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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 4)

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Roddaz, Camille de: Le salon de Gand
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L'École des arts décoratifs
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https://doi.org/10.11588/diglit.16907#0084

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L'ÉCOLE DES ARTS

DÉCORATIFS.

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une différence bien nette entre le ciel, l'eau et le terrain. C'est
vague au point de devenir inexplicable.

Du bleu pâle, un jaune clair étalés sur une toile et voilà une
impression, juste quelquefois, mais souvent sans signification;
pure affaire de hasard.

Si cela continue, nous n'aurons fait que tomber de Charybde
en Scylla. Nous aurons combattu l'imitation abusive des ancien-
nes colorations de'coratives pour les remplacer par un genre
pâlot, qui n'est pas moins conventionnel à sa manière et quia, en
plus, l'inconvénient de la monochromie. Convention pour con-
vention, va pour la convention de la fantaisie éclatante, plutôt
que pour la convention du gris et des pâles couleurs.

M. Munthe est un peintre allemand d'un talent réel auquel
on ne peut reprocher la monochromie mais la monotonie.
Chacun de ses tableaux pris à part est excellent, mais qui en a
vu un en a vu cent. C'est toujours la même note. M. Munthe est
le Bilboquet du coucher de soleil en hiver. Avec un peu plus
que du talent il en serait le Corot, mais il lui manque le « je ne
sais quoi ». Peintre habile, oui; poète, non.

M. Bogaert est l'auteur d'un petit paysage intitulé le Vieux
Moulin de Grimbergen. Ce serait bien, n'était l'aspect blan-
châtre général qui fait ressembler un peu son motif à un
paysage lunaire.

Deux belles marines de M. Bouvier; toutefois plus de fer-
meté aux premiers plans et pour les bateaux les ferait valoir
davantage.

La Mare, fin d'hiver, de M. Baron, n'est pas mal quoique
d'un ton chocolat trop prononcé; ses Peupliers sont bien préfé-
rables, c'est même un bon tableau très-brillant et d'une facture
très-sincère.

L'inévitable Mare aux fées a tenté après bien d'autres
M. Asselbergs. Ce motif barbizonnéen est la « Mare au diable»
du paysage. On a beau l'éviter, on y revient sans cesse. Du moins
M. Asselbergs a-t-il fait effort pour nous donner de ce sujet
connu une interprétation personnelle.

L'ÉCOLE

N'avions-nous pas raison, en annonçant la nomination de
M. Louvrier de Lajolais comme directeur de l'école de dessin
et de mathématiques, d'en augurer des réformes certaines? Voici
à peine quelques semaines que l'organisateur des expositions de
l'Union centrale est à son poste et déjà son impétueuse ardeur
produit ses effets. 11 a obtenu du ministre de l'instruction pu-
blique et des beaux-arts que l'École nationale de dessin et de
mathématiques pour l'application « des beaux-arts à l'industrie »
s'appelât désormais « l'Ecole des arts décoratifs ».

Ce n'est là qu'un titre, il est vrai ; mais il a sur l'ancien
l'avantage d'être plus court, plus clair et plus précis. Et puis,
l'école que dirige M. de Lajolais a un caractère spécial qu'il im-
portait de marquer nettement. Ce n'est pas avec une étiquette
obscure ou rébarbative qu'il était possible de rendre cet établis-
sement populaire, tel qu'il doit l'être pour répondre à son but.

Très-florissante pendant les quatre-vingts premières années
de son existence, l'école fondée en 1766 par le peintre Bachelier
avait perdu, dans ces quinze dernières années, la plus grande
partie de son éclat : l'organisation en était devenue défectueuse,
les règlements n'étaient pas observés ; malgré les besoins nou-
veaux, l'enseignement y restait insuffisant ; les moyens d'émula-
tion étaient incomplets, d'autres mal employés. L'arrêté de 1843,
qui avait divisé l'enseignement en huit classes, n'avait donné
aucun élan. L'établissement était presque inconnu du public.

Et pourtant il répond à une nécessité qui devient chaque
jour plus pressante. Quand il fut créé, — il y a déjà un siècle ! —

De M. Heymans plusieurs bons paysages, notamment un
Coucher de soleil dans la bruyère.

Entre autres choses extraordinai res M. de Cock expose une
singulière forêt d'un ton vert outrageusement criard, mais ce
qui est surtout remarquable dans ce singulier tableau, c'est que
le feuillage est uniformément traité par coups de brosse hori-
zontaux; cela rappelle, à s'y méprendre, le paysage vu par la
portière d'un wagon lancé à toute vitesse.

VneVue de La Hulpe, par M. H. Van der Hecht, une bonne
marine de M. Mesdag, ainsi que les sites norvégiens de Mlle Ber-
naert, un hiver de M. Hannon, occupent une place honorable
parmi les meilleurs tableaux.

Les marines de M. Durand-Brager fournissent une preuve
nouvelle du talent de cet artiste qui dessine comme peu de
peintres, et qui malheureusement ne peint pas-comme il des-
sine.

MM. Stacquet, Uytterschaut, H. Seghers, Ernest Doncker
pour le paysage et la marine, Mellery pour la figure, représen-
tent dignement l'aquarelle au Salon de Gand.

La sculpture est moins bien partagée : rien qui puisse être
cité si ce n'est l'envoi de M. Paul De Vigne, envoi très-remar-
quable et très-remarqué.

Les deux portraits sont réellement beaux et traités avec une
grande simplicité, mais ce qui mérite surtout des éloges c'est la
Romaine, bronze d'après lequel est fait le croquis joint à cette
lettre.

La tète tournée vers l'épaule par un mouvement qui a de la
grandeur fait valoir le cou largement modelé.

Les traits sont pleins de fermeté et de caractère, et cependant
c'est une femme; la bouche est sensuelle et le visage a une telle
expression qu'il est difficile d'en détacher le regard.

C'est une belle œuvré qui obtient et mérite un véritable
succès.

Camille De Roiidaz.

nos ouvriers n'avaient point de rivaux au monde pour l'art char-
mant de la décoration. Mais Bachelier songeait à l'avenir. Il
disait, à cette époque, dans un rapport : « Combien les Balin,
Boule, Germain père, Dumier, Roitier, Lempereur et autres
artistes distingués, ont-ils eu de peine à déraciner le goût bar-
bare des siècles d'ignorance? Ils ont enfanté des chefs-d'œuvre,
mais que d'obstacles n'ont-ils pas rencontrés dans l'exécution de
leurs idées ! Combien de fois n'ont-ils pas été au moment de se
rebuter, faute d'avoir à conduire des hommes déjà préparés et en
état de lire leurs pensées, de suivre l'intelligence de leurs mo-
dèles, et d'entendre le langage des arts ! » L'école de Bachelier
forma ce personnel nécessaire.

Aujourd'hui, avec la concurrence étrangère qui n'est plus
aussi anodine qu'autrefois, avec la fécondité moderne de l'indus-
trie qui enfante sans cesse de nouvelles productions où l'art
décoratif trouve son emploi, il est nécessaire de multiplier ce per-
sonnel d'ouvriers intelligents et artistes. M. le marquis de Chen-
nevières le disait, en 1875, lors de la distribution des prix des
élèves de l'École de dessin et de mathématiques : «Le dessin est
la base de toutes les industries et de tous les métiers ; il sert au
maçon et au charpentier avant de servir à l'architecte ; il sert au
menuisier et au forgeron, au serrurier, à l'arpenteur, au charron,
à la brodeuse, à la dentellière, au tapissier, au bijoutier, au jar-
dinier, à tous les ouvriers de profession, avant de servir au
sculpteur et au peintre... »

Une nouvelle organisation a été donnée à l'école en 1874 :

DES ARTS DÉCORATIFS
 
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