Krise composée et gravée par Le Prieur.
PORTES DU BAPTISTÈRE DE FLORENCE
(ÉGLISE SAINT-JEAN)
e tout temps la très noble et très antique église Saint-Jean
a été pour les Florentins l'objet d'un culte spécial. Ils
la tiennent pour une des plus belles d'Italie et peut-être
du monde entier, et estiment, par suite, qu'elle est un
titre de gloire pour leur cité. Le Dante lui-même, qui
ne la désigne jamais que par ces mots : « Mon beau
Saint-Jean », a partagé cet engouement. Étant donnée
une population qui a le sentiment et la passion des arts
comme celle de Florence, on ne s'étonnera pas qu'elle
n'ait rien épargné pour ajouter sans cesse de nouveaux
ornements à son monument de prédilection.
Dès l'origine, le soin et l'entretien de l'église avaient
été confiés aux Consuls de l'art des marchands de Cali-
mala. Les merveilles entassées par eux, tant à l'intérieur
qu'à l'extérieur de l'édifice, témoignent hautement de
.■_„,„. leur zèle à s'acquitter de cette mission. On en trouve éga-
Lcttre de G. Mitelli. * °
lement la preuve dans leurs délibérations publiées par
l'éminent chevalier G. Milanesi. On voit par ces curieux documents que les marchands de cette
époque comprenaient mieux que ceux de nos jours qu'une cité s'honore et s'enrichit autant par
de beaux monuments que par les fondations de simple utilité pratique, et pensaient avec Leopardi
que <( l'agréable est la plus utile des choses utiles ».
Donc le 28 avril iy02, les magistrats précités ayant jugé que les statues de marbre (datant
de 1460) qui décoraient les merveilleuses portes de Saint-Jean étaient grossières, mal venues,
menaçaient ruine et ne pouvaient plus longtemps déshonorer leur basilique, décidèrent qu'Andréa
Contucci dal xMonte Sansovino, élève d'Antonio del Pollaiuolo, serait chargé de faire deux
nouvelles statues de marbre représentant saint Jean baptisant le Christ, lesdites statues devant
être placées au-dessus de la porte qui fait face aux anciens bâtiments de la Miséricorde.
Ici, je voudrais pouvoir demander à ces honorables consuls des marchands, si les vieilles
Tome XIX. 37
PORTES DU BAPTISTÈRE DE FLORENCE
(ÉGLISE SAINT-JEAN)
e tout temps la très noble et très antique église Saint-Jean
a été pour les Florentins l'objet d'un culte spécial. Ils
la tiennent pour une des plus belles d'Italie et peut-être
du monde entier, et estiment, par suite, qu'elle est un
titre de gloire pour leur cité. Le Dante lui-même, qui
ne la désigne jamais que par ces mots : « Mon beau
Saint-Jean », a partagé cet engouement. Étant donnée
une population qui a le sentiment et la passion des arts
comme celle de Florence, on ne s'étonnera pas qu'elle
n'ait rien épargné pour ajouter sans cesse de nouveaux
ornements à son monument de prédilection.
Dès l'origine, le soin et l'entretien de l'église avaient
été confiés aux Consuls de l'art des marchands de Cali-
mala. Les merveilles entassées par eux, tant à l'intérieur
qu'à l'extérieur de l'édifice, témoignent hautement de
.■_„,„. leur zèle à s'acquitter de cette mission. On en trouve éga-
Lcttre de G. Mitelli. * °
lement la preuve dans leurs délibérations publiées par
l'éminent chevalier G. Milanesi. On voit par ces curieux documents que les marchands de cette
époque comprenaient mieux que ceux de nos jours qu'une cité s'honore et s'enrichit autant par
de beaux monuments que par les fondations de simple utilité pratique, et pensaient avec Leopardi
que <( l'agréable est la plus utile des choses utiles ».
Donc le 28 avril iy02, les magistrats précités ayant jugé que les statues de marbre (datant
de 1460) qui décoraient les merveilleuses portes de Saint-Jean étaient grossières, mal venues,
menaçaient ruine et ne pouvaient plus longtemps déshonorer leur basilique, décidèrent qu'Andréa
Contucci dal xMonte Sansovino, élève d'Antonio del Pollaiuolo, serait chargé de faire deux
nouvelles statues de marbre représentant saint Jean baptisant le Christ, lesdites statues devant
être placées au-dessus de la porte qui fait face aux anciens bâtiments de la Miséricorde.
Ici, je voudrais pouvoir demander à ces honorables consuls des marchands, si les vieilles
Tome XIX. 37