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Journal de la marbrerie et de l'art décoratif: bimensuel — 5.1908 (Nr. 101-124)

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Supplement au Nr. 108
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Rolland, Charles: La lutte des pierres en Belgique: vote de la Chambre Belge contre les pierres françaises
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https://doi.org/10.11588/diglit.17230#0072

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souci d'éviter un conflit, nous l'avons accom-
pli librement, et ce ne sont pas les invectives
d'un carrier malappris, fût-il député de Huy
ou d'autre lieu, qui seront susceptibles de
nous empêcher jamais de défendre ce que
nous estimons être la justice et la vérité.
Nous avions alors comme collègue à la
Chambre de commerce, en 1891, un maître
de carrières de France, importateur de-
pierres blanches en Belgique. Il démissionna
et... notre compagnie n'en mourut pas.
Aujourd'hui que, logique avec les sentiments
(pie nous exprimons plus haut, fidèle à
notre immuable programme, nous défendons
la pierre blanche, pas un maître de carrières
de France ne nous a apporté son appui, et
leurs collègues de Belgique, oubliant que, de
leur propre aveu écrit, nous les avions
sauvés de la ruine en 1891, nous accusent
maintenant de vilenies parce que, sans leur
en demander l'autorisation (voyez-vous cette
outrecuidance!!), nous prenons, contre eux
cette fois, la défense d'un produit français.
Aimable plaisanterie !

» En 1891, après notre intervention,
survint un incident que je tiens également à
rappeler pour finir :

» Un Français qui a fait fortune dans
l'industrie de la pierre blanche à... Gérolstein,
se rendit à Paris, auprès de l'honorable
M. Ribot, alors ministre des affaires étran-
gères de France. Il lui remit un volumineux
dossier dans lequel étaient plutôt maltraités
mes collègues de la Chambre de commerce
et leur président, après notre intervention à
Paris, auprès de la Commission des Douanes.

» Ah! quand j'y songe, mes «cheveux»
se dressent sur la tête (mes cheveux! c'est
une simple ligure!). Que d'horreurs étaient
accumulées sur nous! Nous étions taxés de
traîtres, de vendus au gouvernement belge
et aux maîtres de carrières du Hainaut. Je
crois que, pour ma part, j'avais reçu
200,000 francs (1).

(1) Rencontrant un jour l'honorable ministre d'Etat
M. Beernaert, alors ministre des finances et président du
Conseil îles ministres, je lui narrai cette histoire qui devait
l'intéresser tout au moins en qualité de ministre des finances.

» Habitué, à cette époque déjà lointaine,
aux pires calomnies, j'exprimai à M. Ribot,
ministre des affaires étrangères, mes vifs
regrets de n'être estimé que 200,000 francs
et je le quittai avec le sentiment très net du
peu d'effet produit par cette malpropreté.

» Je ne partis pas toutefois de Paris sans
m'informer et j'appris le nom de l'auteur de
cette vilenie, pour les intérêts personnels
de qui, aujourd'hui (quelle ironie que la
vie!), nous aurions combattu si, au lieu de
séjourner... à Gérolstein, il habitait à
Bruxelles.

» En 1891, nous avons essayé de faire
triompher à Paris la. logique et la justice,
nous avons réussi. Nous espérions agir de
même, à Bruxelles, en 1908, et convaincre
les maîtres de carrières de Belgique qu'ils
faisaient fausse route et se trompaient.
Moins heureux que nous le fûmes il y a.
dix-sept a,ns. quand nous défendions les
pierres bleues do Belgique, nous sommes
battu, ici, par l'intérêt électoral des inter-
pellateurs, l'esprit de clocher et le protec-
tionnisme étroit. C'est tant pis.

» A nos risques et périls, nous avons crié :
Ca,sse-cou! Nous sommes une fois de plus
calomnié ! Mais, aujourd'hui (c'est plutôt
désopilant), c'est par ceux dont nous avons
fait triompher la, cause il y a dix-sept ans.
Eux aussi nous prétendent peut-être payé
pa r leurs adversaires,les maîtres de carrières
de France; c'est l'image de la vie, mais cette
caricature de l'existence n'est pas faite pour
émouvoir les vaillants amis qui m'entourent,
pas plus que moi-même au surplus, et ce
n'est pas, certes, le coup de pied de Hubin
qui sera susceptible de nous empêcher d'agir
encore dans l'avenir ainsi que la devise de
notre Chambre de commerce nous y convie :
Bien faire et laisser dire!

» Charles Rolland. »

— Je n'ai pas souvenir d'avoir signé un tel mandat, me
répondit-il en souriant finement.

— Xi moi de l'avoir encaissé, lui répondis-je aussi sérieu-
sement.

Mais, j'y songe, les aurais-je reçus de MM. les maîtres de
carrières de pierres bleues ? A toi, Hubin, vas-y encore.
 
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