LES MAITRES FRANÇAIS1
CONFERENCE DE M. PHILIPPE BURTY
Mesdames et Messieurs,
'est au nom de la Société des Excursions scientifiques, artistiques
et industrielles 2 que j'ai l'honneur de me présenter devant vous.
Cette Société fut fondée en 1873 par les soins de M. Ch. Gé-
raud, chef de service au ministère des finances, homme instruit,
fin, actif, dévoué à tout ce qui est généreux, mais sur les mérites
duquel je n'ose insister parce que je le sais parmi nous, et que
je craindrais d'offenser la sincérité de sa modestie. Je puis au
moins rappeler brièvement les mérites de son œuvre.
La Société ne put fonctionner pendant la durée, hostile aux
ifa^a^ ur* initiatives libérales, du gouvernement du 16 mai. Elle ne prit
Lettre du xvi« siècle. Collection Bonnaue. , , iti~- • 1 • 11 t^11 1
réellement corps qu avec l Exposition universelle. Elle rencontra alors
dans M. Cyprien Girerd un aide intelligent et délicat. Elle se composait d'architectes, d'ingénieurs,
de professeurs de facultés. Lorsque le succès de la Loterie nationale permit d'ouvrir gratuitement
aux ouvriers les portes de cette vivante bibliothèque, de ce musée, provisoire mais si éloquent, des
arts et des industries du monde contemporain, la Société se mit au service de M. Cyprien Girerd.
Elle organisa avec un ordre parfait des conférences ambulatoires sur les sujets les plus divers.
Les conférenciers pratiques, les démonstrateurs qu'elle s'était adjoints redoublèrent à l'envi de
science, de bonne volonté, d'activité. Nous pûmes — j'avais été présenté par mon excellent ami
le sculpteur Rochet — promener 16,000 ouvriers en face des vitrines, des machines, des produits
de tout ordre.
J'ai encore un devoir à remplir. Je dois vous rappeler que l'exposition au milieu de laquelle
vous rencontrez tant de merveilles a été organisée, avec les soins les plus ardents et même les
plus fatigants, par MM. Gustave Dreyfus et Charles Ephrussi. Je n'ai pas besoin de vous exposer
les difficultés que l'on rencontre devant soi pour réunir pareille quantité d'oeuvres rares et
précieuses à tous les titres, ni de vous dire combien la qualité personnelle des demandeurs influe
sur la réponse quand il s'agit pour le prêteur de se séparer pendant plusieurs mois de dessins
dont la perte serait irréparable. Ces expositions sont nouvelles en France. Le succès de celle-ci
pouvait paraître aléatoire, le public connaissant peu cet ordre d'objets d'art.
MM. Dreyfus et Ephrussi ne se bornaient pas d'ailleurs à frapper à la porte de nos cabinets
français, ils s'adressaient aux grands amateurs de l'Angleterre, de l'Italie et de l'Allemagne.
Partout ils ont trouvé le plus favorable accueil. Pour ne citer qu'une seule de leurs conquêtes à
l'étranger, vous voyez avec quelle libéralité MM. Malcolm, of Poltalloch, et Mitchell leur ont
ouvert leurs cartons.
Enfin, vous savez que cette solennité a un but qui en élève encore la portée. Le montant
des entrées et le produit de la vente du catalogue seront versés dans la caisse du volontariat de
l'Ecole des beaux-arts 3.
1. Nous avons terminé, dans notre précédente livraison, l'étude de M. Georges Berger sur les écoles italiennes. (Voir 5e année, tome [II,
pages 247 et 297, et tome IV, page ;6.) Nous croyons devoir publier la conférence de M. Burty sur les Maîtres français avant de passer aux
autres écoles étrangères, dont M. Georges Berger a bien voulu se charger d'entretenir nos lecteurs. Cette dernière partie du compte rendu de
l'exposition du quai Malaquais paraîtra prochainement dans l'Art. (Note de la Rédaction.)
1. Nous ne saurions trop insister auprès de nos lecteurs pour qu'ils prennent en considération cette Société d'Excursions artistiques,
scientifiques et industrielles. Elle pourrait multiplier ses promenades dans les musées, les manufactures nationales, les grandes écoles et rendre
les plus grands services aux jeunes générations populaires. En s'adressant au secrétaire de l'administration, M. Delamottc, 5;, quai des
Grands-Augustins, on recevra toute explication et tout renseignement. La cotisation est de 10 francs par an.
}. Le public est loin de s'être montré indifférent à ces matières d'un goût tout spécial et pour lui à peu près nouvelles. Une lettre
officielle de remerciement adressée à chacun des prêteurs par le directeur de l'Ecole des beaux-arts, membre de l'Institut, M. P. Dubois, en
fournit la preuve. Les entrées du jour et du soir jointes à la vente du catalogue produisirent une vingtaine de mille francs. La somme importante
qui restait, après déduction des frais, a été versée par MM. Dreyfus et Ephrussi dans la caisse du volontariat de l'École.
CONFERENCE DE M. PHILIPPE BURTY
Mesdames et Messieurs,
'est au nom de la Société des Excursions scientifiques, artistiques
et industrielles 2 que j'ai l'honneur de me présenter devant vous.
Cette Société fut fondée en 1873 par les soins de M. Ch. Gé-
raud, chef de service au ministère des finances, homme instruit,
fin, actif, dévoué à tout ce qui est généreux, mais sur les mérites
duquel je n'ose insister parce que je le sais parmi nous, et que
je craindrais d'offenser la sincérité de sa modestie. Je puis au
moins rappeler brièvement les mérites de son œuvre.
La Société ne put fonctionner pendant la durée, hostile aux
ifa^a^ ur* initiatives libérales, du gouvernement du 16 mai. Elle ne prit
Lettre du xvi« siècle. Collection Bonnaue. , , iti~- • 1 • 11 t^11 1
réellement corps qu avec l Exposition universelle. Elle rencontra alors
dans M. Cyprien Girerd un aide intelligent et délicat. Elle se composait d'architectes, d'ingénieurs,
de professeurs de facultés. Lorsque le succès de la Loterie nationale permit d'ouvrir gratuitement
aux ouvriers les portes de cette vivante bibliothèque, de ce musée, provisoire mais si éloquent, des
arts et des industries du monde contemporain, la Société se mit au service de M. Cyprien Girerd.
Elle organisa avec un ordre parfait des conférences ambulatoires sur les sujets les plus divers.
Les conférenciers pratiques, les démonstrateurs qu'elle s'était adjoints redoublèrent à l'envi de
science, de bonne volonté, d'activité. Nous pûmes — j'avais été présenté par mon excellent ami
le sculpteur Rochet — promener 16,000 ouvriers en face des vitrines, des machines, des produits
de tout ordre.
J'ai encore un devoir à remplir. Je dois vous rappeler que l'exposition au milieu de laquelle
vous rencontrez tant de merveilles a été organisée, avec les soins les plus ardents et même les
plus fatigants, par MM. Gustave Dreyfus et Charles Ephrussi. Je n'ai pas besoin de vous exposer
les difficultés que l'on rencontre devant soi pour réunir pareille quantité d'oeuvres rares et
précieuses à tous les titres, ni de vous dire combien la qualité personnelle des demandeurs influe
sur la réponse quand il s'agit pour le prêteur de se séparer pendant plusieurs mois de dessins
dont la perte serait irréparable. Ces expositions sont nouvelles en France. Le succès de celle-ci
pouvait paraître aléatoire, le public connaissant peu cet ordre d'objets d'art.
MM. Dreyfus et Ephrussi ne se bornaient pas d'ailleurs à frapper à la porte de nos cabinets
français, ils s'adressaient aux grands amateurs de l'Angleterre, de l'Italie et de l'Allemagne.
Partout ils ont trouvé le plus favorable accueil. Pour ne citer qu'une seule de leurs conquêtes à
l'étranger, vous voyez avec quelle libéralité MM. Malcolm, of Poltalloch, et Mitchell leur ont
ouvert leurs cartons.
Enfin, vous savez que cette solennité a un but qui en élève encore la portée. Le montant
des entrées et le produit de la vente du catalogue seront versés dans la caisse du volontariat de
l'Ecole des beaux-arts 3.
1. Nous avons terminé, dans notre précédente livraison, l'étude de M. Georges Berger sur les écoles italiennes. (Voir 5e année, tome [II,
pages 247 et 297, et tome IV, page ;6.) Nous croyons devoir publier la conférence de M. Burty sur les Maîtres français avant de passer aux
autres écoles étrangères, dont M. Georges Berger a bien voulu se charger d'entretenir nos lecteurs. Cette dernière partie du compte rendu de
l'exposition du quai Malaquais paraîtra prochainement dans l'Art. (Note de la Rédaction.)
1. Nous ne saurions trop insister auprès de nos lecteurs pour qu'ils prennent en considération cette Société d'Excursions artistiques,
scientifiques et industrielles. Elle pourrait multiplier ses promenades dans les musées, les manufactures nationales, les grandes écoles et rendre
les plus grands services aux jeunes générations populaires. En s'adressant au secrétaire de l'administration, M. Delamottc, 5;, quai des
Grands-Augustins, on recevra toute explication et tout renseignement. La cotisation est de 10 francs par an.
}. Le public est loin de s'être montré indifférent à ces matières d'un goût tout spécial et pour lui à peu près nouvelles. Une lettre
officielle de remerciement adressée à chacun des prêteurs par le directeur de l'Ecole des beaux-arts, membre de l'Institut, M. P. Dubois, en
fournit la preuve. Les entrées du jour et du soir jointes à la vente du catalogue produisirent une vingtaine de mille francs. La somme importante
qui restait, après déduction des frais, a été versée par MM. Dreyfus et Ephrussi dans la caisse du volontariat de l'École.