monde des
artistes.

En 1886, six ans avant qu'il fût enlevé
à l'amitié des siens, Bailly avait pensé que les
chers artistes français, dont il présidait la
société, ne rencontraient pastoujourssurleur
route le char qui devait les conduire à la,
fortune et à la gloire,et il songeaà la tristesse
de leurs vieux ans, lorsque les cheveux ayant
blanchi clans le rêve, ils se trouveraient sans
ressources pour achever leur pénible et la,bo-
rieuse existence.

Mais le désir de ce dévoué philanthrope
devait rencontrer quelques difficultés pour
être réalisé. Il fallait — pour construire
le toit sous lequel les artistes français abrite-
raient leurs cheveux blancs — des fonds, et
les 40,000 francs que put sacrifier Antoine
Bailly, joints aux recettes des journées du
vernissage, ne devaient pas arriver vite â faire
assez grosse l'escarcelle du dévouement et
de la prévoyance.

Ah ! si nos jolies Parisiennes avaient su
que leur petite pièce d'or devait soulager les
misères futures de ceux dont elles admiraient
les chefs-d'œuvre en ce jour de gala artis-
tique, comme elles auraient ouvert toute
grande leur bourse et vite grossi les recettes
de cette œuvre de prévoyance si utile à ces
chers imprévoyants que sont nos artistes !
Mais la Parisienne ne peut pas tout savoir,
excepté cependant M"10 Jules Comte.

Cette autre généreuse donatrice comprit
que pour abriter des malheureux que n'a-
vaient pas enrichi les pratiques de l'art, il
fallait une maison, et, sans hésiter, n'ayant
en vue que le bien à, faire, elle donna sa pro-
priété de Montlignon, jolie petite commune
des environs d'Ermont, où vieux peintres,
vieux sculpteurs, vieux graveurs pourront

trouver le moyen de finir, au milieu des
fleurs et de la, nature, la vie qui leur aura été
si dure.

Etre possesseur de la, maison était déjà
quelque chose, mais encore fallait-il l'appro-
prier à, sa destination future et mettre les
artistes à même, non seulement de vivre en
paix leurs dernières années, mais aussi de
poursuivre le rêve de toute leur existence.

Cette besogne fut accomplie par deux
artistes : l'un, Henri Nénot, dont la réputa-
tion n'est plus à, faire ; l'autre, Edouard
Thoumy, qui fut le collaborateur précieux
sous la direction duquel s'exécutèrent les
travaux.

Ils ont ensemble fait œuvre modeste parce
qu'ils ont pensé que la plus grande partie
des ressources ne deyait pas être sacrifiée
à, l'édification de palais, mais plutôt à grossir
la, caisse des retraites,qui permet de secourir
plus efficacement les misères.

Nous donnons à la, page 47 les façades
latérale et principale ainsi que la coupe
transversale de la maison de Montlignon, et
maintenant nous sommes heureux de pré-
senter les auteurs de cette maison, où dix
artistes pourront trouver un asile en atten-
dant que lesParisiennes laissent tomber dans
les mains de la Société de quoi en ahriter
davantage. (Ceci n'est qu'un a,vis en passant
pour le prochain vernissage.)

Henri-Paul Nénot est un vrai Parisien,
né dans l'ancienne Cour des Miracles en
1853, fils d'un fabricant de perles qui voulut
que son fils reçût une instruction complète.

On prétend parfois que la vocation n'existe
pas, ce qui est une affirmation erronée, si
l'on en juge par les dispositions d'Henri
Nénot qui, à, peine arrivé daus un pension-
nat à, Villers-le-Bel, en 1862,. s'amuse à en
relever le plan.

Ces prédispositions à l'architecture le font
admettre à, 13 ans dans l'atelier de M. Le-
queux et à 15 ans il entre le deuxième à
l'Ecole des Beaux-Arts où il obtint le prix
Muller-Shoené.

Passant à l'atelier de M. Questel, il y
arrivait avec un mot de son premier maître :
« C'est un futur Grand Prix de Rome que je
 
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