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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 4)

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Le Men, René-François-Laurent: La cathédrale de Quimper: les maitres de l'oeuvre, les devis et les marchés
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https://doi.org/10.11588/diglit.16907#0050

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LA CATHÉDRALE DE QUIMPER

LES MAITRES DE I.'cEUVRE, LES DEVIS ET LES MARCHÉS '

i nous ne possédons aucun rensei-
gnement sur les maîtres ou les
ouvriers qui travaillèrent à la
construction du chœur et de ses
bas-côtés (les trois cartulaires du
chapitre de Quimper sont absolu-
ment muets sur ce sujet), du moins
en ce qui touche les tours de la façade et la nef, on trouve
dans un acte 2 au début des travaux le nom de Jean Hascoed,
chanoine, qui y est désigné comme procureur de la fabrique et
c gouverneur de la nouvelle œuvre ».

En 1467, dans un marché pour la charpente du croisillon
sud du transsept3, maître Pierre Morvan, recteur de Guiscnff 4,
ligure comme « maistre et gouverneur de la nouvelle eupre » (sic)
de l'église de Cornouaille.

De 1468 a i486, Guillaume Periou, recteur de Laz, compa-
raît dans trois marchés pour la construction de la cathédrale, en
qualité de procureur de la fabrique et du chapitre. Dans aucun
de ces actes il n'est qualifié de « gouverneur » ou de « maître de
l'œuvre ». Je pense cependant, en raison du long espace de
temps pendant lequel il fut chargé des intérêts de la fabrique,
précisément à une époque où l'on imprimait aux travaux une
grande activité, qu'il eut la direction de ces travaux, au même
titre que ses deux devanciers.

Ainsi, depuis le commencement de la construction des tours
et de la nef en 1424, jusqu'à une époque bien voisine de leur
achèvement, nous voyons la direction de l'œuvre confiée à trois
ecclésiastiques dont les noms, Hascoed, Morvan, Periou, indi-
quent suffisamment l'origine. La qualification d'architecte ne
leur est donnée dans aucun document, et ne comporte pas né-
cessairement l'idée d'une direction de travaux. En effet, ce titre
ne se rencontre dans nos actes qu'à partir du xvr3 siècle. On le
trouve pour la première fois en 1514, appliqué à deux ouvriers
dont l'un travailla à la démolition d'une vieille sacristie, et l'au-
tre à la construction de l'ossuaire. Mais comme le salaire de ces
architectes n'est que de 3 sous par jour, pour l'un, et de 2 sous
9 deniers, pour l'autre, tandis que Guillaume Goaraguer, le
maître tailleur de pierres (lapiscida) et maçon, qui travaille en
même temps au même ossuaire, reçoit journellement 3 sous
4 deniers, je suis porté à penser que, dans le principe, les archi-
tectes étaient quelquefois des contre-maîtres, plutôt chargés de
la surveillance des travaux que de leur direction.

Des quatre maîtres qui, de 1548 à 1582, travaillèrent à la
tour de l'église Saint-Mathieu de la même ville, les deux pre-
miers, Yves Croasec qui en fit le plan et Guillaume Crehif, sont
simplement désignés par le titre de « maistres de l'œuvre ». Les
deux autres, Michel Le Borgne et Augustin Pen, qui y travail-
laient en 1580 et en 1582, sont mentionnés, le premier comme
« maistre architecte » et le second comme « maistre tailleur de
pierres et architecte 6. »

En 1637, Yves Roudault qui fit le dessin, ou « portraict » de
la tour de l'église de Lanarvilly, dans l'évêché de Léon, est qua-
lifié des titres de « maistre tailleur de pierres et architecte 7. »

Je pourrais multiplier les citations de ce genre, mais celles-ci
suffisent, je pense, pour prouver qu'au xvi° et au xvne siècle,
en Bretagne, la dénomination d'architecte s'appliquait soit à des
contre-maîtres, soit, dans la plupart des cas, à des maîtres ou-
vriers travaillant de leurs mains, en qualité de tailleurs de
pierres, de maçons ou de charpentiers.

Il n'y a donc pas lieu d'être surpris que les gouverneurs et
maîtres ecclésiastiques de l'œuvre commencée en 1424, par
l'évèque Bertrand de Rosmadec, n'aient pas été qualifiés du titre
d'architectes, que je crois être une importation de la Renais-
sance. Ils n'en avaient pas moins la direction générale des tra-
vaux ; mais je dois ajouter que, tout en exerçant cette direction,
ils ne négligeaient pas dans certaines circonstances, notamment
quand il s'agissait de tracer un plan ou d'établir un devis, le con-
cours des gens du métier dont les lumières et l'expérience pou-
vaient faciliter l'accomplissement de la tâche qui leur était
confiée.

Si nous ne possédons, en ce qui concerne la cathédrale, au-
cun document à l'appui de cette opinion, voici un titre de 1498,
qui se rapporte à l'église Saint-Melaine de Morlaix et qui mon-
tre de quelle manière s'exerçait ce concours:

« En la présence de nous Chrestien Le Garrec et Michel
Duval, notaires de la cour de Mourlaix, soubscriptz, se sont
comparus Estienne Beaumanoir, Thomas et Jehan le Malyon,
Jehan Gourcuff, Pezron Le Besque, Yvon Rolland et Yvon Le
Boceur, tailleurs de pierres, ayans la charge, en ce que touche
leur mestier, de l'édifice et nouvel eupvre, que à présent l'on
faict construire en l'église parochialle de sainct • Mellaine, à
Mourlaix, et Jehan Le Dyouguel, ayant la charge de la char-
panterie d'icelle église, lesquieulx. et checun d'eulx, ont présen-
tement relaté et recordé, que par cy devant, et avant que l'on

En 1524, le titre d'architecte est aussi donné à un maître eust commancé à faire et caver les fondemens que à présent
charpentier, qui fait quelques travaux à la charpente de la toi- I sont cavez en l'endroit ou Jehan Le Borgne et Nicolas Coetan-

ture des tours de la façade de la cathédrale, et qui est payé à rai-
son de 3 sous par jour.

Phelippe Beaumanoir, tailleur de pierres, qui travailla à la
construction de la tour de l'église Saint-Melaine de Morlaix de

lem ont prins charge de faire édifier chappelle en icelle église,
ilz, et checun d'eulx, après que ils avoint esté appeliez pour vi-
siter et deviser ledit œupvre, ce que disoint avoir faict, avoint
donné leur oppinion, conseil et advis que le proufilt et utilité

1511 à 1516, ne prit jamais d'autre titre que celui de « maistre et ; pour l'augmentacion, décoration et eslargissement d'icelle église
principal feurastier (entrepreneur) de l'œuvre » de cette église 5. estoit, et est, d'estre fait et construit jouxte et au désir desditz

t. Dans une de nos dernières livraisons (voir l'Art, y année, lome IIF, page 276) nous avons publié un intéressant extrait de la Monographie de la cathédrale
de Quimper. Le savant archiviste du Finistère veut bien nous autoriser à offrir à nos lecteurs la primeur d'un autre fragment de son ouvrage qui paraîtra dans le
courant du mois d'octobre. Nous regrettons seulement que l'abondance des matières ne nous permette pas de leur présenter, dans le même caractère typographique
que la notice sur la Confrérie des mahres ès arts dans l'évêché de Léon en Bretagne, ces curieux renseignements sur la construction de la cathédrale de Quimper.

2. Cartulaire du chapitre de Quimper, n° 36, f- 63, v".

3. Premier registre des contrats du chapitre, de 1463 à 1470, f" 37, v. — I.e marché est fait avec un certain Rivallen Rospabac, charpentier, de la paroisse de
Scazre, aujourd'hui Scaé'r, chef-lieu de canton, arrondissement de Quimperlé (Finistère).

4. Paroisse de l'évêché de Quimper, aujourd'hui commune du département du Morbihan, canton du Faouet.

5. Titres de la fabrique de Saint-Melaine [Archives du Finistère).

(>. Comptes des procureurs de la fabrique de Saint-Mathieu (Archives du Finistère).

7. Procès-verbal de descente faite à Lanarvilly, pour les prééminences, le 5 juillet 1^34- — {Archives du Finistère, famille Le Barbier de Lcscoat.)
 
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