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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 5.1879 (Teil 1)

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Tardieu, Charles: La peinture a l'Exposition universelle de 1878, [3]: l'école anglaise
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https://doi.org/10.11588/diglit.17799#0109

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96 L'ART.

sensation aussi vive qu'à la première exposition de la Grosvenor Gallery et qui n'en est pas
moins l'un des envois les plus intéressants de l'Angleterre, indice caractéristique et saisissant des
recherches stylistes que poursuit un groupe important de son école actuelle de peinture.

Transposez du français en anglais, et du littéraire au pittoresque la phraséologie lyrique et
philosophique d'Edgar Quinet, et vous aurez, à la condition de tenir compte de quelques nuances,
l'idée mère de ce tableau et le principe même de l'œuvre entier de M. Burne Jones, remarquable
dans tous les cas par l'unité de la conception et la fixité de la tendance. Ouvrir de nouvelles
routes à l'imagination et surtout à la peinture anglaise ; *la contraindre à remonter non pas
seulement aux sources de la poésie nationale, — Merlin, pour être le premier patron de la
France, n'en est pas moins, d'après la légende, un Calédonien, — mais encore aux origines de
l'art moderne ; relier entre eux deux mondes discordants, la poésie anglo-saxonne et l'art de la
Renaissance italienne, tâcher de les harmoniser en évitant de les neutraliser, emprunter à l'une

Tète d'étude tar E. Burne Jones.

la vibration romantique des inspirations locales, à l'autre l'élégance et la pureté des formes ; —
telle est l'idée, tel est le principe de cet art, qu'on pourrait comparer à une pousse de la forêt
de Broceliande qui se serait développée au Louvre, dans la salle des primitifs italiens, transformée
en serre chaude.

Cette idée se manifeste dans la peinture de M. Burne Jones à l'état d'instinct plutôt que de
système. Ce n'en est pas le moindre mérite. Aussi faut-il se bien garder de confondre avec le
parti pris absolu du préraphaélitisme défunt la spontanéité de cet art à la fois composite et
personnel, où la naïveté du sentiment fait refleurir le pastiche, où l'étude attentive et intelligente
des anciens maîtres féconde une inspiration originale.

Si l'on interrogeait le peintre, il répondrait peut-être comme la Viviane de Quinet : « Qui
je suis ! Je l'avais oublié. Pourquoi me le rappeler ? Demande-le, si tu veux, aux roseaux et aux
aigles. Ils le savent peut-être ! Moi, je ne le dirai pas - ».

Nous dirions volontiers qu'il y a en lui de l'aigle et du roseau ; le vol haut et planant, une

1. Voir dans l'Art, j' année, tome II, page 265, et tome III, pages } et 77, les articles de M. Comyns Carr sur cette exposition, et
tome III, page So, l'eau-forte de M. Lalauze d'après ce tableau de M. Burne Jones.

2. Merlin l'Enchanteur, tome Ier, page jj.
 
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