78 L'ART.
de page en fer ciselé et doré d'un travail si délicat et qui paraît être un ouvrage français du
xvi* siècle, ces pistolets de Lazarino, le célèbre armurier florentin, et surtout ces magnifiques
pistolets allemands du xvi' siècle, incrustés d'ivoire, que l'on dirait tout brodés de fleurs et de
rinceaux, et dont les batteries, chose rare dans les armes de ce genre, sont fort délicatement
ciselées. Curieux détail, ces pistolets proviennent de l'hôpital de Pézenas, où ils avaient été
délaissés, au temps des guerres de religion., par quelque soldat mourant, et où on les avait
conservés jusqu'à ces dernières années.
Les poires à poudre et amorçoirs méritent aussi une mention spéciale. 11 en est en poirier
incrusté d'ivoire, en fer ciselé, en corne de cerf, en os gravé, affectant des formes très variées.
Voici enfin un morion, forgé d'un seul morceau, remarquable
par la hauteur exceptionnelle de sa crête. Ce beau casque, de
l'époque de la Renaissance, est couvert de rinceaux et de petites
figures gravés et dorés.
C'est merveille de voir comme on travaillait le fer aux xv" et
XVIe siècles! L'art du serrurier réalisa de véritables prodiges. 11
semble que le fer eut la malléabilité de la cire, tant l'ouvrier
se complaisait à le découper, à le fouiller, à le ciseler. Tels
marteaux de porte de la collection de M. Vayson, avec leurs
enroulements de feuillage, leurs mascarons en relief, leur fin
lacis d'arabesques, peuvent rivaliser avec les productions les plus
élégantes de l'orfèvrerie du xvie siècle. 11 y a là aussi toute une
suite de clefs dont quelques-unes d'un travail fort délicat, des
serrures, des targettes, des râpes à tabac, des étuis et autres
objets usuels en fer fort curieux. Le plus remarquable en ce
genre est une serrure, style Henri II, figurant un portique à
fronton supporté par deux colonnes, avec frises, mascarons, etc.
On comprend en voyant ce gracieux édicule, si amoureusement
ciselé, que l'on fût tenté en ce temps-là, quand on quittait
un logis, d'en emporter les serrures. La clef, dont l'anneau est
formé de chimères adossées, est encore un bijou de la même
famille.
Ceci nous conduit tout droit à l'orfèvrerie, représentée par
des ouvrages de date plus récente, des productions des xvii" et
xvnie siècles, d'une grande richesse et d'un travail irréprochable.
11 s'agit, bien entendu , d'orfèvrerie française. Ce sont des
flambeaux d'argent où le burin s'est complu en des enjolivements
statue allemande du xv« siècle. délicats, une belle soupière à cannelures et à guirlandes de
Dessin de p. Toussaint. laurier, dont le couvercle est surmonté d'une charmante figure
(Exposition de Marseille.) f
Cabinet de m Vaisse d'enfant soutenant un écusson ; ce sont des plateaux, des ecuelles,
des cafetières, des sucriers et jusqu'à des mouchettes, tout cela
enguirlandé, fleuri, merveilleusement ouvragé, et du style le plus pur.
Avec les bijoux, nous revenons à l'Italie et à la Renaissance. Passons devant ces médaillons
en cristal de roche, ces chaînes d'or, pour nous arrêter devant deux petits chefs-d'œuvre où la
Renaissance a mis, semble-t-il, tout le raffinement de son luxe et toute la liberté de sa fantaisie.
Ce sont deux pendeloques en or émaillé, enrichies de diamants, de rubis et de perles. Sur l'une,
l'artiste a représenté Amphion, une lyre à la main, monté sur un éléphant reposant lui-même
sur une terrasse de très beaux chatons. L'autre figure l'enlèvement de Déjanire. Le centaure et
sa conquête, le jeune amour qui les conduit sont faits d'émail et de pierres précieuses. Rien de
charmant comme ces délicates figurines se balançant à de délicieuses chaînettes, scintillant dans
la lumière et agitant des perles autour d'elles. Il semble que le xvic siècle soit tout entier dans
ces bijoux, tant ils traduisent les goûts magnifiques, les aspirations voluptueuses et artistiques de
de page en fer ciselé et doré d'un travail si délicat et qui paraît être un ouvrage français du
xvi* siècle, ces pistolets de Lazarino, le célèbre armurier florentin, et surtout ces magnifiques
pistolets allemands du xvi' siècle, incrustés d'ivoire, que l'on dirait tout brodés de fleurs et de
rinceaux, et dont les batteries, chose rare dans les armes de ce genre, sont fort délicatement
ciselées. Curieux détail, ces pistolets proviennent de l'hôpital de Pézenas, où ils avaient été
délaissés, au temps des guerres de religion., par quelque soldat mourant, et où on les avait
conservés jusqu'à ces dernières années.
Les poires à poudre et amorçoirs méritent aussi une mention spéciale. 11 en est en poirier
incrusté d'ivoire, en fer ciselé, en corne de cerf, en os gravé, affectant des formes très variées.
Voici enfin un morion, forgé d'un seul morceau, remarquable
par la hauteur exceptionnelle de sa crête. Ce beau casque, de
l'époque de la Renaissance, est couvert de rinceaux et de petites
figures gravés et dorés.
C'est merveille de voir comme on travaillait le fer aux xv" et
XVIe siècles! L'art du serrurier réalisa de véritables prodiges. 11
semble que le fer eut la malléabilité de la cire, tant l'ouvrier
se complaisait à le découper, à le fouiller, à le ciseler. Tels
marteaux de porte de la collection de M. Vayson, avec leurs
enroulements de feuillage, leurs mascarons en relief, leur fin
lacis d'arabesques, peuvent rivaliser avec les productions les plus
élégantes de l'orfèvrerie du xvie siècle. 11 y a là aussi toute une
suite de clefs dont quelques-unes d'un travail fort délicat, des
serrures, des targettes, des râpes à tabac, des étuis et autres
objets usuels en fer fort curieux. Le plus remarquable en ce
genre est une serrure, style Henri II, figurant un portique à
fronton supporté par deux colonnes, avec frises, mascarons, etc.
On comprend en voyant ce gracieux édicule, si amoureusement
ciselé, que l'on fût tenté en ce temps-là, quand on quittait
un logis, d'en emporter les serrures. La clef, dont l'anneau est
formé de chimères adossées, est encore un bijou de la même
famille.
Ceci nous conduit tout droit à l'orfèvrerie, représentée par
des ouvrages de date plus récente, des productions des xvii" et
xvnie siècles, d'une grande richesse et d'un travail irréprochable.
11 s'agit, bien entendu , d'orfèvrerie française. Ce sont des
flambeaux d'argent où le burin s'est complu en des enjolivements
statue allemande du xv« siècle. délicats, une belle soupière à cannelures et à guirlandes de
Dessin de p. Toussaint. laurier, dont le couvercle est surmonté d'une charmante figure
(Exposition de Marseille.) f
Cabinet de m Vaisse d'enfant soutenant un écusson ; ce sont des plateaux, des ecuelles,
des cafetières, des sucriers et jusqu'à des mouchettes, tout cela
enguirlandé, fleuri, merveilleusement ouvragé, et du style le plus pur.
Avec les bijoux, nous revenons à l'Italie et à la Renaissance. Passons devant ces médaillons
en cristal de roche, ces chaînes d'or, pour nous arrêter devant deux petits chefs-d'œuvre où la
Renaissance a mis, semble-t-il, tout le raffinement de son luxe et toute la liberté de sa fantaisie.
Ce sont deux pendeloques en or émaillé, enrichies de diamants, de rubis et de perles. Sur l'une,
l'artiste a représenté Amphion, une lyre à la main, monté sur un éléphant reposant lui-même
sur une terrasse de très beaux chatons. L'autre figure l'enlèvement de Déjanire. Le centaure et
sa conquête, le jeune amour qui les conduit sont faits d'émail et de pierres précieuses. Rien de
charmant comme ces délicates figurines se balançant à de délicieuses chaînettes, scintillant dans
la lumière et agitant des perles autour d'elles. Il semble que le xvic siècle soit tout entier dans
ces bijoux, tant ils traduisent les goûts magnifiques, les aspirations voluptueuses et artistiques de