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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 4)

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Véron, Eugène: La Société des Amis des Arts de Saint-Quentin et du département de l'Aisne: son histoire - sa deuxième exposition
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L'exposition d'éventails du Liverpool Art Club
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https://doi.org/10.11588/diglit.16907#0056

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L'EXPOSITION D'ÉVENTAILS

DU LIVERPOOL ART CLUB.

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1 auge, est très-heureusement campe. Il est difficile d'être plus
complètement et plus naturellement attentif, comme on peut le
voir dans le fac-similé que nous donnons du dessin de l'auteur.
Mais pourquoi la couleur de ce petit tableau est-elle si triste, si
terne, si monotone ? Pourquoi le mur, l'auge, le terrain sont-ils
tous d'un gris-jaune uniforme ? Pourquoi le ciel est-il si sombre
et qu'est-ce que cette colline noire qui s'élève à la droite de la
toile ?

un charme de distinction tout particulier à cette peinture ané-
mique et diaphane, mais je crois qu'elles seraient fort inquiètes,
si elles se voyaient elles-mème arrivées à ce degré de perfection
aristocratique. Aussi les figures que représentent les toiles de
MM. Laugée sont-elles complètement figées. Leurs Moissonneurs
comme leurs Jeunes Filles sont absolument incapables de faire un
mouvement. En voyant ces tableaux, la première impression
est de se croire en face de ces immobiles figures de cire, dont on

Le Repos, de M. Dupré Julien, n'est pas une mauvaise ! se sert dans certains musées pour représenter des scènes histori-
toile. Le moissonneur, couché sur le ventre et la tète relevée, est ! ques.

dans une attitude bien vraie. Mais il est difficile de croire qu'il y
ait des corps complets dans les vêtements des personnages et
le ciel est manqué.

M. Malézieux a des portraits au fusain d'une facture assez
énergique, bien qu'incomplète, et parfois brutale. Les portraits
de M110 Malézieux, plus cherchés comme expression, sont au
contraire un peu mous. Ce défaut tient probablement au procédé
qu'elle emploie. Ce grenu uniforme qu'elle étend sur son papier,
ce léger frottis au crayon ressemble trop à l'estompe et en a les
inconvénients. Un peu plus de variété dans le travail donnerait
plus d'accent à l'œuvre.

Que dirai-je de la peinture de MM. Laugée père et fils ? Je
l'avoue en toute humilité, je n'ai jamais compris qu'un peintre
s'imposât systématiquement l'obligation de représenter les choses
autrement qu'elles ne sont et de transformer, pour plus d'élé-
gance, la chair humaine en je ne sais quelle substance molle et
transparente, qui n'a de nom dans aucune langue parce qu'elle
n'existe nulle part. Je sais bien que certaines personnes trouvent

J'aime mieux en vérité la Sérénade de Mmc Duchesne-Foi r-
net, et la Tricoteuse de M. Couturier, qui, sans être des chefs-
d'œuvre, font au moins effort pour conserver aux réalités leur
aspect et aux attitudes leur vérité et leur mouvement.

Nous sommes loin d'avoir épuisé la liste des œuvres dues a
des artistes du département. Mais est-il bien nécessaire d'aller
jusqu'au bout ?

Les sculpteurs ne sont pas nombreux à Saint-Quentin.
M. Blondel expose un buste en plâtre de M""' W*** qu'on dit
ressemblant. C'est un mérite dans un portrait. Les bustes de
M. Tattegrain ont plus d'accent et de caractère. C'est d'un réa-
lisme sans fard qui ne flatte pas le modèle, si l'on en juge par le
portrait de M. Vion. Celui de M. Vasse est d'un réalisme plus
mitigé, mais en somme ces deux œuvres, à défaut de finesse,
ont une qualité incontestable; elles sont vivantes. M. Tattegrain
n'appartient pas à l'école de M. Laugée. Il faut l'en féliciter.

Eugène Véron.

L'EXPOSITION D'EVENTAILS DU LIVERPOOL ART CLUB

LOAN COLLECTION OF FANS EXHIBITED AT THE CLUB HOUSE,
SUGNALL STREET, MYRTLE STREET

L'appel que l'Art avait fait aux amateurs français, à propos
de l'exhibition d'éventails projetée par le Liverpool Art Club,
a été entendu. Nous recevons le catalogue de la collection
exhibée dans la somptueuse maison du Club, dans Myrtle street.
Nous y rencontrons le nom de plusieurs de nos compatriotes.

M. le docteur Piogey a prêté six éventails Louis XIV,
Louis XV et Louis XVI. Tous sont choisis. L'un d'eux est en
tout particulièrement intéressant. Quoique non signé (on sait
qu'il n'existe à peu près pas d'éventails dont la signature soit
authentique), il est très-certainement de la main de François
Boucher. On ne peut méconnaître sa vive intelligence des phy-
sionomies, son dessin coulé, sa couleur tendre et fraîche dans les
deux tètes de jeunes femmes et la tète de jeune garçon qui or-
nent les trois médaillons. Les ornements et les amours qui
relient la composition sont vraisemblablement de la main de sa
femme, qui selon les Mémoires du temps, était habile « pein-
tresse » d'éventails. Cette feuille précieuse a été gravée dans
l'Histoire des éventails che^ tous les peuples et à toutes les épo-
ques, de M. S. Blondel (Librairie Reuouard, 1875, 1 vol. in-8°
avec 50 gravures).

M. Philippe de Saint-Albin a confié au Club deux feuilles
encadrées, peintes à la gouache, dans la fin du xvmc siècle, ou dans
les premières années de celui-ci, par un artiste italien. C'est une
vue du Colysée et une Vue du Forum, au milieu d'ornements
dans le goût pompéien.

M. A. de Liesville a détaché de son immense musée révo-
lutionnaire, si riche en documents de tout genre, une douzaine
d'éventails qui donnent, avec cette éloquence particulière aux

objets qui ont été portés, qui ont été vécus, le récit des princi-
paux épisodes de la Révolution française. C'est d'abord un épi-
sode de la vie d'un de ces « personnages mystérieux » dont Louis
Blanc a curieusement sondé l'histoire, le comte de Cagliostro ;
puis Charles et Robert faisant, dans le jardin des Tuileries, leur
ascension dans le ballon le Globe; M. de Necker présentant les
trois Ordres au rpy, assis sur un trône et assisté de Minerve ;
Louis XVI décrétant la convocation des États-Généraux ; la
prise de la Bastille ; la Pompe funèbre du clergé de France « qui
est mort le 2 novembre 1789 », mais qui depuis a ressuscité.
Tous ces éventails ont, au revers, des couplets caractéristiques,
quelques-uns avec la musique. La Fête de la Fédération est ac-
compagnée des portraits de Louis XVI et de La Fayette, et Ro-
bespierre « incendiant l'Athéisme et le Fanatisme et découvrant
la Vérité à la Fête de l'Etre suprême » est également accompagné
des portraits de Lepelletier de Saint-Fargeau et de Marat. Un
éventail est composé d'assignats et de billets ; un autre, des plus
rares et des plus parlants, est orné d'un mariage républicain se-
lon la loi, dans une mairie, au milieu des emblèmes de 1 amour
et de l'harmonie. II serait à souhaiter que M. A. de Liesville
publiât un travail spécial sur la série si riche de ses éventails ré-
volutionnaires. Les lacunes seraient facilement comblées par ce
que possède la Bibliothèque nationale.

M. Ph. Burty, qui avait obligeamment répondu à l'appel du
président de l'Art-Club, M. Bowes, et avait directement sollicité
les amateurs parisiens, a contribué, pour sa part, par l'envoi d'une
demi-douzaine d'éventails japonais anciens, de haut style. Non
pas que les feuilles en soient très-riches. Les Japonais attachent
 
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