Voltaire, dans le premier chapitre du Siècle de Louis XIV, dit que toutes les histoires sont
presque égales pour qui ne veut mettre que des faits dans sa mémoire. « Mais quiconque pense,
ajoutc-t-il, et ce qui est encore plus rare, quiconque a du goût, ne compte que quatre siècles
dans l'histoire du monde. Ces quatre âges heureux sont ceux où les arts ont été perfectionnés et
qui, servant d'époque à la grandeur de l'esprit humain, sont l'exemple de la postérité. » Voltaire
est trop sévère et trop préoccupé d'un unique point de vue ; il y a eu, et il y avait eu, au temps
où il écrivait, plus de quatre siècles dans lesquels le génie humain a pris un essor remarquable ;
les destinées de l'humanité sont dignes d'intérêt dans toute la série de leurs vicissitudes à
travers les âges, au milieu de leurs tristesses comme de leurs grandeurs ; elles sont toujours un
exemple et une leçon, parce que le passé éclaire l'avenir, et l'historien peut dire comme le poète :
Homo sum ; humani nihil a me alienum puto.
Mais l'artiste n'est pas comme l'historien. 11 a le culte du beau; s'il étudie le passé, c'est
surtout pour y chercher comment aux diverses étapes de la civilisation les sociétés l'ont compris
i. Voir l'Art, }' année, tome Ier, pages ijo et 169, et tome II, page ~oi.
Tome XIX. »a
presque égales pour qui ne veut mettre que des faits dans sa mémoire. « Mais quiconque pense,
ajoutc-t-il, et ce qui est encore plus rare, quiconque a du goût, ne compte que quatre siècles
dans l'histoire du monde. Ces quatre âges heureux sont ceux où les arts ont été perfectionnés et
qui, servant d'époque à la grandeur de l'esprit humain, sont l'exemple de la postérité. » Voltaire
est trop sévère et trop préoccupé d'un unique point de vue ; il y a eu, et il y avait eu, au temps
où il écrivait, plus de quatre siècles dans lesquels le génie humain a pris un essor remarquable ;
les destinées de l'humanité sont dignes d'intérêt dans toute la série de leurs vicissitudes à
travers les âges, au milieu de leurs tristesses comme de leurs grandeurs ; elles sont toujours un
exemple et une leçon, parce que le passé éclaire l'avenir, et l'historien peut dire comme le poète :
Homo sum ; humani nihil a me alienum puto.
Mais l'artiste n'est pas comme l'historien. 11 a le culte du beau; s'il étudie le passé, c'est
surtout pour y chercher comment aux diverses étapes de la civilisation les sociétés l'ont compris
i. Voir l'Art, }' année, tome Ier, pages ijo et 169, et tome II, page ~oi.
Tome XIX. »a