Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 5.1879 (Teil 4)

DOI Artikel:
Chesneau, Ernest: Constant Dutilleux, [2]
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.17802#0207

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
i8o

L'ART.

temps, c'est-à-dire le seul qui soit resté dans la saine tradition de l'antique et des grands maîtres
de la Renaissance, le seul dont les oeuvres, placées au Louvre, pourront supporter l'épreuve de ce
terrible voisinage, et il a été cela sans effort comme sans parti pris, en obéissant à son
tempérament et guidé par son seul instinct.

« Ceci, qui semble être un énorme paradoxe, sera la simple vérité dans cinquante ans.

« 29 janvier 186).

« C. Dutilleux. «
L'opinion n'a pas été si lente à se former que le pensait Dutilleux.

Un autre jour, sous l'empire de sa constante préoccupation, il esquisse un parallèle entre ses
deux amis.

« Je ne sais pas si Corot n'est pas supérieur à Delacroix. Corot est le père du paysage
moderne. 11 n'est pas un paysagiste, qu'il en ait conscience ou non, qui ne procède de lui. Je n'ai
jamais vu un tableau de Corot qui ne fut beau, une ligne qui ne fût quelque chose. Parmi les
peintres modernes, ajoutait-il, Corot est celui qui, en tant que coloriste, a le plus de points
d'analogie avec Rembrandt. La gamme est dorée chez l"un et grise chez l'autre, mais tous deux
se servent des mômes moyens pour arriver à la lumière et faire valoir un ton l'un par l'autre
dans l'entière harmonie. En apparence, leurs procédés semblent contraires, mais le résultat voulu
est le même. Dans un portrait de Rembrandt, tous les détails se fondent dans l'ombre pour forcer

le regard à se porter sur un point unique mieux
caressé que les autres, souvent sur les yeux du person-
nage. Corot, lui, sacrifie au contraire les détails qui
sont dans la lumière, extrémités d'arbres et autres, et
vous ramène toujours à l'endroit où il a décidé de
toucher l'œil du spectateur. »

Je retrouve encore dans les cartons de Dutilleux
qui m'ont été libéralement ouverts par son gendre,
M. Alfred Robaut, de précieux souvenirs fixés d'après
des conversations de Delacroix.

« C'était vers 18f4, dans un des trop rares entre-
tiens que j'eus avec Delacroix, entretiens où il se
donnait tout entier avec une verve fiévreuse et une grâce presque enivrante et qu'il faisait
parfois durer plusieurs heures à mon profit et à ma grande jouissance... nous en vînmes à parler
du paysage et des paysagistes de cette époque. Le maître me parut médiocrement satisfait.
11 devait d'ailleurs faire peu de cas du paysage proprement dit.

« Pour ce génie si rudement emporté vers les choses violentes, qui voulait avant tout et à
tout prix exprimer une idée, le paysage n'était qu'un fond, un lieu pour la scène., un accessoire
important sans doute, mais toujours subordonné à un sujet quelconque. Je dis important; en effet,
les études nombreuses exécutées par lui d'après nature, soit au crayon, soit au pastel (très peu à
l'huile et dans sa jeunesse), et trouvées par nous dans ses cartons après sa mort, le soin qu'il en
prenait, la manière toute magistrale dont elles sont traitées prouvent suffisamment qu'il ne
négligeait pas ce côté si intéressant de l'art. Et lorsqu'un jour, une génération impartiale lui aura
assigné la place qui lui est réservée parmi les plus grands maîtres de la peinture, ses œuvres
donneront une nouvelle confirmation à l'opinion généralement admise que les plus grands peintres
d'histoire ont toujours été les paysagistes les plus puissants.

« Et puis, ne devait-il pas avoir un profond dégoût pour ce genre banal et bâtard qui perçait
alors pour trouer depuis, genre qui ne représente ni l'étude d'après la nature, ni le paysage
composé, qui n'a ni la saveur un peu âcre de la première, ni le développement et la richesse du
second; genre nul, faux et d'un facile emploi... qui va prendre quelques indications sur place et
à la hâte d'une nature choisie souvent avec un goût fort douteux, et qui vient terminer dans l'atelier
des toiles plus ou moins bien ébauchées d'après nature. Terminer, ceci s'entend et se fait suivant

Croquis original a la plume
de Constant Dutilleux.
 
Annotationen