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Revue de l'Afrique française — Paris, 5(Sixième Année).1887

DOI issue:
Nr. 28 (Août 1887)
DOI article:
Mercier, Ernest: Les Mozabites
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.19134#0310

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254 LES MOZABITES

Sahara, à HO kilomètres au sud de Laghouat. « Il marque, dit
M. le capitaine Coyne (1), la fin de la région des alfas et des dayas
parsemées de térébinthes, et occupe une surface d'environ 8,000 kilo-
mètres carrés. »

L'industrie des Mezabi — telle devrait être l'orthographe du nom
— a transformé cette partie du désert en une contrée relativement
fertile, contenant environ 200,000 palmiers, habitée par une population
de 30,000 âmes et renfermant sept villes principales : Gliardaïa, Beni-
Izguen, Mellika, Bou-Noura, El Atef, Berriane, et Gucrrara.

Les Mozabites sont des musulmans hétérodoxes, n'appartenant à
aucune des quatre sectes ortliodoxes et nommés pour cela khouamés,
c'est-à-dire gens de la cinquième secte. Ce sont, par rapport aux
autres, des hérétiques, et l'appellation de Rharedjites sous laquelle on
les flétrit a retenti avec un éclat sinistre dans l'histoire de l'Arabie et
de l'Afrique septentrionale.

Voici l'origine de cette secte.

On sait que Mahomet, à dessein peut-être, ne régla pas, avant de
mourir, l'ordre de succession des califes. Il en résulta des guerres
civiles renouvelées à chaque élection. On sait aussi qu'il ne laissa pas
d'enfant mâle, mais une seule tille, mariée à Ali. De là la prétention
de celui-ci à sa succession. Ce fut bien malgré lui que les trois premiers
califes, Abou-Bekr, Omar et Othman, montèrent sur le trône.

En 6oG, Ali, ayant fait assassiner Othman, voulut s'emparer du
pouvoir ; mais il dut lutter par les armes contre divers compétiteurs,
et malgré de brillants succès, fut tenu en échec par Moaouïa, gouver-
neur de la Syrie. Sur le point d'engager une bataille décisive, où les
chances étaient en grande partie pour lui, Ali commit la faute d'ac-
cepter une transaction, connue dans l'histoire sous le nom d'arbitrage,
et dont l'issue ne pouvait que lui être défavorable.

C'est à ce moment que 12,000 de ses meilleurs guerriers, qui avaient
eu vain essayé de le détourner du fatal arbitrage, désertèrent sa cause
et se séparèrent de la religion officielle. Ces non-conformistes
(Kharcdjilcs) étaient des puritains austères, fidèles aux premières pré-
dications de Mahomet et taxant tous les nouveaux convertis de purs
infidèles. Le caractère propre de leur doctrine était l'égalité absolue du
croyant : de là l'hostilité des Arabes si attachés à leurs castes. Bientôt
ils proclamèrent que le calife pouvait être choisi dans le corps entier

(1) Revue africaine, mai-juin 1879.
 
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