CHRONIQUE FRANÇAISE ET ÉTRANGÈRE. 47
inégale. En France, à la fin du xvi° siècle, l'architecture a pro-
duit la plupart de ses chefs-d'œuvre; la sculpture a déjà trouve
une manifestation originale : ni grecque, ni italienne, elle crée,
par le ciseau des Jean Goujon et des Germain Pillon, un art
moins profond, moins savant que celui des Praxitèle ou des
Donatello, mais plus gracieux, plus fin, plus spirituel. La pein-
ture, qui à ce moment balbutiait à peine ses premiers mots,
allait subir l'influence de sa sœur aînée, lorsque ce mouvement
s'arrête tout à coup : la délicate fleur de la Renaissance française-
est écrasée par le lourd pavé de la décadence bolonaise.
« L école française ne se relèvera de ce coup funeste qu'au
\viiie siècle par un art un peu futile peut-être, mais original et
vivace, qui aura le mérite d'être le point de départ de l'école
moderne. Jusque-là. nos plus grands artistes seront ceux qui
auront échappé à ce courant malsain : Lesueur pour être reste
Français, Champaigne, Largillière et Desportes pour avoir con-
sulté les Flamands. Poussin pour avoir pris comme modèles les
grands maîtres d'Athènes et de Rome. »
Je n'irai pas jusqu'à dire que dans cette page il serait im-
possible de trouver matière à contestation, mais la pensée
générale s'inspire d'un véritable sentiment de l'art, et c'est ce
sentiment qui domine dans tout le livre de M. .Marcel Reymond.
Nous ne saurions trop en féliciter l'auteur.
Eugène Vkron.
CHRONIQUE FRANÇAISE ET ÉTRANGÈRE
France. — Exposition de Nice. — La Société des beaux-
arts de Nice organise sa quatrième exposition. Cette exposition
s'ouvrira le 15 janvier prochain. Cette date, quoique éloignée,
ne doit pas être perdue de vue par nos artistes français, et ils
doivent dès aujourd'hui envoyer leur adhésion au secrétariat
de la Société, à Nice. Leurs intérêts sont doublement engagés
dans cette exposition : leurs intérêts d'argent, parce que le
séjour de riches étrangers à Nice provoque des achats impor-
tants, et leurs intérêts patriotiques, parce qu'une exposition,
exclusivement composée d'envois d'artistes italiens, s'organise
aussi dans un but qu'il n'est pas difficile de pénétrer.
Pour rendre cette exposition plus complète, le comité
adjoint aux galeries de peinture, sculpture, gravure, dessin et
lithographie, une salle spéciale affectée aux faïences artistiques,
aux émaux, aux terres cuites, aux verreries. La Société prend à
sa charge les frais, aller et retour, de Paris à Nice, des envois
faits par les artistes invités par elle nominativement. Chaque
artiste ne peut exposer plus de trois objets dans chaque caté-
gorie. La Société prélève dix pour cent sur toutes les ventes.
L'exposition se fait dans d'excellentes conditions de place et de
lumière au palais des beaux-arts.
— Un Comité s'est constitué à Lyon pour faire élever une
statue à Jacquart.
— I n concours est ouvert à Paris entre tous les peintres
français pour la décoration des édifices municipaux suivants :
Mairie du 2" arrondissement, salle des mariages : trois
tableaux ; prix alloué : 18,000 francs; mairie du 12», grand esca-
lier : plafond, 9,200 francs; mairie du 15', grand escalier:
1 carton, 3,000 francs; mairie du 19e, salle des mariages : 6 ta-
bleaux, 1 plafond, 5 dessus de portes, 57,000 francs; école de la
rue Dombasle, salle de dessin : frise peinte : 10,000 francs; école
de la rue Château-Landon : préau couvert, 15,000 francs.
Voici les conditions du concours :
Les concurrents produiront des esquisses au i/jp d'exécu-
tion. Files devront être déposées au pavillon de Flore, aux Tui-
leries, le 24 janvier 1880, avant quatre heures du soir.
Le jugement sera rendu le cinquième jour de l'exposition
publique, qui durera huit jours et commencera le 18 janvier 1880
pour finir le 4 février.
Le jury chargé du classement de ces divers projets sera com-
posé du prélet delà Seine, président, et de huit membres, savoir:
trois, nommés par le conseil municipal, deux, délégués par l'ad-
ministration, trois, nommés par les concurrents eux-mêmes.
Le préfet désignera le vice-président et le secrétaire, lequel pourra
être pris en dehors du jury, mais avec voix consultative seule-
ment.
Trois esquisses pourront, pour chaque concours, être choi-
sies parmi les œuvres des concurrents. Les auteurs de ces trois
esquisses seront chargés d'exécuter le carton d'une figure com-
prise dans les projets présentés par eux, grandeur d'exécution.
L'artiste qui, sur ce carton, aura réuni les suffrages du jury,
sera chargé de l'exécution définitive; les deux autres, suivant le
mérite de leurs œuvres, recevront deux primes : pour la mairie
du 2e arrondissement, 1,000 et 800 francs; pour la mairie du 12'',
500 et 300 francs; pour la mairie du 13°, 300 francs; pour la
mairie du 19e, 2,000 et 1,800francs; pour l'école de la rue Dom-
basle, 500 et 400 francs; pour l'école de là rue Chàteau-Landon,
500 et 400 francs.
11 sera donné à chaque concurrent un délai d'un mois pour
faire son carton. Le jugement définitif aura lieu le 10 mars 1880.
Grande-Bretagne. — M. Bochtn a terminé la statue de Sir
W illiam Gregory, ancien gouverneur de l'île de Ceylan. Le bronze
ne tardera pas à être inauguré à Ceylan.
— M. W. G. Anson se propose d'établir à Londres une
Dramatic Fine Art Gallery uniquement consacrée à des œuvres
d'art dues au talent d'acteurs et d'actrices anglais. Les multiples
lauriers de Mllr Sarah Bernhardt doivent avoir donné naissance
à ce projet que l'on dit en bonne voie de réalisation.
— Depuis l'an dernier fonctionne à Londres une nouvelle
institution artistique : The National School of Art Wood-Car-
ving1 dont la direction a été confiée à un sculpteur sur bois de
Florence, M. Bulletti. Cette nouvelle tentative n'a pas été cou-
ronnée de moins de succès que toutes celles que l'Angleterre a
faites avec une si intelligente persévérance depuis 1851. Aussi
les Royal Commisstoners for tlie Exhibition of ;<S'5/, voulant
donner un témoignage éclatant d'encouragement à une entreprise
d'une si haute utilité nationale, viennent-ils de lui permettre de
s'installer à titre permanent dans une des vastes dépendances de
l'immense Royal Albert Hall.
— M. Walter Ouless, A. R. A., un des portraitistes les plus
distingués, termine en ce moment le portrait de Lord Nortli-
brook, l'ancien vice-roi des Indes.
— M. Whistler vient de partir pour Venise afin d'exécuter
une série de gravures à l'eau-forte, projetée depuis longtemps,
et dont l'Union artistique de Londres est l'acquéreur.
Parmi les différentes gravures publiées récemment parDun-
thorne, il s'en trouve une assez remarquable de John Park, prise
d'un tableau de Constablc au South Kcnsington Muséum. C'est
une œuvre d'une dimension importante et qui témoigne des
progrès de l'artiste; l'Art a déjà publié quelques-unes de ses
gravures.
Au congrès des sciences sociales qui vient de se tenir la
1. I.'école nationale de sculpture sur bois.
inégale. En France, à la fin du xvi° siècle, l'architecture a pro-
duit la plupart de ses chefs-d'œuvre; la sculpture a déjà trouve
une manifestation originale : ni grecque, ni italienne, elle crée,
par le ciseau des Jean Goujon et des Germain Pillon, un art
moins profond, moins savant que celui des Praxitèle ou des
Donatello, mais plus gracieux, plus fin, plus spirituel. La pein-
ture, qui à ce moment balbutiait à peine ses premiers mots,
allait subir l'influence de sa sœur aînée, lorsque ce mouvement
s'arrête tout à coup : la délicate fleur de la Renaissance française-
est écrasée par le lourd pavé de la décadence bolonaise.
« L école française ne se relèvera de ce coup funeste qu'au
\viiie siècle par un art un peu futile peut-être, mais original et
vivace, qui aura le mérite d'être le point de départ de l'école
moderne. Jusque-là. nos plus grands artistes seront ceux qui
auront échappé à ce courant malsain : Lesueur pour être reste
Français, Champaigne, Largillière et Desportes pour avoir con-
sulté les Flamands. Poussin pour avoir pris comme modèles les
grands maîtres d'Athènes et de Rome. »
Je n'irai pas jusqu'à dire que dans cette page il serait im-
possible de trouver matière à contestation, mais la pensée
générale s'inspire d'un véritable sentiment de l'art, et c'est ce
sentiment qui domine dans tout le livre de M. .Marcel Reymond.
Nous ne saurions trop en féliciter l'auteur.
Eugène Vkron.
CHRONIQUE FRANÇAISE ET ÉTRANGÈRE
France. — Exposition de Nice. — La Société des beaux-
arts de Nice organise sa quatrième exposition. Cette exposition
s'ouvrira le 15 janvier prochain. Cette date, quoique éloignée,
ne doit pas être perdue de vue par nos artistes français, et ils
doivent dès aujourd'hui envoyer leur adhésion au secrétariat
de la Société, à Nice. Leurs intérêts sont doublement engagés
dans cette exposition : leurs intérêts d'argent, parce que le
séjour de riches étrangers à Nice provoque des achats impor-
tants, et leurs intérêts patriotiques, parce qu'une exposition,
exclusivement composée d'envois d'artistes italiens, s'organise
aussi dans un but qu'il n'est pas difficile de pénétrer.
Pour rendre cette exposition plus complète, le comité
adjoint aux galeries de peinture, sculpture, gravure, dessin et
lithographie, une salle spéciale affectée aux faïences artistiques,
aux émaux, aux terres cuites, aux verreries. La Société prend à
sa charge les frais, aller et retour, de Paris à Nice, des envois
faits par les artistes invités par elle nominativement. Chaque
artiste ne peut exposer plus de trois objets dans chaque caté-
gorie. La Société prélève dix pour cent sur toutes les ventes.
L'exposition se fait dans d'excellentes conditions de place et de
lumière au palais des beaux-arts.
— Un Comité s'est constitué à Lyon pour faire élever une
statue à Jacquart.
— I n concours est ouvert à Paris entre tous les peintres
français pour la décoration des édifices municipaux suivants :
Mairie du 2" arrondissement, salle des mariages : trois
tableaux ; prix alloué : 18,000 francs; mairie du 12», grand esca-
lier : plafond, 9,200 francs; mairie du 15', grand escalier:
1 carton, 3,000 francs; mairie du 19e, salle des mariages : 6 ta-
bleaux, 1 plafond, 5 dessus de portes, 57,000 francs; école de la
rue Dombasle, salle de dessin : frise peinte : 10,000 francs; école
de la rue Château-Landon : préau couvert, 15,000 francs.
Voici les conditions du concours :
Les concurrents produiront des esquisses au i/jp d'exécu-
tion. Files devront être déposées au pavillon de Flore, aux Tui-
leries, le 24 janvier 1880, avant quatre heures du soir.
Le jugement sera rendu le cinquième jour de l'exposition
publique, qui durera huit jours et commencera le 18 janvier 1880
pour finir le 4 février.
Le jury chargé du classement de ces divers projets sera com-
posé du prélet delà Seine, président, et de huit membres, savoir:
trois, nommés par le conseil municipal, deux, délégués par l'ad-
ministration, trois, nommés par les concurrents eux-mêmes.
Le préfet désignera le vice-président et le secrétaire, lequel pourra
être pris en dehors du jury, mais avec voix consultative seule-
ment.
Trois esquisses pourront, pour chaque concours, être choi-
sies parmi les œuvres des concurrents. Les auteurs de ces trois
esquisses seront chargés d'exécuter le carton d'une figure com-
prise dans les projets présentés par eux, grandeur d'exécution.
L'artiste qui, sur ce carton, aura réuni les suffrages du jury,
sera chargé de l'exécution définitive; les deux autres, suivant le
mérite de leurs œuvres, recevront deux primes : pour la mairie
du 2e arrondissement, 1,000 et 800 francs; pour la mairie du 12'',
500 et 300 francs; pour la mairie du 13°, 300 francs; pour la
mairie du 19e, 2,000 et 1,800francs; pour l'école de la rue Dom-
basle, 500 et 400 francs; pour l'école de là rue Chàteau-Landon,
500 et 400 francs.
11 sera donné à chaque concurrent un délai d'un mois pour
faire son carton. Le jugement définitif aura lieu le 10 mars 1880.
Grande-Bretagne. — M. Bochtn a terminé la statue de Sir
W illiam Gregory, ancien gouverneur de l'île de Ceylan. Le bronze
ne tardera pas à être inauguré à Ceylan.
— M. W. G. Anson se propose d'établir à Londres une
Dramatic Fine Art Gallery uniquement consacrée à des œuvres
d'art dues au talent d'acteurs et d'actrices anglais. Les multiples
lauriers de Mllr Sarah Bernhardt doivent avoir donné naissance
à ce projet que l'on dit en bonne voie de réalisation.
— Depuis l'an dernier fonctionne à Londres une nouvelle
institution artistique : The National School of Art Wood-Car-
ving1 dont la direction a été confiée à un sculpteur sur bois de
Florence, M. Bulletti. Cette nouvelle tentative n'a pas été cou-
ronnée de moins de succès que toutes celles que l'Angleterre a
faites avec une si intelligente persévérance depuis 1851. Aussi
les Royal Commisstoners for tlie Exhibition of ;<S'5/, voulant
donner un témoignage éclatant d'encouragement à une entreprise
d'une si haute utilité nationale, viennent-ils de lui permettre de
s'installer à titre permanent dans une des vastes dépendances de
l'immense Royal Albert Hall.
— M. Walter Ouless, A. R. A., un des portraitistes les plus
distingués, termine en ce moment le portrait de Lord Nortli-
brook, l'ancien vice-roi des Indes.
— M. Whistler vient de partir pour Venise afin d'exécuter
une série de gravures à l'eau-forte, projetée depuis longtemps,
et dont l'Union artistique de Londres est l'acquéreur.
Parmi les différentes gravures publiées récemment parDun-
thorne, il s'en trouve une assez remarquable de John Park, prise
d'un tableau de Constablc au South Kcnsington Muséum. C'est
une œuvre d'une dimension importante et qui témoigne des
progrès de l'artiste; l'Art a déjà publié quelques-unes de ses
gravures.
Au congrès des sciences sociales qui vient de se tenir la
1. I.'école nationale de sculpture sur bois.