DOI Heft:
Nr. 24 (Avril 1887)
DOI Artikel:Castonnet des Fosses, Henri: Maroc
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.19134#0172
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MAROC
44 kilomètres de Figuig, cl le sultan nous accorde son autorisation.
Nous ne sommes plus qu'à une bonne étape de Figuig et espérons
que nous ne tarderons pas à la franchir.
Mais il ne faudrait pas que la question de rectification de fron-
tières nous fasse perdre de vue la question véritable qui existe au
Maroc. C'est sur le littoral, tant de l'Atlantique que de la Méditer-
ranée, que se jouent actuellement les intérêts européens au Maroc.
L'Angleterre surveille d'un œil jaloux le détroit de Gibraltar : elle
est en pourparlers avec la cour de Fez el demande à être autorisée
à loger provisoirement mille hommes à Télouan. Gibraltar est trop
petit pour la garnison britannique, qui peut à peine y respirer. Ce
corps de mille hommes irait prendre l'air de Télouan provisoire-
ment. Nous savons ce que signifie le provisoire dans le langage de
nos voisins d'outre-Manche, et l'occupation de Tétouan ressemble-
rait à celle de l'Egypte. En même temps, des ingénieurs anglais ont
exploré une mine située à deux lieues de Ceuta et, si nous en
croyons certains renseignements, ils y auraieni élevé un établisse-
ment qui n'est pas entièrement industriel et y auraient même placé
une pièce de canon. Sur les rivages de l'Atlantique, nous apprenons
que les Allemands fondent des comptoirs. L'Espagne semble
décidée à montrer de l'initiative et le réceul décret, qui rattache
la côte Saharienne à la capitainerie des Canaries, nous indique que
bientôt elle étendra son action sur le littoral marocain. Aussi, nous
le répétons, ne nous absorbons pas dans l'idée d'une rectification
de frontières; ne pensons pas toujours à la Moulouia, mais regardons
du côté des rivages du Maghieb : c'est là où réside l'avenir; c'esi là
en effet où jadis le Portugal possédait de florissantes colonies. Qui
sait si, de nos jours, nous ne verrons pas une puissance européenne
marcher sur les traces de l'ancienne Lusitanie.
Celte situation devrait faire sortir la cour de Fez de ses anciens erre-
ments; il n'en est rien cependant. Le sultan a essayé à différentes
reprises de supprimer la presse, et il vient d'interdire l'usage du
tabac à ses sujets. Cependant, depuis quelques temps, un câble télé-
graphique relie Tanger à Gibraltar. Celle innovation n'a pas encore
donné de résultats, et de longues années s'écouleronl avant que
ces modernes idées aient pu définitivement s'implanter dans l'Occi-
dent lointain des musulmans.
II. Castonnet des Foss.
MAROC
44 kilomètres de Figuig, cl le sultan nous accorde son autorisation.
Nous ne sommes plus qu'à une bonne étape de Figuig et espérons
que nous ne tarderons pas à la franchir.
Mais il ne faudrait pas que la question de rectification de fron-
tières nous fasse perdre de vue la question véritable qui existe au
Maroc. C'est sur le littoral, tant de l'Atlantique que de la Méditer-
ranée, que se jouent actuellement les intérêts européens au Maroc.
L'Angleterre surveille d'un œil jaloux le détroit de Gibraltar : elle
est en pourparlers avec la cour de Fez el demande à être autorisée
à loger provisoirement mille hommes à Télouan. Gibraltar est trop
petit pour la garnison britannique, qui peut à peine y respirer. Ce
corps de mille hommes irait prendre l'air de Télouan provisoire-
ment. Nous savons ce que signifie le provisoire dans le langage de
nos voisins d'outre-Manche, et l'occupation de Tétouan ressemble-
rait à celle de l'Egypte. En même temps, des ingénieurs anglais ont
exploré une mine située à deux lieues de Ceuta et, si nous en
croyons certains renseignements, ils y auraieni élevé un établisse-
ment qui n'est pas entièrement industriel et y auraient même placé
une pièce de canon. Sur les rivages de l'Atlantique, nous apprenons
que les Allemands fondent des comptoirs. L'Espagne semble
décidée à montrer de l'initiative et le réceul décret, qui rattache
la côte Saharienne à la capitainerie des Canaries, nous indique que
bientôt elle étendra son action sur le littoral marocain. Aussi, nous
le répétons, ne nous absorbons pas dans l'idée d'une rectification
de frontières; ne pensons pas toujours à la Moulouia, mais regardons
du côté des rivages du Maghieb : c'est là où réside l'avenir; c'esi là
en effet où jadis le Portugal possédait de florissantes colonies. Qui
sait si, de nos jours, nous ne verrons pas une puissance européenne
marcher sur les traces de l'ancienne Lusitanie.
Celte situation devrait faire sortir la cour de Fez de ses anciens erre-
ments; il n'en est rien cependant. Le sultan a essayé à différentes
reprises de supprimer la presse, et il vient d'interdire l'usage du
tabac à ses sujets. Cependant, depuis quelques temps, un câble télé-
graphique relie Tanger à Gibraltar. Celle innovation n'a pas encore
donné de résultats, et de longues années s'écouleronl avant que
ces modernes idées aient pu définitivement s'implanter dans l'Occi-
dent lointain des musulmans.
II. Castonnet des Foss.