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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 5.1879 (Teil 4)

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Courajod, Louis: La statue de Francesco Sforza modelée par Léonard de Vinci et le dessin de Munich, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.17802#0109

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LA

STATUE DE FRANCESCO SFORZA

MODELÉE par léonard de vinci

ET LE DESSIN DE MUNICH

Quand l'opinion publique a fait
son « siège » à propos d'un point
capital de l'histoire de l'art,
c'est véritablement entreprendre
une tâche ingrate que de vouloir
lui apporter de nouveaux élé-
ments d'information. Aussi inexo-
rable que le bon abbé de Vertot,
elle oppose longtemps une fin
Utoutti dé HtmaM» Snu>. dc non-recevoir au chercheur
l.hu, Famigiu crlcbri ; désireux d'agiter encore le pro-

Sforzj, pl. des méd. de Francis. n° blême que, résignée ou satisfaite.

elle proclame insoluble ou à
tout jamais résolu. J'en ai fait récemment et une fois de
plus l'expérience, lorsque j'ai essayé de trancher, contraire-
ment à la routine, et à l'aide d'un document trouvé en
Allemagne, le procès toujours pendant de la statue de Fran-
cesco Sforza, modelée par Léonard de Vinci. J'aurais cepen-
dant mauvaise grâce à me plaindre de ma mésaventure. Car
je suis le premier à comprendre que la résistance de l'opinion
publique aux hardiesses de la recherche a son utilité. L'opinion
publique, dans sa lenteur à s'émouvoir, est chargée d'un rôle
social. Gardienne des vérités relatives précédemment conquises
par la science, elle a le devoir de les défendre contre des inno-
vations qui pourraient être dangereuses et qui souvent ne par-
viennent pas à se justifier. C'est donc, je le reconnais, à l'inven-
teur de toute doctrine nouvelle, dût-il revenir plus d'une fois à
la charge, à faire des preuves tellement évidentes que tout le
monde soit désarmé. Pendant deux ans, j'ai garde le silence,
prêtant l'oreille à toutes les observations. Aujourd'hui, après
mure réflexion, je demande la permission de traiter la question
une fois encore et d'expliquer pourquoi je persiste dans mes
premières conclusions, formulées, en novembre 1877, dans la
Gajette des Beaux-Arts* sous ce titre: « Un document inédit
sur la statue de Francesco Sforza, modelée par Léonard de
Vinci. »

Je soutenais dans cet article qu'un dessin, conserve au
cabinet des estampes de Munich et reproduit ci-contre, nous
transmettait une image du fameux colosse de Milan tel que le
sculpteur l'avait composé et tel qu'il se trouvait à la veille de
son exécution. J'estimais que ce dessin, inspiré par la vue du
modèle définitif prêt à être coulé en bronze, avait pu être fait
par quelque artiste italien de l'académie de Léonard, en tout
cas par un contemporain qui avait admiré l'oeuvre. Plusieurs
objections ont été présentées; comme elles ne concordent pas
entre elles, je les exposerai successivement.

La première a consisté à dire que le dessin que j'attribuais
à un compatriote de Léonard de Vinci, ou à quelque élève de
son école, était, tout au contraire, un dessin allemand. La forme
qu'a reçue cette opinion dans The Academy, numéro du 24 no-
vembre 1S77, n'a rien qui puisse nuire à ma thèse et je remercie

l'auteur anonyme de l'article pour la bienveillance de ses
appréciations. J'avoue que, pour ma part, je n'avais pas songé
que ce dessin pût être allemand, et encore aujourd'hui, je ne me
suis pas porté à le croire. Mais, fût-il allemand, mes conclusions
n'en seraient pas affaiblies.

Dans une autre opinion qui ne s'est pas produite au grand
jour, mais qui, en considération de son origine, n'a pas moins
d'importance, on prétend que ce dessin ne date que du xvn° siècle.
C'est une forme nouvelle de la théorie déjà connue*, d'après
laquelle le « secentista » Pugct a seul pu mettre un cheval dans
une position aussi contraire aux pures traditions classiques. Le
dessin, de lui-même, répondra suffisamment, je l'espère, à
cette objection sans fondement. Personne n'a contesté que
la tète du cavalier de Munich ne fût un portrait de Fran-
cesco Sforza. Pour quelle cause, au xvir siècle, aurait-on rétros-
pectivement songé à ériger ou même à dessiner une statue de
ce souverain ? Comment aurait-on pu reproduire avec cette
fidélité, je ne dirai pas seulement la ressemblance physique du
duc de Milan, mais l'armure si compliquée qu'il porte, armure
dans laquelle un érudit spécialiste ne relèverait pas une erreur
de construction? Enseignait-on l'archéologie du xv° siècle dans
les académies du xvn° ? Une statue du xvii° siècle en costume
exact et irréprochable du xv°, cela fait rire ! Veut-on dire seule»
ment que le dessin, au lieu d'être original et direct, est une
copie exécutée au xvnc siècle d'après un dessin antérieur, en un
mot une interprétation de seconde main? Alors, bien que je
sois d'un avis tout opposé, je ferai remarquer que cet argument,
fût—il justifié, n'enlèverait rien à la valeur de ma démonstration
historique, à savoir que le modèle de Léonard avait une allure
animée et que sa pensée nous a été transmise par un document
quelconque, abstraction faite des conditions dans lesquelles ce
document nous parvient. En vérité, cette objection n'a rien de
sérieux et je ne lui aurais pas fait l'honneur de la discuter, si
elle n'émanait pas d'une autorité considérable dans la matière
et si elle n'avait pas été recueillie par quelques érudits de seconde
main disposés à la propager. A l'apparition de mon article, le
scandale produit dans le Landerneau de certains pontifes de l'art
et de leurs caudataires fut si grand qu'une rétractation me fut amia-
blement demandée et que je n'évitai une correction de main de
maître qu'en promettant d'étudier de nouveau la question, prêt
à m'exécuter moi-même si je me reconnaissais coupable.

Arrivons aux savants étrangers et à l'examen de leurs
critiques. Parlant (dans VArchivio storico lombardo, numéro de
décembre 1877, page 1017) du monument de Léonard pour
François Sforza, M. Mongeri a dit :

Finora nulla di positivo c apparso a confortarci sul sicuro suo aspetto.
Il Courajod ha creduto di avcrlo scoperto nel passato settembre in un disegno a
penna c;nservato nel gabinetto délie stampe a Monaco di Uaviera. Il carattere
di esso è talc, in fatti, da trarre in inganno cbi guarda il cencetto délia compo-
sizionc. E una figura verameute monumentale, a cavallo. avente un nemico
caduto sotto le sue gambe anteriori sollcvatc in alto, nelI* alto d'impennarsi sulle
posteriori. Il guerriero c per intero chiuso MIT armatura del tempo, e la testa,
corne si ravvisa dal fac-similé unito, veduta di prolilo e sen/a berretto, porta, a
non ingannarsi, i linéament) di I.odovico il moro (lise/ Francesco Sforza).

E giusto dire chc il Courajod non voile aflinnarlo qualc un disegno del

1. Deuxième période, tome XVI, p. 423 a 426.

j. Voyez le Saggio délie opère Ji Lconardo da Vinci, Milan, 1S72, in-folio, p. Jf, et Camillo Boito, Léonard» c Michel Angelo , studio d'arte
Milan, 1879, in-b>, p. Ç.S.
 
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