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PERRAUD (Georges)
Né à Nantes en 1881, élève de Barrias et de
Coutan; a exposé en 1907 une statue en plâ-
tre, L'Echo des Mers, qui a obtenu un certain
succès et qui figure cette année à l'Exposition
de Calais.
Si nos calculs sont exacts, M. Perraud doit
avoir environ 29 ans, ce qui pourrait expli-
quer que, comme les gens heureux, il n'ait
pas encore d'histoire; mais nous allons
essayer de combler cette lacune en lui en
créant une toute petite, qu'il saura sûrement
agrandir en créant beaucoup de Pêcheurs
comme ceux qu'il expose cette année.
M. G. Perraud, statuaire
Après avoir exposé à Nantes et remporté
une médaille d'argent, il revient à Paris et
se tient le raisonnement très logique qui va
suivre.
Nos architectes, pensa-t-il, sont gens
de très bon goût, mais qui ont à songer à
une multitude de préoccupations toutes diffé-
rentes de la statuaire ; il faut qu'ils fassent
des plans, qu'ils établissent des devis, qu'ils
surveillent des travaux, qu'ils fassent tant et
tant de choses qu'il ne peut plus leur rester
de temps pour la conception des parties déco-
ratives de leurs entreprises.
Depuis longtemps, ajouta-t-il (en lui-
même), l'art se poursuit dans une série de
productions classiques qui sont évidemment
du meilleur effet, mais qui ont le grand tort
d'être les copies des copies des... choses
copiées.
Il lui parut donc nécessaire d'introduire
dans la sculpture ce que d'autres avaient
essayé dans l'architecture et l'art décoratif,
et de remplacer la rectitude des lignes
rigides autant qu'harmonieuses par d'autres
tout aussi gracieuses, mais imprégnées un
peu de ces envolées vers l'idéal que nous nous
faisons actuellement de l'art moderne.
Toutes ces pensées lui suggérèrent la fon-
taine que nous reproduisons ici et qui ne
manquera pas d'être remarquée par ceux qui
sont du même avis que M. Perraud, tou-
chant les modifications de l'art en France.
Cette gracieuse fontaine aurait évidem-
ment sa place dans un jardin d'hiver ou
même dans un autre, dans un parc, au
milieu d'une pelouse où elle pourrait charmer
par l'expression heureuse des enfants et
former un sujet décoratif tout à fait gra-
cieux.
M. Perraud avait pensé faire un surtout de
table ou un encrier, ce qui aurait été moins
heureux, en ce sens que le sujet se serait
perdu dans la multitude des bibelots qui, s'ils
ont du succès, sont reproduits avec plus ou
moins d'exactitude ou de conscience et font
d'une œuvre de goût et de valeur des articles
de bazar que l'auteur préfère renier comme
étant de sa création.
C'est, du reste, l'histoire de presque toutes
les fontaines décoratives ; ce fut aussi celle
de Jeunesse, de M. Blondat (M, qui, comme
M. Perraud du reste, comprit qu'il valait
mieux entourer les mignonnes figures
d'enfants des limpidités d'une eau cristalline
que des flots noirs et bourbeux de l'encre.
M. Perraud a maintenant une histoire ou,
(1) Voir n° 90.
PERRAUD (Georges)
Né à Nantes en 1881, élève de Barrias et de
Coutan; a exposé en 1907 une statue en plâ-
tre, L'Echo des Mers, qui a obtenu un certain
succès et qui figure cette année à l'Exposition
de Calais.
Si nos calculs sont exacts, M. Perraud doit
avoir environ 29 ans, ce qui pourrait expli-
quer que, comme les gens heureux, il n'ait
pas encore d'histoire; mais nous allons
essayer de combler cette lacune en lui en
créant une toute petite, qu'il saura sûrement
agrandir en créant beaucoup de Pêcheurs
comme ceux qu'il expose cette année.
M. G. Perraud, statuaire
Après avoir exposé à Nantes et remporté
une médaille d'argent, il revient à Paris et
se tient le raisonnement très logique qui va
suivre.
Nos architectes, pensa-t-il, sont gens
de très bon goût, mais qui ont à songer à
une multitude de préoccupations toutes diffé-
rentes de la statuaire ; il faut qu'ils fassent
des plans, qu'ils établissent des devis, qu'ils
surveillent des travaux, qu'ils fassent tant et
tant de choses qu'il ne peut plus leur rester
de temps pour la conception des parties déco-
ratives de leurs entreprises.
Depuis longtemps, ajouta-t-il (en lui-
même), l'art se poursuit dans une série de
productions classiques qui sont évidemment
du meilleur effet, mais qui ont le grand tort
d'être les copies des copies des... choses
copiées.
Il lui parut donc nécessaire d'introduire
dans la sculpture ce que d'autres avaient
essayé dans l'architecture et l'art décoratif,
et de remplacer la rectitude des lignes
rigides autant qu'harmonieuses par d'autres
tout aussi gracieuses, mais imprégnées un
peu de ces envolées vers l'idéal que nous nous
faisons actuellement de l'art moderne.
Toutes ces pensées lui suggérèrent la fon-
taine que nous reproduisons ici et qui ne
manquera pas d'être remarquée par ceux qui
sont du même avis que M. Perraud, tou-
chant les modifications de l'art en France.
Cette gracieuse fontaine aurait évidem-
ment sa place dans un jardin d'hiver ou
même dans un autre, dans un parc, au
milieu d'une pelouse où elle pourrait charmer
par l'expression heureuse des enfants et
former un sujet décoratif tout à fait gra-
cieux.
M. Perraud avait pensé faire un surtout de
table ou un encrier, ce qui aurait été moins
heureux, en ce sens que le sujet se serait
perdu dans la multitude des bibelots qui, s'ils
ont du succès, sont reproduits avec plus ou
moins d'exactitude ou de conscience et font
d'une œuvre de goût et de valeur des articles
de bazar que l'auteur préfère renier comme
étant de sa création.
C'est, du reste, l'histoire de presque toutes
les fontaines décoratives ; ce fut aussi celle
de Jeunesse, de M. Blondat (M, qui, comme
M. Perraud du reste, comprit qu'il valait
mieux entourer les mignonnes figures
d'enfants des limpidités d'une eau cristalline
que des flots noirs et bourbeux de l'encre.
M. Perraud a maintenant une histoire ou,
(1) Voir n° 90.