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Journal de la marbrerie et de l'art décoratif: bimensuel — 5.1908 (Nr. 101-124)

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Supplement au Nr. 119
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Les outils pneumatiques appliqués au travail du marbre
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https://doi.org/10.11588/diglit.17230#0156

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Qu'est-ce que le marteau pneumatique ?
C'est un instrument qui consiste en un outil
sur lequel un marteau, grâce à l'air com-
primé, frappe de 1,500 à. 2,000 coups à la
minute. Or, un ouvrier marbrier ne peut
atteindre 100 coups à la minute sans se fati-
guer outre mesure. On voit donc la supério-
rité du marteau pneumatique; de plus, tout
l'effort de l'ouvrier est concentré sur le
guidage de l'outil, ce qui augmente encore
sa production.

Nous aurons à. nous étendre bientôt sur tous
les détails des outils pneumatiques, de sorte
que nous ne tenterons pas aujourd'hui une
description qui serait forcément incomplète.

Les pierres dures, telles que les por-
phyres, granits, syénites, labradorites, etc.,
se travaillent maintenant par les outils
pneumatiques dans tous les ateliers bien
montés. L'Ecosse, en utilisant cette méthode,
a non seulement pu abaisser son prix de
vente de 25 p. c, ce qui lui a permis de
doubler sa production, mais elle a tellement
élargi son champ d'action, qu'elle peut faire
actuellement en granit des travaux de sculp-
ture auxquels il eût été fou de penser autre-
fois. Mais les marbriers pouvaient ne pa,s
trouver un argument en laveur des outils
pneumatiques dans le fait qu'on les utilisait
dans les pierres dures, le marbre calcaire
étant une matière relativement beaucoup
plus tendre.

En Amérique, un marbrier n'oserait pas
penser à, s'établir s'il no possédait l'instal-
lation actionnant les outils pneumatiques.
Heureusement pour lui, les villes améri-
caines importantes sont toutes pourvues de
canalisations d'air comprimé (comme Paris,
d'ailleurs), de sorte que les petits marbriers
n'ont qu'à, se brancher sur la canalisation
publique, comme on se branche ici sur la
canalisation du gaz d'éclairage. Les grandes
usines ont naturellement leurs propres com-
presseurs.

On pouvait supposer, toutefois,jusqu'à pré-
sent, que l'avantage résultant des outils
pneumatiques dans le travail des marbres ne
compensait pas la différence entre les salai-
res d'Amérique et les salaires d'Europe. En

d'autres termes, que si un homme fait avec
un outil pneumatique une production double,
on pouvait supposer que la moitié du salaire
économisé n'était supérieure au coût de l'air
comprimé et à. l'amortissement de l'installa-
tion, qu'en raison des gros salaires d'Amé-
rique ; et qu'il en eût été autrement en Eu-
rope. Hâtons-nous de dire que, pour certains
trava,ux, l'économie de salaires n'est pas con-
sidérable et que pour certains autres on la
promet supérieure à 75 p. c.

Le problème en fout cas mérite d'être
étudié, et cette étude n'est pas seulement de-
venue urgente, à cause de l'introduction à
Londres des marbres d'Amérique, mais pour
une autre raison qui nous semble bien plus
convaincante.

A l'instar de l'Amérique, et. pour pou voie
continuer à. considérer ce pays comme son
principal marché, la, région de Carrare a
commencé, il y a quelques années, à adopter
le marteau pneumatique,et son usage s'étend
de jour en jour tellement, que tous les sculp-
teurs en seront munis à bref délai.

Or, les salaires de Carrare sont égaux, et
parfois inférieurs aux salaires du Nord. Si
les Ca.rrarais ont trouvé un avantage à,
adopter le marteau pneumatique, cet avan-
tage serait plus grand encore dans le Nord
qu'à, Carrare. La question se pose donc de
plus en plus nettement.

Lorsque les outils pneumatiques n'étalent
utilisés que dans les roches éruptives les
plus dures, on pouvait admettre que les
industriels qui en avaient reconnu les avan-
tages, ne l'avaient fait qu'en raison de la
dureté de leur matière et du travail ingrat
qu'elle exige. Lorsque les marbriers améri-
cains ont tous employé les outils pneuma-
tiques, on a pu prétendre que leurs salaires
exagérés pouvaient, seuls, justifier la vogue
qu'ils accordaient à cet outillage. Mais toutes
ces défaites ne sont plus permises depuis
que les Carrarais, qui ont des salaires égaux
à ceux des usines de province, et inférieurs
à, ceux des ouvriers de nos villes du Nord, et
qui, de plus, travaillent le plus tendre de
tous les marbres, ont adopté avec enthou-
siasme les outils pneumatiques.
 
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