MISSION DU DOCTEUR HAMY DANS LE SUD TUNISIEN.
Le D1' Hamy, conservateur du musée ethnographique du Troca-
déro, a fait le 2 décembre, à la Société de géographie, une remarquable
conférence sur les résultats de la mission que lui avait confié, au
printemps dernier, le ministère de PJnslruction publique. Après avoir
exploré les curieux dolmens de la région située au nord de Kairouan,
il consacra les dernières semaines de son séjour en Tunisie à visiter,,
au sud de Gabès, le pays des Oulcd-Zenatas, seuls débris subsistants
à peu près intacts de cette antique race berbère, que les invasions
étrangères et la domination arabe ont partout ailleurs complètement
modifiée et défigurée.
Le 4 mai 1887, le D1' Hamy partait avec son dévoué collabo-
rateur, M. Delacroix, spécialement chargé des études d'histoire natu-
relle et surtout de géologie, pour les petites villes zénatas, éparscs sur
les sommets de la chaîne de montagnes qui sépare du Sahara la
plaine de Gabès.
Gabès, simple bordj en 1881, possède aujourd'hui deux grandes
voies principales, percées d'autres rues transversales ; de belles mai-
sons en pierre ont remplacé les hideux baraquements qualifiés naguère
par nos soldats du nom significatif de Coquinville. Le commerce de
Gahès consiste exclusivement dans l'exportation de l'alfa. Le général
Allegro commande la place.
Aux portes de la ville, on rencontre d'abord Djara, oasis de l'Oiied-
Gahès, construite avec les restes de l'ancienne Tacapae, la Gabès
romaine. L'oasis renferme 2,000 dattiers : on y cultive le maïs, le
sorgho, le henné. Des silex taillés ont été recueillis sur les berges argi-
leuses et sablonneuses de l'Oued. Voici Ras cl Oued (la tête de l'eau).
Dès lors, la plaine immense se déroule, monotone, pierreuse et unique-
ment parsemée d'alfas. C'est par là qu'au vne siècle les Musulmans
vinrent chasser les Byzantins, et que les Berbères, quatre cents ans plus
tard, Curent à leur tour refoulés par les Arabes. Cette solitude aride
avait été pourtant colonisée et irriguée soigneusement par les Romains.
On retrouve encore, échelonnées à quatre ou cinq kilomètres les unes
des autres, les ruines de nombreuses métairies, d'anciens bordjs des-
tinés à abriter la cavalerie qui protégeait les troupeaux contre les raz-
Le D1' Hamy, conservateur du musée ethnographique du Troca-
déro, a fait le 2 décembre, à la Société de géographie, une remarquable
conférence sur les résultats de la mission que lui avait confié, au
printemps dernier, le ministère de PJnslruction publique. Après avoir
exploré les curieux dolmens de la région située au nord de Kairouan,
il consacra les dernières semaines de son séjour en Tunisie à visiter,,
au sud de Gabès, le pays des Oulcd-Zenatas, seuls débris subsistants
à peu près intacts de cette antique race berbère, que les invasions
étrangères et la domination arabe ont partout ailleurs complètement
modifiée et défigurée.
Le 4 mai 1887, le D1' Hamy partait avec son dévoué collabo-
rateur, M. Delacroix, spécialement chargé des études d'histoire natu-
relle et surtout de géologie, pour les petites villes zénatas, éparscs sur
les sommets de la chaîne de montagnes qui sépare du Sahara la
plaine de Gabès.
Gabès, simple bordj en 1881, possède aujourd'hui deux grandes
voies principales, percées d'autres rues transversales ; de belles mai-
sons en pierre ont remplacé les hideux baraquements qualifiés naguère
par nos soldats du nom significatif de Coquinville. Le commerce de
Gahès consiste exclusivement dans l'exportation de l'alfa. Le général
Allegro commande la place.
Aux portes de la ville, on rencontre d'abord Djara, oasis de l'Oiied-
Gahès, construite avec les restes de l'ancienne Tacapae, la Gabès
romaine. L'oasis renferme 2,000 dattiers : on y cultive le maïs, le
sorgho, le henné. Des silex taillés ont été recueillis sur les berges argi-
leuses et sablonneuses de l'Oued. Voici Ras cl Oued (la tête de l'eau).
Dès lors, la plaine immense se déroule, monotone, pierreuse et unique-
ment parsemée d'alfas. C'est par là qu'au vne siècle les Musulmans
vinrent chasser les Byzantins, et que les Berbères, quatre cents ans plus
tard, Curent à leur tour refoulés par les Arabes. Cette solitude aride
avait été pourtant colonisée et irriguée soigneusement par les Romains.
On retrouve encore, échelonnées à quatre ou cinq kilomètres les unes
des autres, les ruines de nombreuses métairies, d'anciens bordjs des-
tinés à abriter la cavalerie qui protégeait les troupeaux contre les raz-