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Saint-Raymond, Edmond: Bonington et les cotes normandes de Saint-Jouin
DOI Seite / Zitierlink:https://doi.org/10.11588/diglit.17799#0220
BONINGTON ET LES COTES NORMANDES DE SAINT-JOUIN. 199
La date de cet ouvrage n'est pas difficile à établir. Il se rapporte à l'excursion faite par
Bonington sur les côtes de Normandie dans l'été de 1821, voyage fort connu qui se trouve placé
entre le moment où il cessa ses études d'atelier et celui où sa réputation commença pour le
public; voyage important pour nous, puisqu'il concourt à prouver par le sujet même de cette
étude son séjour à Saint-Jouin, et qu'il marque d'ailleurs l'époque de ses premiers travaux de
peinture à l'huile.
Le sujet de cette étude est en lui-même peu de chose, il est de ceux qu'un grand talent
peut seul animer et soutenir, et ici la puissance et la grâce de l'interprétation, le profond
sentiment de nature et de vérité dont cette petite toile est empreinte le relèvent et le transforment
jusqu'à lui prêter tout l'intérêt d'une œuvre importante. Un moulin à vent construit en bois et
monté sur un pivot de charpente qui l'isole du sol, étayé par un pan de maçonnerie , semblable
Le Moulin de Saint-Jouin.
Dessin de Léon Gaucherel d'après son aquarelle.
à ceux qu'on rencontre sur les côtes de Flandre et de Hollande, et que Ruysdaèl s'est plu à
représenter, se projette en vigueur sur un ciel tout resplendissant de la lumière du soleil à son
déclin. L'horizon est borné par une lisière d'arbres sombres. Un dernier coup de lumière caresse
les terrains du second plan. Toutes ces parties sont exécutées dans une gamme puissante, mais
modérée, d'une coloration forte mais tranquille, inspirée par un sentiment décidé de parti pris et
de sacrifice. Toutes sont subordonnées à ce ciel qui occupe la plus grande partie de la toile,
qui se déroule et s'enlève comme un bel hymne à la lumière dont les notes se distribuent comme
un ensemble bien lié de sons, et dont la couleur éclate et chante dans une délicieuse symphonie.
Cette opposition savante est entièrement réussie ; on sait qu'elle est un des caractères
distinctifs du talent de Bornington. Une autre de ses qualités, la plus frappante peut-être et la
plus applaudie de tout temps, se retrouve dans le sentiment qui a présidé à l'exécution de ce ciel,
d'une admirable harmonie dans la dégradation des tons et de la lumière.
La date de cet ouvrage n'est pas difficile à établir. Il se rapporte à l'excursion faite par
Bonington sur les côtes de Normandie dans l'été de 1821, voyage fort connu qui se trouve placé
entre le moment où il cessa ses études d'atelier et celui où sa réputation commença pour le
public; voyage important pour nous, puisqu'il concourt à prouver par le sujet même de cette
étude son séjour à Saint-Jouin, et qu'il marque d'ailleurs l'époque de ses premiers travaux de
peinture à l'huile.
Le sujet de cette étude est en lui-même peu de chose, il est de ceux qu'un grand talent
peut seul animer et soutenir, et ici la puissance et la grâce de l'interprétation, le profond
sentiment de nature et de vérité dont cette petite toile est empreinte le relèvent et le transforment
jusqu'à lui prêter tout l'intérêt d'une œuvre importante. Un moulin à vent construit en bois et
monté sur un pivot de charpente qui l'isole du sol, étayé par un pan de maçonnerie , semblable
Le Moulin de Saint-Jouin.
Dessin de Léon Gaucherel d'après son aquarelle.
à ceux qu'on rencontre sur les côtes de Flandre et de Hollande, et que Ruysdaèl s'est plu à
représenter, se projette en vigueur sur un ciel tout resplendissant de la lumière du soleil à son
déclin. L'horizon est borné par une lisière d'arbres sombres. Un dernier coup de lumière caresse
les terrains du second plan. Toutes ces parties sont exécutées dans une gamme puissante, mais
modérée, d'une coloration forte mais tranquille, inspirée par un sentiment décidé de parti pris et
de sacrifice. Toutes sont subordonnées à ce ciel qui occupe la plus grande partie de la toile,
qui se déroule et s'enlève comme un bel hymne à la lumière dont les notes se distribuent comme
un ensemble bien lié de sons, et dont la couleur éclate et chante dans une délicieuse symphonie.
Cette opposition savante est entièrement réussie ; on sait qu'elle est un des caractères
distinctifs du talent de Bornington. Une autre de ses qualités, la plus frappante peut-être et la
plus applaudie de tout temps, se retrouve dans le sentiment qui a présidé à l'exécution de ce ciel,
d'une admirable harmonie dans la dégradation des tons et de la lumière.