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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 5.1879 (Teil 4)

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Berger, Georges: Les dessins de maitres anciens exposés à l'École des beaux-arts, [1]: les écoles étrangères
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https://doi.org/10.11588/diglit.17802#0047

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LES DESSINS DE MAITRES ANCIENS. 37

s'arrêtait devant les deux intéressants vélins lavés d'aquarelle (nos 164 et 165, collections de
M. Gustave Dreyfus et de Mgr le duc d'Aumale) qui représentaient des seigneurs et des dames
en habits de gala ; rien n'était plus délicat et gracieux, mais il ne fallait y voir que des études
de costumes pour quelque cérémonie préparée peut-être par la célèbre confrérie de la Cal\a qui
se recrutait parmi les jeunes seigneurs amis du plaisir luxueux et des fêtes brillantes. Pisano
composait surtout des médaillons de bronze ; il a excellé dans cet art et le dessin prêté par
M. Dreyfus contenait, outre les personnages en costumes, un fin profil d'homme tracé à la pointe
d'argent pour une ébauche de médaille.

En examinant l'ensemble des beaux dessins de l'école vénitienne qui venaient à la suite de
ceux des autres écoles d'Italie, on était amené à reconnaître cette vérité que les maîtres vénitiens
ont été aussi forts que d'autres comme dessinateurs, mais qu'ils étaient peintres avant tout : on
nous comprendra quand nous dirons
que leurs dessins sont déjà des pein-
tures. La netteté et la correction de
leurs traits frappent moins que les
mêmes qualités dans les dessins flo-
rentins, par exemple ; c'est que l'im-
pression de vie et de mouvement
produite par la mise à l'effet intéresse
immédiatement l'esprit et arrête l'œil
dans son appréciation des formes ou
des contours.

Mantegna, dans sa robuste élégance
et dans son dessin savant auquel la
couleur ajoutait le caractère superbe
dont ses œuvres sont empreintes, ne
sut jamais dépouiller totalement le
style grec aux allures duquel il avait
été formé par le Squarcione. Il doit
être considéré comme le fondateur de
l'école vénitienne; à ce titre, nous
regrettons que MM. Ch. Ephrussi et
Gustave Dreyfus ne soient pas parvenus
à réunir des dessins mieux conservés
et plus intéressants de ce maître
puissant. Le n° 167 (Hercule et l'Hydre
de Lerne, collection de M. Malcolm)
avait seul une valeur caractérisée par l'énergie correcte donnée à la figure du dieu vue en
raccourci.

Une feuille de croquis (n° 178, collection de M. Malcolm) exécutés par Gentile Bcllin pendant
son séjour à Constantinople rappelait le dessin des compositions originales de l'Académie des
beaux-arts à Venise. Gentile Bellin intéressa ses concitoyens par le naturalisme et le pittoresque
de ses œuvres, tandis que son frère Jean, agrandissant la manière de ses prédécesseurs tout en
conservant la sécheresse correcte qui explique son admiration pour Albert Durer, prépara la voie
du Giorgione et de son immortel élève le Titien.

MKr le duc d'Aumale avait prêté une merveilleuse composition à la plume (n° 182) dans
laquelle Jean Bellin a représenté une Vierge assise de face entre saint Jean-Baptiste et saint
Jérôme ; le caractère un peu mystique de ce dessin rempli, malgré cela, d'un grand sentiment,
faisait songer aux allures différentes qu'auraient pu contracter à tout jamais le dessin et la
peinture du Titien qui travailla d'abord sous la direction de Jean Bellin, si son génie n'avait tout
d'un coup dépouillé, au contact du Giorgione, la timidité de ses premiers essais.

Portrait d 1 homme.
Dessin à la plume par le Giorgione.
(Exposition de dessins de maîtres anciens.)
Collection du duc d'Aumale.
 
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