CHRONIQUE FRANÇAISE. 23
foules et sa peinture à l'eau a de la légèreté' et de l'éclat. Quant
à MM. Varin, on pourrait peut-être leur reprocher un peu de
froideur, mais il faut louer la correction de leur dessin et le soin
qu ils mettent à approprier leur travail à la nature des objets
représentés. On n'use plus guère du burin aujourd'hui.
MM. Varin ont d'autant plus de mérite à le cultiver avec autant
de conscience.
Les eaux-fortes de M. Delaunay ne sont pas sans valeur,
bien que manquant un peu d'accent. Avec un peu plus de
vigueurs, elles ne mériteraient que des éloges.
J'allais oublier un très-beau plat en cuivre repoussé et ciselé
représentant une Mêlée, d'après Tempesta. Cette œuvre vrai-
ment remarquable est de M. Wéry.
Quant à la sculpture rémoise, elle brille par son absence. Ce-
pendant, avant de terminer ce compte rendu, nous voulons dire
un mot d'un jeune sculpteur de Reims qui n'avait, il est vrai, rien
à l'exposition, mais qui a déjà fait plusieurs œuvres remarquées,
M. de Saint-Marceaux, le petit-fils du fondateur de la première
Société des Amis des Arts à Reims et le fils d'un des membres
les plus actifs de la Société actuelle. C'est lui qui a exécuté le
monument de l'abbé Miroy, fusillé en 1870 par les Prussiens,
pour avoir encouragé ses concitoyens à la résistance. Ce monu-
ment, qui est maintenant dans le cimetière de Reims, devait
figurer au Salon de Paris de 1872. Mais la veille même de l'ou-
verture, on pria l'auteur de le retirer, dans la crainte d'éveiller
les susceptibilités allemandes. Voilà pourquoi cette œuvre remar-
quable n'a pas la notoriété qu'elle mérite.
Eugène Véron.
CHRONIQUE FRANÇAISE
Exposition universelle de 1878.—La semaine dernière,
M. Krantz et M. Voisin ont visité les travaux du Champ-de-
Mars; leur but était de se rendre compte des meilleures mesures
à prendre pour amener le public à l'Exposition. Divers projets
sont à l'étude.
Les. travaux du parc qui entourera les galeries du Champ-de-
Mars sont commencés. Les derniers délais accordés aux entre-
preneurs expirent le i01' novembre prochain. Pour chaque jour
de retard l'administration a stipulé qu'il lui serait alloué une
indemnité de 100 francs.
— Le gouvernement italien, qui a résolu d'organiser une
exposition spéciale des beaux-arts, a fait réclamer par le général
Cialdini au commissariat général, un espace supplémentaire qui
lui a été accordé.
D'autre part, le prince de Monaco a demandé un emplace-
ment dans le parc du Champ-de-Mars pour y organiser une ex-
position florale. Les myrtes et les orangers représenteront la
ville « aimée du soleil ».
— Voici comment sera réparti l'espace réserve à la ville de
Paris, à l'Exposition :
Les beaux-arts occuperont 810 mètres ; l'architecture, 5 G5 ;
la 'canalisation souterraine, 625 ; l'enseignement public, 500, les
promenades, 300; l'assistance publique, 250 ; le plan de Paris
et la voie publique, 125 ; les travaux historiques, 130 ; l'adminis-
tration générale, 60 ; enfin la préfecture de police, 65.
Le service des beaux-arts de la préfecture de la Seine s'oc-
cupe dès maintenant à dresser le catalogue de tous les objets,
tableaux, marbres, statues, gravures, plans, etc., qui doivent
figurer dans le pavillon spécial de la ville de Paris. On ne pourra
pas le terminer avant la fin de l'année, car l'administration fait
exécuter en ce moment, sur le crédit de 400,000 francs mis à sa
disposition, un certain nombre de commandes qui seront expo-
sées en 1878. Parmi ces commandes on signale un plan du bois
de Boulogne par M. Hochereau.
— M. Colonne, directeur des concerts du Chàtelct, a été
choisi par la commission musicale pour diriger les auditions so-
lennelles qui seront exécutées dans la salle des Fêtes, au Tro-
cadéro.
Le concours Troyon. — L'exposition des tableaux envoyés
pour le concours fondé par M"10 Troyon, la mère de l'illustre
paysagiste, a eu lieu, comme nous l'avions annoncé, du 26 au
29 septembre, au palais de l'Institut, dans la salle nouvellement
aménagée pour le musée De Caen.
Quarante-sept tableaux ont été présentés ; mais sur ce nom-
bre, trente-cinq ont été écartés par le jury comme ne répondant
pas aux conditions imposées. Le sujet était : Entrée d'une forêt
avec figures et animaux. Un bien petit nombre de toiles étaient
véritablement dignes d'examen. Les devises choisies par les con-
currents pour signes distinctifs étaient surtout remarquables. J'ai
noté les suivantes : Qua.ro;— Chi lo sa ?— Veni...; —Nulla dies
sinelinea; — Ut potui; —Regarde^, mais ne touche^ pas !— Un
artiste a arboré la fameuse phrase d'Ingres : « Le dessin est la
probité de l'art », et, pour prouver son respect pour le précepte,
il a représenté des arbres en fer-blanc et des chevaux en carton.
Un autre a mis sur son œuvre le mot Surprise!...
Le n° 32, qui avait pris pour devise : Espoir, n'a point été
déçu; il a obtenu le prix de 1,200 francs. Le lauréat, M. Charles
Dameron, est élève de M. Pelouse ; son paysage est bien entendu
et révèle une main exercée. Le troupeau de moutons qui sort,
en bondissant, d'un chemin creux, et le ciel empourpré qui jette
ses lueurs crépusculaires au-dessus du sombre feuillage, sont
d'un excellent effet. Deux autres toiles ont obtenu des men-
tions. La première est de M. A. J. Raoul (n° 41), élève de
M. Cabanel: la seconde de M. Emile Noirot (n° 35). Les trois
œuvres qui ont été classées à la suite ont les nos 14, 39, 46; elles
se signalent par de bonnes qualités ; mais presque toutes les
autres sont d'une inexpérience et d'une candeur qui désarment.
Le buste de Lamartine, par le baron A. Bourgeois, aurait
été placé ces jours derniers à l'Institut, au dire de plusieurs
journaux. Il y a déjà pas mal de mois que ce buste est visible
dans une salle des commissions de l'Académie.
Le monument de Mars-la-Tour. — L'inauguration de ce
monument, dû, comme nous l'avons dit, au sculpteur F. L. Bo-
gino et dont le modèle en plâtre fut exposé au dernier Salon, a
eu lieu le 26 septembre avec assez d'éclat. Après les cérémonies
religieuses célébrées dans l'église de Mars-la-Tour, complètement
restaurée et appropriée au culte des morts ensevelis dans la
crypte, on s'est rendu en procession au monument situé à uii
kilomètre du village. Tout le pays messin était là. Un seul dis-
cours a été prononcé au nom du comité de Paris.
École des beaux-arts. — Le concours d'essai pour le prix
Chaudesaigues aura lieu le jeudi 8 novembre prochain. Le juge-
ment définitif sera rendu le 20 novembre.
On sait en quoi consiste ce concours fondé en 1868 à la
suite du testament de Mm0 veuve Chaudesaigues, léguant à l'Aca-
démie des beaux-arts une rente annuelle de deux mille francs en
faveur d'un jeune architecte qui pourra séjourner pendant deux
ans en Italie et y terminer ses études. Les concurrents doivent
être Français et avoir moins de trente ans ; ils prennent l'enga-
gement de séjourner pendant deux ans en Italie et d'envoyer a
l'Académie des notes, dessins, relevés ou croquis. Le concours
est bisannuel.
foules et sa peinture à l'eau a de la légèreté' et de l'éclat. Quant
à MM. Varin, on pourrait peut-être leur reprocher un peu de
froideur, mais il faut louer la correction de leur dessin et le soin
qu ils mettent à approprier leur travail à la nature des objets
représentés. On n'use plus guère du burin aujourd'hui.
MM. Varin ont d'autant plus de mérite à le cultiver avec autant
de conscience.
Les eaux-fortes de M. Delaunay ne sont pas sans valeur,
bien que manquant un peu d'accent. Avec un peu plus de
vigueurs, elles ne mériteraient que des éloges.
J'allais oublier un très-beau plat en cuivre repoussé et ciselé
représentant une Mêlée, d'après Tempesta. Cette œuvre vrai-
ment remarquable est de M. Wéry.
Quant à la sculpture rémoise, elle brille par son absence. Ce-
pendant, avant de terminer ce compte rendu, nous voulons dire
un mot d'un jeune sculpteur de Reims qui n'avait, il est vrai, rien
à l'exposition, mais qui a déjà fait plusieurs œuvres remarquées,
M. de Saint-Marceaux, le petit-fils du fondateur de la première
Société des Amis des Arts à Reims et le fils d'un des membres
les plus actifs de la Société actuelle. C'est lui qui a exécuté le
monument de l'abbé Miroy, fusillé en 1870 par les Prussiens,
pour avoir encouragé ses concitoyens à la résistance. Ce monu-
ment, qui est maintenant dans le cimetière de Reims, devait
figurer au Salon de Paris de 1872. Mais la veille même de l'ou-
verture, on pria l'auteur de le retirer, dans la crainte d'éveiller
les susceptibilités allemandes. Voilà pourquoi cette œuvre remar-
quable n'a pas la notoriété qu'elle mérite.
Eugène Véron.
CHRONIQUE FRANÇAISE
Exposition universelle de 1878.—La semaine dernière,
M. Krantz et M. Voisin ont visité les travaux du Champ-de-
Mars; leur but était de se rendre compte des meilleures mesures
à prendre pour amener le public à l'Exposition. Divers projets
sont à l'étude.
Les. travaux du parc qui entourera les galeries du Champ-de-
Mars sont commencés. Les derniers délais accordés aux entre-
preneurs expirent le i01' novembre prochain. Pour chaque jour
de retard l'administration a stipulé qu'il lui serait alloué une
indemnité de 100 francs.
— Le gouvernement italien, qui a résolu d'organiser une
exposition spéciale des beaux-arts, a fait réclamer par le général
Cialdini au commissariat général, un espace supplémentaire qui
lui a été accordé.
D'autre part, le prince de Monaco a demandé un emplace-
ment dans le parc du Champ-de-Mars pour y organiser une ex-
position florale. Les myrtes et les orangers représenteront la
ville « aimée du soleil ».
— Voici comment sera réparti l'espace réserve à la ville de
Paris, à l'Exposition :
Les beaux-arts occuperont 810 mètres ; l'architecture, 5 G5 ;
la 'canalisation souterraine, 625 ; l'enseignement public, 500, les
promenades, 300; l'assistance publique, 250 ; le plan de Paris
et la voie publique, 125 ; les travaux historiques, 130 ; l'adminis-
tration générale, 60 ; enfin la préfecture de police, 65.
Le service des beaux-arts de la préfecture de la Seine s'oc-
cupe dès maintenant à dresser le catalogue de tous les objets,
tableaux, marbres, statues, gravures, plans, etc., qui doivent
figurer dans le pavillon spécial de la ville de Paris. On ne pourra
pas le terminer avant la fin de l'année, car l'administration fait
exécuter en ce moment, sur le crédit de 400,000 francs mis à sa
disposition, un certain nombre de commandes qui seront expo-
sées en 1878. Parmi ces commandes on signale un plan du bois
de Boulogne par M. Hochereau.
— M. Colonne, directeur des concerts du Chàtelct, a été
choisi par la commission musicale pour diriger les auditions so-
lennelles qui seront exécutées dans la salle des Fêtes, au Tro-
cadéro.
Le concours Troyon. — L'exposition des tableaux envoyés
pour le concours fondé par M"10 Troyon, la mère de l'illustre
paysagiste, a eu lieu, comme nous l'avions annoncé, du 26 au
29 septembre, au palais de l'Institut, dans la salle nouvellement
aménagée pour le musée De Caen.
Quarante-sept tableaux ont été présentés ; mais sur ce nom-
bre, trente-cinq ont été écartés par le jury comme ne répondant
pas aux conditions imposées. Le sujet était : Entrée d'une forêt
avec figures et animaux. Un bien petit nombre de toiles étaient
véritablement dignes d'examen. Les devises choisies par les con-
currents pour signes distinctifs étaient surtout remarquables. J'ai
noté les suivantes : Qua.ro;— Chi lo sa ?— Veni...; —Nulla dies
sinelinea; — Ut potui; —Regarde^, mais ne touche^ pas !— Un
artiste a arboré la fameuse phrase d'Ingres : « Le dessin est la
probité de l'art », et, pour prouver son respect pour le précepte,
il a représenté des arbres en fer-blanc et des chevaux en carton.
Un autre a mis sur son œuvre le mot Surprise!...
Le n° 32, qui avait pris pour devise : Espoir, n'a point été
déçu; il a obtenu le prix de 1,200 francs. Le lauréat, M. Charles
Dameron, est élève de M. Pelouse ; son paysage est bien entendu
et révèle une main exercée. Le troupeau de moutons qui sort,
en bondissant, d'un chemin creux, et le ciel empourpré qui jette
ses lueurs crépusculaires au-dessus du sombre feuillage, sont
d'un excellent effet. Deux autres toiles ont obtenu des men-
tions. La première est de M. A. J. Raoul (n° 41), élève de
M. Cabanel: la seconde de M. Emile Noirot (n° 35). Les trois
œuvres qui ont été classées à la suite ont les nos 14, 39, 46; elles
se signalent par de bonnes qualités ; mais presque toutes les
autres sont d'une inexpérience et d'une candeur qui désarment.
Le buste de Lamartine, par le baron A. Bourgeois, aurait
été placé ces jours derniers à l'Institut, au dire de plusieurs
journaux. Il y a déjà pas mal de mois que ce buste est visible
dans une salle des commissions de l'Académie.
Le monument de Mars-la-Tour. — L'inauguration de ce
monument, dû, comme nous l'avons dit, au sculpteur F. L. Bo-
gino et dont le modèle en plâtre fut exposé au dernier Salon, a
eu lieu le 26 septembre avec assez d'éclat. Après les cérémonies
religieuses célébrées dans l'église de Mars-la-Tour, complètement
restaurée et appropriée au culte des morts ensevelis dans la
crypte, on s'est rendu en procession au monument situé à uii
kilomètre du village. Tout le pays messin était là. Un seul dis-
cours a été prononcé au nom du comité de Paris.
École des beaux-arts. — Le concours d'essai pour le prix
Chaudesaigues aura lieu le jeudi 8 novembre prochain. Le juge-
ment définitif sera rendu le 20 novembre.
On sait en quoi consiste ce concours fondé en 1868 à la
suite du testament de Mm0 veuve Chaudesaigues, léguant à l'Aca-
démie des beaux-arts une rente annuelle de deux mille francs en
faveur d'un jeune architecte qui pourra séjourner pendant deux
ans en Italie et y terminer ses études. Les concurrents doivent
être Français et avoir moins de trente ans ; ils prennent l'enga-
gement de séjourner pendant deux ans en Italie et d'envoyer a
l'Académie des notes, dessins, relevés ou croquis. Le concours
est bisannuel.