LA STATUE DE FRANCESCO SFORZA
MODELÉE FAR LEONARD DE VINCI
ET LE DESSIN DE MUNICH
POST-SCRIPTUM
Pendant que cet article attendait sur le marbre, dans l'im- | post-scriptum, et pour lesquelles on re'clamc l'indulgence du
primeric de l'Art, que les gravures destinées à son illustration ! lecteur; car il n'a pas été possible d'en donner de plus satisfai-
fussent prêtes, l'auteur a profité, pour continuer son enquête, i santés en conservant la fidélité photographique. D'ailleurs, on
des occasions fournies par un voyage en Allemagne. Avant j sait de reste que l'imitation des dessins anatomiques de Léonard
d'aller revoir le dessin de Munich, il a. chemin faisant, instruit | était de mode à Milan à la fin du xv° et au début du xvi° siè-
I'aflaire Pollajuolo et cherché à établir dans son esprit, sur pièces j cle. Inutile d'en citer d'autre preuve que l'existence, dans le
justificatives, la caractéristique des dessins de cet artiste. Les es- dôme de cette ville, du fameux et insipide saint Barthélémy de
tampes des Gladiateurs (Passavant, le Peintre-Graveur, tome V, Marco Agrate.
p. 5o, n° 2), gravés et signés par le maître; Hercule combattant > En résumé, la vue de dessins authentiques de Pollajuolo ou
les Géants (Passavant, ibid., tome Y, p. 50, n° du moins identiques, dans leur composition, à
revues, l'une à Berlin, l'autre à Dresde, ne peu- celui qu'une inscription contemporaine désigne
vent suffire à trancher la question. Car, si l'ana- "'y^T"^' comme une œuvre de cet artiste. leur confron-
logic de ces gravures avec le dessin de Munich ffoffijHp^'' tation avec les estampes émanant directement
n'est pas évidente, la contradiction entre les '^i-^'f-;'' t'C 'U' ont 1T>odilié nies opinions. Je crains
divers documents comparés ne peut pas cire ^J||^t^&" •' d'avoir l'ait trop de concessions en adoptant,
absolue, étant donnée la différence des procédés y f^î^^ sans discussion, le sentiment de M. Morelli.
auxquels ils sont dus respectivement. C'est W -.ji/gf Js S Rien ne prouve que le dessin de Munich ait
donc aux dessins de Pollajuolo .qu'il faut direc- ,. ''/"ij-fÛÛi été possédé par Vasari. Ce dessin n'a plus sa
tement s'adresser. fr^^m bordure, et cette bordure serait nécessaire pour
Le cabinet des estampes de Berlin en pos- ,j•'*1gp?|^*' établir son illustre provenance d'une manière
sede deux excellents spécimens qui semblent \ •'' ZŒfc certaine. Rien ne prouve, non plus, qu'il ait été
être des études d'hommes nus pour le tableau \jŒr^$œ&ri exécuté par Pbilajuolo. Sa couleur douce, blonde
delà National Gallerv, ou pour les archers des vj^t1* lU-Tt.";. et légèrement blafarde, qui échappe malheureu-
estampes du Combat des Géants et des Glaiia- "Çf, "Jfi. sèment à la photographie et à la gravure, couleur
leurs. Ces dessins, conformes à la manière du '1 \ que relève encore le fond noirci sur lequel
peintre du Saint Sébastien de Londres, se ' \ ffe ^ el'e se détache, ne rappelle absolument en rien
rapprochent du dessin de Paris. Us n'ont aucun \ les tons jaunes, acres, crus et durement floren-
point de ressemblance nécessaire avec la pièce sjW ~4%& tins des dessins lavés de Pollajuolo. Le trait de
de Munich. En examinant à nouveau les pot- plume n'est pas non plus le même,
tefeuilles de l'école italienne, j'ai trouvé, à :*\ S Faut-il admettre que l'artiste a. sous des
Munich, un autre dessin empreint au suprême || •|ijlr--' influences momentanées, dérogé à ses habitudes .-
degré du style de Pollajuolo. C'est une vieille | .'jif- C'est à mes contradicteurs qu'il incombera de
copie ou plutôt un calque de la composition -.M faire cette preuve, lin attendant, rien n'est plus
connue sous le nom de « Mort de Galtame- Ï^'Jt& naturel que d'expliquer, par la célébrité du
lala » *, et fort injustement attribuée à Man- ■■^vr^^Mu^-- monument copié, l'existence simultanée de
tegna. Elle caractérise, on ne peut mieux, la , plusieurs dessins de différents artistes d'après le
manière violente et outrée du maître et repro- r^mmadOtétUimiUtMad. ^olosse dc Milan. Maintenant que la voie est
duit incontestablement et avec fidélité un origi- Hnitilu 1 rirrr m-f«f-».) ouverte, je ne doute pas qu'on ne découvre
r.al sorti de la main qui a tracé le dessin du bientôt de nouvelles copies. D'un autre côté, le
Louvre. Quant à ce dernier, dont une inscription atteste Pau- j dessin du Louvre éclaire singulièrement la question. J'ai pris
thenticité, j'ai déjà dit qu'il est une copie ou une imitation Pollajuolo en flagrant délit d'imitation ou simplement de rémi-
des figures académiques de Léonard de Vinci. H suffira, pour I niscencejet. cependant, j'avais, pour croire à l'originalité et à
s'en convaincre, de relire la note consacrée par nous à ce dessin \ la spontanéité de son travail, la garantie si précieuse d'un
(p. 93) et de regarder les reproductions qui accompagnent ce | contemporain de bonne foi qui se croyait lui-même aussi bien
1. Voir l'Art, 5" année, tome IV, pages '11. lié et 1 )(>.
2. Cette composition, invariablement attribuée à M.iutcgna contre toute vraisemblance, «S depuis longtemps célèbre, puisqu'elle a été gravée dès le
xvie siècle par Alart Clacssen, qui travaillait Je. IfM à 1555. La pièce est décrite par Bartsch, tome IX, p. ijo, 11° jo. (Je dois la connaissance de cette gravure à
l'obligeance de M. Duplessis.) La même composition est encore reproduite dans les Dessins des meilleurs peintres cTItalie, d'Allemagne et des I'ays-lias, du cabinel
de M. Pmul de Praun à Nuremberg, gravés par Prestel. i;So. M. Reiset. dans son travail sur la National Gallerv de Londres, dit que le dessin du cabinet de
Praun se'trouve actuellement chez Sir Richard Wallace.
MODELÉE FAR LEONARD DE VINCI
ET LE DESSIN DE MUNICH
POST-SCRIPTUM
Pendant que cet article attendait sur le marbre, dans l'im- | post-scriptum, et pour lesquelles on re'clamc l'indulgence du
primeric de l'Art, que les gravures destinées à son illustration ! lecteur; car il n'a pas été possible d'en donner de plus satisfai-
fussent prêtes, l'auteur a profité, pour continuer son enquête, i santés en conservant la fidélité photographique. D'ailleurs, on
des occasions fournies par un voyage en Allemagne. Avant j sait de reste que l'imitation des dessins anatomiques de Léonard
d'aller revoir le dessin de Munich, il a. chemin faisant, instruit | était de mode à Milan à la fin du xv° et au début du xvi° siè-
I'aflaire Pollajuolo et cherché à établir dans son esprit, sur pièces j cle. Inutile d'en citer d'autre preuve que l'existence, dans le
justificatives, la caractéristique des dessins de cet artiste. Les es- dôme de cette ville, du fameux et insipide saint Barthélémy de
tampes des Gladiateurs (Passavant, le Peintre-Graveur, tome V, Marco Agrate.
p. 5o, n° 2), gravés et signés par le maître; Hercule combattant > En résumé, la vue de dessins authentiques de Pollajuolo ou
les Géants (Passavant, ibid., tome Y, p. 50, n° du moins identiques, dans leur composition, à
revues, l'une à Berlin, l'autre à Dresde, ne peu- celui qu'une inscription contemporaine désigne
vent suffire à trancher la question. Car, si l'ana- "'y^T"^' comme une œuvre de cet artiste. leur confron-
logic de ces gravures avec le dessin de Munich ffoffijHp^'' tation avec les estampes émanant directement
n'est pas évidente, la contradiction entre les '^i-^'f-;'' t'C 'U' ont 1T>odilié nies opinions. Je crains
divers documents comparés ne peut pas cire ^J||^t^&" •' d'avoir l'ait trop de concessions en adoptant,
absolue, étant donnée la différence des procédés y f^î^^ sans discussion, le sentiment de M. Morelli.
auxquels ils sont dus respectivement. C'est W -.ji/gf Js S Rien ne prouve que le dessin de Munich ait
donc aux dessins de Pollajuolo .qu'il faut direc- ,. ''/"ij-fÛÛi été possédé par Vasari. Ce dessin n'a plus sa
tement s'adresser. fr^^m bordure, et cette bordure serait nécessaire pour
Le cabinet des estampes de Berlin en pos- ,j•'*1gp?|^*' établir son illustre provenance d'une manière
sede deux excellents spécimens qui semblent \ •'' ZŒfc certaine. Rien ne prouve, non plus, qu'il ait été
être des études d'hommes nus pour le tableau \jŒr^$œ&ri exécuté par Pbilajuolo. Sa couleur douce, blonde
delà National Gallerv, ou pour les archers des vj^t1* lU-Tt.";. et légèrement blafarde, qui échappe malheureu-
estampes du Combat des Géants et des Glaiia- "Çf, "Jfi. sèment à la photographie et à la gravure, couleur
leurs. Ces dessins, conformes à la manière du '1 \ que relève encore le fond noirci sur lequel
peintre du Saint Sébastien de Londres, se ' \ ffe ^ el'e se détache, ne rappelle absolument en rien
rapprochent du dessin de Paris. Us n'ont aucun \ les tons jaunes, acres, crus et durement floren-
point de ressemblance nécessaire avec la pièce sjW ~4%& tins des dessins lavés de Pollajuolo. Le trait de
de Munich. En examinant à nouveau les pot- plume n'est pas non plus le même,
tefeuilles de l'école italienne, j'ai trouvé, à :*\ S Faut-il admettre que l'artiste a. sous des
Munich, un autre dessin empreint au suprême || •|ijlr--' influences momentanées, dérogé à ses habitudes .-
degré du style de Pollajuolo. C'est une vieille | .'jif- C'est à mes contradicteurs qu'il incombera de
copie ou plutôt un calque de la composition -.M faire cette preuve, lin attendant, rien n'est plus
connue sous le nom de « Mort de Galtame- Ï^'Jt& naturel que d'expliquer, par la célébrité du
lala » *, et fort injustement attribuée à Man- ■■^vr^^Mu^-- monument copié, l'existence simultanée de
tegna. Elle caractérise, on ne peut mieux, la , plusieurs dessins de différents artistes d'après le
manière violente et outrée du maître et repro- r^mmadOtétUimiUtMad. ^olosse dc Milan. Maintenant que la voie est
duit incontestablement et avec fidélité un origi- Hnitilu 1 rirrr m-f«f-».) ouverte, je ne doute pas qu'on ne découvre
r.al sorti de la main qui a tracé le dessin du bientôt de nouvelles copies. D'un autre côté, le
Louvre. Quant à ce dernier, dont une inscription atteste Pau- j dessin du Louvre éclaire singulièrement la question. J'ai pris
thenticité, j'ai déjà dit qu'il est une copie ou une imitation Pollajuolo en flagrant délit d'imitation ou simplement de rémi-
des figures académiques de Léonard de Vinci. H suffira, pour I niscencejet. cependant, j'avais, pour croire à l'originalité et à
s'en convaincre, de relire la note consacrée par nous à ce dessin \ la spontanéité de son travail, la garantie si précieuse d'un
(p. 93) et de regarder les reproductions qui accompagnent ce | contemporain de bonne foi qui se croyait lui-même aussi bien
1. Voir l'Art, 5" année, tome IV, pages '11. lié et 1 )(>.
2. Cette composition, invariablement attribuée à M.iutcgna contre toute vraisemblance, «S depuis longtemps célèbre, puisqu'elle a été gravée dès le
xvie siècle par Alart Clacssen, qui travaillait Je. IfM à 1555. La pièce est décrite par Bartsch, tome IX, p. ijo, 11° jo. (Je dois la connaissance de cette gravure à
l'obligeance de M. Duplessis.) La même composition est encore reproduite dans les Dessins des meilleurs peintres cTItalie, d'Allemagne et des I'ays-lias, du cabinel
de M. Pmul de Praun à Nuremberg, gravés par Prestel. i;So. M. Reiset. dans son travail sur la National Gallerv de Londres, dit que le dessin du cabinet de
Praun se'trouve actuellement chez Sir Richard Wallace.