DOI issue:
Nr. 24 (Avril 1887)
DOI article:Brulat, Paul: Bizerte: son importance stratégique
DOI Page / Citation link:https://doi.org/10.11588/diglit.19134#0153
BIZERTE
SON IMPORTANCE STRATÉGIQUE
S'il importe au salut de notre pays de perfectionner notre ar-
mement, il n'est pas moins nécessaire d'assurer h notre flotte
un abri sûr dans le cas d'une guerre maritime. Or, sur près
de trois cents lieues de côte, depuis Bougie jusqu'à Tripoli,
nous n'avons pas un seul port accessible aux grands navires
de guerre et qui, à un moment donné, puisse leur servir
de refuge. Une escadre poursuivie par l'ennemi serait infailli-
blement condamnée au même désastre qui, en 1092, à la Hogue,
porta, on le sait, un coup mortel à la marine française. Sur
toul le littoral algérien, nous ne possédons que deux ports,
Mers-el-Kébir et Bougie, qui soient assez sûrs et spacieux pour
permettre à noire flotte de se ravitailler à l'abri.
Il est donc d'une absolue nécessité d'établir un grand port-
arsenal à Rizerie, qui. tant par ses avantages naturels que par
sa situation géographique, offre une importance stratégique re-
connue dès les temps les plus reculés. Salluste nous apprend,
en effet, que l'ancienne Hippc-Zarytos était Je plus commer-
çant et le mieux fortifié de tous les ports situés sur le littoral
de l'Afrique septentrionale.
Toul récemment encore un des officiers les plus distingués
de la marine de guerre déclarait que le port de Bizerte, suffi-
samment mis en étal, formerait un point d'arrêt inattaquable
pour la flotte ennemie et une base d'opérations excellente
pour les entreprises offensives de nos escadres. On rapporte
même qu'un contre-amiral, pendant la campagne de Tunisie,
prétendait pouvoir, grâce h Bizerte, arrêter au passage une esca-
dre ennemie, en barrant le détroit compris entre le cap Blanc
et la Sardaigne. Un navire étranger qui passait à quelque dis-
lance de la rade de Rizerie, alors occupée par nos troupes, ayant
omis de hisser son pavillon, le contre-amiral en question lui
SON IMPORTANCE STRATÉGIQUE
S'il importe au salut de notre pays de perfectionner notre ar-
mement, il n'est pas moins nécessaire d'assurer h notre flotte
un abri sûr dans le cas d'une guerre maritime. Or, sur près
de trois cents lieues de côte, depuis Bougie jusqu'à Tripoli,
nous n'avons pas un seul port accessible aux grands navires
de guerre et qui, à un moment donné, puisse leur servir
de refuge. Une escadre poursuivie par l'ennemi serait infailli-
blement condamnée au même désastre qui, en 1092, à la Hogue,
porta, on le sait, un coup mortel à la marine française. Sur
toul le littoral algérien, nous ne possédons que deux ports,
Mers-el-Kébir et Bougie, qui soient assez sûrs et spacieux pour
permettre à noire flotte de se ravitailler à l'abri.
Il est donc d'une absolue nécessité d'établir un grand port-
arsenal à Rizerie, qui. tant par ses avantages naturels que par
sa situation géographique, offre une importance stratégique re-
connue dès les temps les plus reculés. Salluste nous apprend,
en effet, que l'ancienne Hippc-Zarytos était Je plus commer-
çant et le mieux fortifié de tous les ports situés sur le littoral
de l'Afrique septentrionale.
Toul récemment encore un des officiers les plus distingués
de la marine de guerre déclarait que le port de Bizerte, suffi-
samment mis en étal, formerait un point d'arrêt inattaquable
pour la flotte ennemie et une base d'opérations excellente
pour les entreprises offensives de nos escadres. On rapporte
même qu'un contre-amiral, pendant la campagne de Tunisie,
prétendait pouvoir, grâce h Bizerte, arrêter au passage une esca-
dre ennemie, en barrant le détroit compris entre le cap Blanc
et la Sardaigne. Un navire étranger qui passait à quelque dis-
lance de la rade de Rizerie, alors occupée par nos troupes, ayant
omis de hisser son pavillon, le contre-amiral en question lui