2,4 L'ART.
que la Renaissance avait conservées, et l'orfèvre y trouva un nouveau motif de décoration en les
meublant d'horloges et de candélabres.
Le roi et sa cour donnaient le ton ; la noblesse de province et la bourgeoisie des villes le
suivaient de loin, et les étrangers s'appliquaient à leur tour à parler la langue polie des Français
et à se modeler sur leurs usages : « L'Europe, écrit au siècle suivant dans ses mémoires le roi
de Prusse Frédéric le Grand, l'Europe, enthousiasmée du caractère de grandeur que Louis XIV
imprimait à toutes ses actions, de la politesse qui régnait à sa cour et des grands hommes qui
illustraient son règne, voulait imiter la France qu'elle admirait; toute l'Allemagne y voyageait;
un jeune homme passait pour un imbécile s'il n'avait séjourné quelque temps à la cour de
Versailles; le goût des Français régla nos cuisines, nos meubles, nos habillemens et toutes ces
bagatelles sur lesquelles la tyrannie de la mode exerce son empire; cette passion, portée à l'excès,
dégénéra en fureur. »
La France, en effet, après avoir reçu la mode de l'Italie et de l'Espagne, la donnait à
l'Europe et prenait sur ces matières, que Frédéric traite de bagatelles et qui comptent cependant
pour une part importante dans notre richesse industrielle, une autorité qu'elle a en grande partie
conservée depuis ce temps et qui a beaucoup contribué au développement de son commerce. Elle
devait ce progrès, non seulement au talent individuel de ses artistes, mais aussi au prestige
exercé par le grand roi et à l'unité de style qu'avait adoptée toute notre industrie artistique,
grâce aux académies et aux manufactures qu'il avait fondées et à la direction qu'il avait imprimée
à l'architecture, à la peinture, à la décoration intérieure.
E. Levasseur,
Membre de l'Institut.
l'AC-SIMILÉ d'une EAU-FORTE de charpentier d'apres BaBEI.
que la Renaissance avait conservées, et l'orfèvre y trouva un nouveau motif de décoration en les
meublant d'horloges et de candélabres.
Le roi et sa cour donnaient le ton ; la noblesse de province et la bourgeoisie des villes le
suivaient de loin, et les étrangers s'appliquaient à leur tour à parler la langue polie des Français
et à se modeler sur leurs usages : « L'Europe, écrit au siècle suivant dans ses mémoires le roi
de Prusse Frédéric le Grand, l'Europe, enthousiasmée du caractère de grandeur que Louis XIV
imprimait à toutes ses actions, de la politesse qui régnait à sa cour et des grands hommes qui
illustraient son règne, voulait imiter la France qu'elle admirait; toute l'Allemagne y voyageait;
un jeune homme passait pour un imbécile s'il n'avait séjourné quelque temps à la cour de
Versailles; le goût des Français régla nos cuisines, nos meubles, nos habillemens et toutes ces
bagatelles sur lesquelles la tyrannie de la mode exerce son empire; cette passion, portée à l'excès,
dégénéra en fureur. »
La France, en effet, après avoir reçu la mode de l'Italie et de l'Espagne, la donnait à
l'Europe et prenait sur ces matières, que Frédéric traite de bagatelles et qui comptent cependant
pour une part importante dans notre richesse industrielle, une autorité qu'elle a en grande partie
conservée depuis ce temps et qui a beaucoup contribué au développement de son commerce. Elle
devait ce progrès, non seulement au talent individuel de ses artistes, mais aussi au prestige
exercé par le grand roi et à l'unité de style qu'avait adoptée toute notre industrie artistique,
grâce aux académies et aux manufactures qu'il avait fondées et à la direction qu'il avait imprimée
à l'architecture, à la peinture, à la décoration intérieure.
E. Levasseur,
Membre de l'Institut.
l'AC-SIMILÉ d'une EAU-FORTE de charpentier d'apres BaBEI.