DOI Heft:
Nr. 30 (Octobre 1887)
DOI Artikel:Bourin, E.: Ténès, [1]
DOI Heft:Nr. 31 (Novembre 1887)
DOI Seite / Zitierlink:https://doi.org/10.11588/diglit.19134#0373
TÉNÈS
(CARTENNiE)
Le nom même de Ténès témoigne de la hante antiquité de son origine.
II s'est conservé sans altération, à travers la longue chaîne des siècles,
depuis l'époque de la domination carthaginoise jusqu'à nos jours. Le
mot Cartennœ qui désignait cette cité à l'époque romaine n'est, en effet,
que la transcription du vocable phénicien kartli « ville », précédant le
nom de lieu Tenaî que l'on rencontre encore, sur la côte orientale de
la Tunisie, à quelques lieues au sud de Sfax où les ruines de ïenœ con-
servent pareillement leur ancienne dénomination.
Shaw du reste a recueilli une légende qui consacre le souvenir de
cette lointaine origine. « Au temps de Moïse, raconte-t-elle, les gens de
Ténès étaient des sorciers renommés. Le pharaon d'Egypte en aurait
fait venir quelques-uns parmi les plus habiles pour les opposer à un
thaumaturge israélite qui battait les magiciens des bords du Nil. »
La domination romaine débuta en Afrique (comme la nôtre à Tunis)
par le système du protectorat appliqué aux chefs numides que les his-
toriens de Rome décorent du nom de rois, bien qu'ils n'exerçassent
qu'une autorité très limitée sur les petits Etats que l'alliance alterna-
tive de Rome ou de Carlhage leur permettait de gouverner.
A l'époque de la seconde guerre punique, les deux plus puissants
chefs numides étaient Massinissa, ami des Romains qui siégeait à Cirta,
et Syphax, allié des Carthaginois, dont la capitale était Siga(Archgoui),
province d'Oran), et qui tenait, nominalement du moins, sous son em-
pire, Ténès et le Dahra. Syphax ayant succombé avec Cartilage, Massi-
nissa recueillit son héritage avec l'agrément des Romains.
Mais, après la troisième guerre punique qui amena la destruction de
Carthage, les armées romaines vinrent s'installer sur le sol africain, et
la province d'Afrique fut constituée, à la suite de la défaite de Jugurtha;
toutefois, la partie occidentale de son royaume qui comprenait le
Dahra et sa capitale fut abandonnée au roi maure Bocchus qui avait
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(CARTENNiE)
Le nom même de Ténès témoigne de la hante antiquité de son origine.
II s'est conservé sans altération, à travers la longue chaîne des siècles,
depuis l'époque de la domination carthaginoise jusqu'à nos jours. Le
mot Cartennœ qui désignait cette cité à l'époque romaine n'est, en effet,
que la transcription du vocable phénicien kartli « ville », précédant le
nom de lieu Tenaî que l'on rencontre encore, sur la côte orientale de
la Tunisie, à quelques lieues au sud de Sfax où les ruines de ïenœ con-
servent pareillement leur ancienne dénomination.
Shaw du reste a recueilli une légende qui consacre le souvenir de
cette lointaine origine. « Au temps de Moïse, raconte-t-elle, les gens de
Ténès étaient des sorciers renommés. Le pharaon d'Egypte en aurait
fait venir quelques-uns parmi les plus habiles pour les opposer à un
thaumaturge israélite qui battait les magiciens des bords du Nil. »
La domination romaine débuta en Afrique (comme la nôtre à Tunis)
par le système du protectorat appliqué aux chefs numides que les his-
toriens de Rome décorent du nom de rois, bien qu'ils n'exerçassent
qu'une autorité très limitée sur les petits Etats que l'alliance alterna-
tive de Rome ou de Carlhage leur permettait de gouverner.
A l'époque de la seconde guerre punique, les deux plus puissants
chefs numides étaient Massinissa, ami des Romains qui siégeait à Cirta,
et Syphax, allié des Carthaginois, dont la capitale était Siga(Archgoui),
province d'Oran), et qui tenait, nominalement du moins, sous son em-
pire, Ténès et le Dahra. Syphax ayant succombé avec Cartilage, Massi-
nissa recueillit son héritage avec l'agrément des Romains.
Mais, après la troisième guerre punique qui amena la destruction de
Carthage, les armées romaines vinrent s'installer sur le sol africain, et
la province d'Afrique fut constituée, à la suite de la défaite de Jugurtha;
toutefois, la partie occidentale de son royaume qui comprenait le
Dahra et sa capitale fut abandonnée au roi maure Bocchus qui avait
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