notre bibliothèque.
peintre ou du sculpteur que pour lire deux volumes comprenant
près de onze cents pages de grand format.
On ne saurait donc en faire un reproche à l'auteur; la faute
en est surtout au sujet. Heureusement il y a pour le lecteur un
moyen de l'atténuer dans une certaine mesure, c'est de lire les
chapitres en laissant entre chacun d'eux un certain intervalle;
on pourra alors trouver dans cette lecture le charme qui lui
appartient, celui d'un style coulant et facile, et une largeur d'es-
prit qui est d'autant plus sensible quand on vient de lire la singu-
lière « esthétique » de M. F. Clément. D'ailleurs il suffit du titre
du livre de M. Dantier pour nous avertir que nous allons être
transportés dans un monde exclusivement chrétien. Nous
n'éprouvons donc aucune surprise, d'autant plus que, malgré
l'ardeur de ses sentiments religieux, M. Dantier fait souvent
preuve d'impartialité et de tolérance. Son zèle n'a rien de
farouche; on trouve partout l'accent d'une piété sincère et
aimable, qui tranche agréablement avec les emportements trop
ordinaires de la littérature militante. Il n'a pas cet esprit sectaire
qui réduit l'art tout entier à la peinture et à la sculpture d'église.
Ce qui le frappe surtout, ce qui l'émeut, ce sont les actes de
charité et de dévouement, c'est l'élan des âmes que transporte
l'amour du prochain, c'est la pratique des vertus qui unissent et
soulagent l'humanité, bien plus que la rigueur des convictions
intolérantes et les exagérations de l'ascétisme monacal. Là est le
vrai caractère de ce livre. Il se manifeste, et par le choix du
sujet, la piété des femmes étant en général de celles qui se signa-
lent plus par le dévouement et l'amour que par la rigidité dog-
matique, et par celui des héroïnes elles-mêmes, qu'il prend
surtout parmi celles qui ont consacré leur vie au bien de leurs
semblables. Ajoutons un trait qui ne trompe pas, c'est que, au
récit des scènes qui mettent en relief quelqu'une de ces vertus
actives, le style de l'écrivain s'émeut d'une chaleur communica-
tive qui ne se retrouve pas dans le reste.
Dans une note spéciale, les éditeurs avertissent qu'ils ont
cherché autant que possible, par le choix des tètes de chapitre,
des lettres prnées et des culs-de-lampe, à donner une idée de la
décoration ornementale telle qu'elle était pratiquée aux époques
où vivaient chacune des héroïnes du livre de M. Dantier. Il faut
d'autant plus savoir gré aux éditeurs de ce soin, que l'on croit
j trop généralement pouvoir se désintéresser de ces détails esseu-
lé y p e s et costumes du bal Chicard, d'après Gavarni.
Gravure tirée de les Rues du vieux Paris; Paris, Didot.
tiels à l'unité d'impression, et que la chose n'est pas facile dans
un ouvrage qui part du l" siècle pour aboutir au xix".
Quant aux autres illustrations, dont quelques-unes sont très-
belles, elles sont empruntées pour les premiers temps à des mo-
saïques, à des statues, à des miniatures, à des estampes ou à des
vitraux anciens. Pour les autres, on a choisi les tableaux ou les
statues les plus remarquables. Les artistes dont on a reproduit
des œuvres dans ces deux volumes sont Cimabué, Masaccio,
Luca Signorelli, Gaudenzio Ferrari, Jules Romain, Holbein,
le Pinturicchio, Rembrandt, Raphaël, Philippe de Champaigne,
Ribeira, le Poussin, le Dominiquin, Murillo, Fra Bartholom-
mco, Giotto, Rubens, le Pérugin, Rigaud, Guillaume, P. Dubois,
et autres. Il y en a plus de deux cents. Cela fait vraiment deux
beaux volumes. Eugène Véron.
cxxix
Les Rues du vieux Paris. Galerie populaire et pittoresque, par
Victor Fournel. Un volume grand in-8 raisin de 604 pages,
illustré de 150 gravures sur bois. — Paris, 1878. Didot.
Il est bien regrettable qu'il ne se soit pas trouvé dans chaque
Tome XVI.
génération un curieux du genre de M. Victor Fournel, qui ait
eu l'idée de décrire les usages et les spectacles de son temps. Le
volume que publie la maison Firmin-Didot sous ce titre très-
général : les Rues du vieux Paris, comprend le récit des princi-
pales solennités nationales à propos d'entrées de rois, de princes
ou d'ambassadeurs, de naissances ou de mariages, d'inaugura-
tions de monuments et de proclamations de paix, avec la descrip-
tion des divertissements les plus usités, et particulièrement des
feux d'artilice. Après viennent les fêtes religieuses, la Noël et
la fête des Rois, le dimanche des Rameaux, la semaine sainte,
les œufs de Pâques, la Fête-Dieu et les processions, la Saint-
Laurent et la Saint-Martin, le vœu de Louis XIII et la prome-
nade de la châsse de sainte Geneviève.
Quelque intéressantes qu'elles soient, ces fêtes solennelles
ont toujours quelque chose d'un peu convenu. Elles font partie
de la vie officielle, et, comme elle, elles sont toujours plus ou
moins compassées et froides. Surtout elles ont le tort d'être tou-
jours et partout à peu près les mêmes. Les fêtes populaires ont
un caractère tout différent, et c'est par là qu'elles sont autrement
attachantes que les solennités officielles. Aussi occupent-elles la
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peintre ou du sculpteur que pour lire deux volumes comprenant
près de onze cents pages de grand format.
On ne saurait donc en faire un reproche à l'auteur; la faute
en est surtout au sujet. Heureusement il y a pour le lecteur un
moyen de l'atténuer dans une certaine mesure, c'est de lire les
chapitres en laissant entre chacun d'eux un certain intervalle;
on pourra alors trouver dans cette lecture le charme qui lui
appartient, celui d'un style coulant et facile, et une largeur d'es-
prit qui est d'autant plus sensible quand on vient de lire la singu-
lière « esthétique » de M. F. Clément. D'ailleurs il suffit du titre
du livre de M. Dantier pour nous avertir que nous allons être
transportés dans un monde exclusivement chrétien. Nous
n'éprouvons donc aucune surprise, d'autant plus que, malgré
l'ardeur de ses sentiments religieux, M. Dantier fait souvent
preuve d'impartialité et de tolérance. Son zèle n'a rien de
farouche; on trouve partout l'accent d'une piété sincère et
aimable, qui tranche agréablement avec les emportements trop
ordinaires de la littérature militante. Il n'a pas cet esprit sectaire
qui réduit l'art tout entier à la peinture et à la sculpture d'église.
Ce qui le frappe surtout, ce qui l'émeut, ce sont les actes de
charité et de dévouement, c'est l'élan des âmes que transporte
l'amour du prochain, c'est la pratique des vertus qui unissent et
soulagent l'humanité, bien plus que la rigueur des convictions
intolérantes et les exagérations de l'ascétisme monacal. Là est le
vrai caractère de ce livre. Il se manifeste, et par le choix du
sujet, la piété des femmes étant en général de celles qui se signa-
lent plus par le dévouement et l'amour que par la rigidité dog-
matique, et par celui des héroïnes elles-mêmes, qu'il prend
surtout parmi celles qui ont consacré leur vie au bien de leurs
semblables. Ajoutons un trait qui ne trompe pas, c'est que, au
récit des scènes qui mettent en relief quelqu'une de ces vertus
actives, le style de l'écrivain s'émeut d'une chaleur communica-
tive qui ne se retrouve pas dans le reste.
Dans une note spéciale, les éditeurs avertissent qu'ils ont
cherché autant que possible, par le choix des tètes de chapitre,
des lettres prnées et des culs-de-lampe, à donner une idée de la
décoration ornementale telle qu'elle était pratiquée aux époques
où vivaient chacune des héroïnes du livre de M. Dantier. Il faut
d'autant plus savoir gré aux éditeurs de ce soin, que l'on croit
j trop généralement pouvoir se désintéresser de ces détails esseu-
lé y p e s et costumes du bal Chicard, d'après Gavarni.
Gravure tirée de les Rues du vieux Paris; Paris, Didot.
tiels à l'unité d'impression, et que la chose n'est pas facile dans
un ouvrage qui part du l" siècle pour aboutir au xix".
Quant aux autres illustrations, dont quelques-unes sont très-
belles, elles sont empruntées pour les premiers temps à des mo-
saïques, à des statues, à des miniatures, à des estampes ou à des
vitraux anciens. Pour les autres, on a choisi les tableaux ou les
statues les plus remarquables. Les artistes dont on a reproduit
des œuvres dans ces deux volumes sont Cimabué, Masaccio,
Luca Signorelli, Gaudenzio Ferrari, Jules Romain, Holbein,
le Pinturicchio, Rembrandt, Raphaël, Philippe de Champaigne,
Ribeira, le Poussin, le Dominiquin, Murillo, Fra Bartholom-
mco, Giotto, Rubens, le Pérugin, Rigaud, Guillaume, P. Dubois,
et autres. Il y en a plus de deux cents. Cela fait vraiment deux
beaux volumes. Eugène Véron.
cxxix
Les Rues du vieux Paris. Galerie populaire et pittoresque, par
Victor Fournel. Un volume grand in-8 raisin de 604 pages,
illustré de 150 gravures sur bois. — Paris, 1878. Didot.
Il est bien regrettable qu'il ne se soit pas trouvé dans chaque
Tome XVI.
génération un curieux du genre de M. Victor Fournel, qui ait
eu l'idée de décrire les usages et les spectacles de son temps. Le
volume que publie la maison Firmin-Didot sous ce titre très-
général : les Rues du vieux Paris, comprend le récit des princi-
pales solennités nationales à propos d'entrées de rois, de princes
ou d'ambassadeurs, de naissances ou de mariages, d'inaugura-
tions de monuments et de proclamations de paix, avec la descrip-
tion des divertissements les plus usités, et particulièrement des
feux d'artilice. Après viennent les fêtes religieuses, la Noël et
la fête des Rois, le dimanche des Rameaux, la semaine sainte,
les œufs de Pâques, la Fête-Dieu et les processions, la Saint-
Laurent et la Saint-Martin, le vœu de Louis XIII et la prome-
nade de la châsse de sainte Geneviève.
Quelque intéressantes qu'elles soient, ces fêtes solennelles
ont toujours quelque chose d'un peu convenu. Elles font partie
de la vie officielle, et, comme elle, elles sont toujours plus ou
moins compassées et froides. Surtout elles ont le tort d'être tou-
jours et partout à peu près les mêmes. Les fêtes populaires ont
un caractère tout différent, et c'est par là qu'elles sont autrement
attachantes que les solennités officielles. Aussi occupent-elles la
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