Revue de l'Afrique française (Paris, 5(Sixième Année).1887)

T U N ISI E

15 janvier 1887.

La fin de l'année 1886 marque une date importante dans
l'histoire de la Tunisie française. Un événement négatif si Ton
veut, mais caractéristique, s'est accompli. Tandis que trop sou-
vent, dans nos colonies, le changement des personnes amène
un changement radical de régime, ici une tradition de stabilité
s'est solennellement établie. L'œuvre de M. Gambon sera conti-
nuée par son successeur.

Aucune note discordante n'est venue troubler ni la céré-
monie d'adieux de M. l'ambassadeur actuel d'Espagne au Bey
(novembre 1886), ni l'arrivée de M. Massicault à Tunis, la
présentation de ses lettres de créance, la prise de possession de
son poste (24 décembre). Aux colons français, le nouveau rési-
dent général a recommandé l'union, se déclarant « le père de la
famille française », les invitant « à se serrer autour de lui, pour
accroître sa force et la leur » ; il était sûr de trouver le chemin
des cœurs lorsqu'il a parlé de patriotisme. Au chef héréditaire
du gouvernement tunisien, le ministre de France a dit que sa
mission était « de consolider et de resserrer encore, s'il est pos-
sible, par le protectorat, les liens qui unissent les deux pays ».
Notre politique à Tunis reste donc la môme, elle peut continuer
à se définir : maintien du protectorat.

Un avantage capital de ce régime, c'est d'être un système
clair et défini, c'est d'enchaîner d'avance, en quelque sorte, les
volontés de ceux qui sont chargés de le pratiquer. Supposez
qu'il n'y eut pas de Bey, que la Tunisie fût une simple posses-
sion française, nous aurions pu assister, en l'état actuel des
choses, à quelque bouleversement administratif, à quelque révo-
lution de bureaux à la résidence, et le successeur de M. Gambon