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CORRESPONDANCE
gouvernement, esl assez important et mérite d'être apprécié par un
Algérien, à un point de vue général il sans aucun pari pris.
Disons, tout d'abord, que l'entrevue a été des plus cordiales,
les Algériens ont reçu les hôtes comme ils reçoivent toujours des
compatriotes, c'est-à-dire avec toute la chaleur de leur cœur; les
municipalités, organes autorisés de l'opinion publique, ont rivalisé
d'efforts pour charmer ces étrangers de distinction. Les voyageurs,
de leur côté, touchés de cel accueil, oui su manifester, souvent
avec bonheur, combien ils y étaient sensibles.
Il y a lieu d'espérer que les conséquences de ce voyage seronl
fructueuses pour l'Algérie et que; tous ceux que nous avons reçus :
ministres, membres du parlement, journalistes, fonctionnaires,
seront pour nous des amis, des défenseurs. Malheureusement, Ions
sont passés bien vite, et, au milieu des fêles dont ils se sonl
trouvés entourés, on se demande comment ils ont eu le temps
d'examiner, d'étudier un pays que la plupart d'entre eux ne
connaissaient pas? N'est-il pas à craindre (pu1, dans ce cadre un
un peu factice, les erreurs d'optique n'aient pu se produire trop
facilement?
Il esl certain que celle sympathie, cette sorte de fascination
que les porteurs de burnous produisent chez les Français qui
les voient pour la première fois, n'a pas manqué son effet habi-
terez, lit comme toujours, nombre de voyageurs ont vu chez nos
indigènes des opprimés, presque des esclaves. On a cependanl
démontré, — et je suis du nombre de ceux qui l'ont tenté (1),
— que ia situation des indigènes algériens était bien meilleure
pour eux, à tous les point* de vue, qu'avant la conquête; qu'ils
ont la sécurité, la justice, la liberté, aussi bien assurées, peut-
être plus que nous; qu'ils ne jouissent pas. il est vrai, de droits
politiques, mais qu'avant 1830 ils n'étaient pas davantage les maî-
tres du gouvernement de leur pays cl qu'ils étaient soumis ,i des
conquérants autrements durs et intolérants que nous.
'fout cela esl ignoré, cl si on l'affirme, le voyageur hésite à le
croire. C'est là, en vérité, une curieuse tendance de notre carac-
tère national. Quant aux droits politiques,on avouera qui' vouloir
(1) Les [WDIgènes du l'Algérie, leur titualion dan% le présent cl dans le passé
Revti» libérale (1874),
CORRESPONDANCE
gouvernement, esl assez important et mérite d'être apprécié par un
Algérien, à un point de vue général il sans aucun pari pris.
Disons, tout d'abord, que l'entrevue a été des plus cordiales,
les Algériens ont reçu les hôtes comme ils reçoivent toujours des
compatriotes, c'est-à-dire avec toute la chaleur de leur cœur; les
municipalités, organes autorisés de l'opinion publique, ont rivalisé
d'efforts pour charmer ces étrangers de distinction. Les voyageurs,
de leur côté, touchés de cel accueil, oui su manifester, souvent
avec bonheur, combien ils y étaient sensibles.
Il y a lieu d'espérer que les conséquences de ce voyage seronl
fructueuses pour l'Algérie et que; tous ceux que nous avons reçus :
ministres, membres du parlement, journalistes, fonctionnaires,
seront pour nous des amis, des défenseurs. Malheureusement, Ions
sont passés bien vite, et, au milieu des fêles dont ils se sonl
trouvés entourés, on se demande comment ils ont eu le temps
d'examiner, d'étudier un pays que la plupart d'entre eux ne
connaissaient pas? N'est-il pas à craindre (pu1, dans ce cadre un
un peu factice, les erreurs d'optique n'aient pu se produire trop
facilement?
Il esl certain que celle sympathie, cette sorte de fascination
que les porteurs de burnous produisent chez les Français qui
les voient pour la première fois, n'a pas manqué son effet habi-
terez, lit comme toujours, nombre de voyageurs ont vu chez nos
indigènes des opprimés, presque des esclaves. On a cependanl
démontré, — et je suis du nombre de ceux qui l'ont tenté (1),
— que ia situation des indigènes algériens était bien meilleure
pour eux, à tous les point* de vue, qu'avant la conquête; qu'ils
ont la sécurité, la justice, la liberté, aussi bien assurées, peut-
être plus que nous; qu'ils ne jouissent pas. il est vrai, de droits
politiques, mais qu'avant 1830 ils n'étaient pas davantage les maî-
tres du gouvernement de leur pays cl qu'ils étaient soumis ,i des
conquérants autrements durs et intolérants que nous.
'fout cela esl ignoré, cl si on l'affirme, le voyageur hésite à le
croire. C'est là, en vérité, une curieuse tendance de notre carac-
tère national. Quant aux droits politiques,on avouera qui' vouloir
(1) Les [WDIgènes du l'Algérie, leur titualion dan% le présent cl dans le passé
Revti» libérale (1874),