Journal de la marbrerie et de l'art décoratif: bimensuel (5.1908 (Nr. 101-124))

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Mais l'expérience démontre que, loin de
nuire à la rémunération de la main-d'œuvre,
le machinisme a contribué sans cesse àl'amé-
liorer. L'équilibre économique social, que rien
ne gouverne, mais qui règle tout lui-même,
proportionne la production et la consomma-
tion. En abaissant les prix, il met tous les
articles de consommation à la portée de cha-
cun, et l'ouvrier est le premier à jouir des
raffinements réservés autrefois aux plus
riches. Le taux des salaires ne dépend donc
pas d'un plus ou moins grand perfectionne-
ment du mécanisme, mais de circonstances
locales sur lesquelles l'industriel n'a qu'une
influence insignifiante et toujours momen-
tanée.

D'ailleurs, lesdirigeantsdes partis ouvriers
ne sont pas hostiles par principe au perfec-
tionnement du mécanisme. Ils savent que la
solution du problème social est tout autant
dans l'abaissement du prix de revient de la
vie que dans le partage des droits et des
charges. L'idéal inaccessible serait celui
d'une humanité qui n'aurait qu'à se parta-
ger les produits de la terre, manufacturés à
son usage par des machines automatiques.
Tout ce qui nous rapproche, si peu que ce
soit, de cet idéal, doit plaire aux pasteurs
des peuples et même aux simples citoyens
comme nous, avec beaucoup de considéra-
tions qu'il serait déplacé de produire ici.

Mais si les dirigeants du parti ouvrier
savent que l'introduction d'une machine
nouvelle sert autant à l'ouvrier qu'au patron,
le premier n'en sent l'influence heureuse qu'à
son insu et d'une façon trop indirecte. C'est
pourquoi nous sommes heureux de faire
connaître à nos lecteurs comment la Société
anonyme Devillers et Ci0 a décidé de rendre
immédiatement palpable par ses ouvriers, les
avantages des outils pneumatiques. C'est avec
l'autorisation de cette Société que nous pu-
blions le règlement spécial relatif aux nou-
veaux outils. Pour bien le comprendre, il faut
savoir que les travaux de marbrerie se font
pour la plupart aux pièces. Les ouvriers tra-
vaillant à la journée gagneront donc 10 p. c.
de plus pendant qu'ils utiliseront les outils
pneumatiques, et les ouvriers travaillant aux

pièces verront leurs salaires majorés de 10 à
30 p. c. par l'économie de temps due aux
mêmes outils.

(Règlement) .

« La Société Devillers et Cie déclare qu'en
installant les nouveaux outils pneumatiques,
elle désire faire participer ses ouvriers mar-
briers aux avantages que ce perfectionne-
ment apporte. Dans ce but, elle arrête, au
profit de ses ouvriers, le règlement qui suit :

» 1" Les tarifs admis de commun accord
avec le syndicat des ouvriers seront mainte-
nus indéfiniment, comme si le travail se fai-
sait par les anciens systèmes. Mais les
ouvriers qui voudront profiter des avantages
des nouveaux outils pourront les utiliser en
payant ce qu'ils coûtent à la Société pour
usure, entretien et air comprimé, avec 15 p. c.
en plus, pour le bénéfice de la Société. A
défaut, pour le moment, d'expérience exacte,
cette location est estimée provisoirement à
vingt centimes par heure et par marteau, à,
partir du 1er janvier 1909. Le temps sera
compté depuis le moment ou le marteau sera
pris dans le bureau du contremaître, jus-
qu'au moment où il y sera reporté.

» L'emploi des outils pneumatiques sera
gratuit pendant ce qui reste à courir de l'an-
née 1908, pour permettre aux ouvriers de
s'y habituer.

» Aucun ouvrier ne sera obligé de se servir
malgré lui des outils pneumatiques.

» 2° Lorsque les ouvriers travailleront à la
journée avec les outils pneumatiques, ils
recevront, par heure, cinq centimes déplus
que lorsqu'ils travailleront par les anciennes
méthodes.

» Les bases de ces avantages pourront,
dans la suite, être modifiées de commun
accord, suivant les nécessités pratiques que
l'avenir fera connaître; mais la Société
Devillers et Cie prend l'engagement de
maintenir, dans l'avenir, au profit de ses
ouvriers, des avantages équivalents à ceux
qui sont accordés par le présent règlement,