Overview
Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 4)

DOI article:
Notre bibliothèque
DOI article:
La séance annuelle de l'Academie des Beaux-Arts
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.16907#0110

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
NOTRE BIBLIOTHÈQUE

LXXXII

SEIGNEMARTIN, SA VIE ET SON ŒUVRE, par Maurice
Frèze, avocat à la Cour d'appel de Lyon. Brochure in-18 de
36 pages. Lyon, imprimerie d'Aimé Vingtrinier, 14, rue de
la Belle-Cordière, 1876.

C'est le rapide re'cit d'une vie d'artiste moissonnée avant
l'heure. Il s'agit du fils « d'une honnête famille d'ouvriers tis-
seurs habitant le quartier de la Croix-Rousse », qui, né le
16 avril 1848, est mort le 29 novembre 1875. « La lumière et la
couleur, voilà ses dieux et ses guides, et c'est avec eux qu'il
abordait les sujets les plus divers, fleurs ou portraits, paysages
ou scènes de genre. L'idée conduisait la main. Seignemartin
butinait partout, parce que le sentiment de l'art gouvernait tout
son être, et que tout ce qui peut tenter la palette d'un peintre
ou faire rêver la muse d'un poète, trouvait un écho dans sa
pensée.

« C'est à ce point de vue qu'il faut se placer pour com-
prendre et juger les toiles inachevées de Seignemartin. La con-
ception du sujet s'élaborait de suite, avec ses mille couleurs, et
sortait tout armée de son cerveau : il voyait son objectif en

pleine lumière, le détachait dans un rayon de soleil, et lui don-
nait corps immédiatement dans sa première ébauche.

« Le tableau existait. Mais, on le comprend, la forme était
encore un peu vague, le contour mal arrêté : la rudesse des
empâtements conservait l'empreinte de l'improvisation et se
ressentait de la rapidité de la facture. Trop souvent, le pauvre
artiste, qui ne touchait à ses pinceaux qu'entre deux accès de
fièvre, était forcé d'en rester là. »

La main amie qui a tracé ces lignes avec une émotion sin-
cère, s'est laissé entraîner un peu loin en appliquant aux tenta-
tives de Seignemartin une expression qui suppose une carrière
complètement fournie, sinon une carrière de maître ; « son
œuvre », l'œuvre de Seignemartin ne se compose en effet que
d'heureuses promesses. Il n'en faut pas moins savoir gré à
M. Maurice Frèze d'avoir pieusement écrit son intéressante
notice ; on ne saurait trop désirer de voir suivre son exemple
toutes les fois que disparaît une organisation d'élite alors même
qu'elle n'a pas eu le temps de donner tout ce qu'on se croyait
en droit d'attendre d'elle. C'est constituer une série de docu-
ments précieux que l'avenir consultera avec fruit.

Félix Bé.

LA SEANCE ANNUELLE DE L'ACADEMIE DES BEAUX-ARTS

Cette cérémonie a eu lieu le 20 octobre au palais de l'Institut,
avec son cérémonial accoutumé, et, suivant l'usage antique et
solennel, on a eu, entre deux œuvres musicales, le régal d'un
éloge académique.

Parmi les académiciens on remarquait MM. Barthélémy
Saint-Hilaire, Cuvillier-Fleury, Cabanel, Gounod, Charles Gar-
nier, Ernest Reyer, Nadailhac, Bazin, Egger, Cavelier, Dubois,
Thomas, Dumont, Robert-Fleury, Wallon, Camille Rousset,
Emile Perrin, Lefuel, etc., etc. La plupart avaient endossé
l'habit à palmes vertes, car on sait que la section des beaux-arts
a toujours eu la réputation d'être la plus coquette de l'Institut.

La séance était présidée par M. François ayant à ses côtés
M. le vicomte Henri Delaborde et M. Bazin. Son discours très-
sobre a été fort applaudi. L'assemblée a particulièrement souligné
le passage consacré au don de Dubosc, ce vieux modèle qui avait
commencé par poser pour les séraphins et fini par poser pour le
Père éternel. Ce brave homme économisa près de 200,000 francs,
qu'il a légués aux artistes peintres débutants par cette clause de
son testament :

« Ayant, dit-il, commencé à poser en 1804, à l'âge de
sept ans, et ayant continué à servir de modèle jusqu'à l'âge de
soixante-deux ans, j'ai passé ma vie avec les artistes. Je veux
qu'après mon décès la petite fortune que j'ai gagnée avec eux
soit consacrée à une fondation qui leur soit utile. »

Il avait vécu avec la grande génération d'artistes de 1830 ; il
était leur ami et souvent, au milieu d'une séance, se levait pour
regarder l'œuvre et donner son avis.

Dans sa courte harangue, M. François a parlé d'une autre
fondation due à la libéralité de deux hommes généreux qui veu-
lent rester ignorés ; elle portera le nom de prix Monbinne, du
nom d'un ami des deux donateurs anonymes, et consistera en
une médaille de la valeur de trois mille francs. Ce prix sera

décerné tous les deux ans, à partir de 1878, à l'auteur de la
musique d'un opéra-comique, en un ou plusieurs actes, que
l'Académie aura jugé le plus digne de cette récompense, soit
parmi les ouvrages représentés pour la première fois dans le cours
des deux dernières années écoulées avant le jour du jugement,
soit parmi les ouvrages du même genre soumis à titre d'envois,
par les pensionnaires de Rome. A défaut d'un opéra-comique, le
choix de F Académie pourra se porter sur une œuvre sympho-
nique purement instrumentale ou avec chant.

D'autres legs ont été faits, mais on ne peut encore aujour-
d'hui les annoncer. Une décision qui doit être accueillie avec
plaisir c'est que le prix Alhumbert, dont la fondation remonte
déjà à plusieurs années et que l'insuffisance des fonds primitive-
ment versés avait malheureusement fait ajourner, sera décerné à
partir de l'année prochaine. Dorénavant les graveurs pourront
donc, eux aussi, participer aux encouragements. On sait que le
prix Alhumbert, d'une valeur de cinq cents francs, doit être
décerné au premier grand prix de gravure en taille-douce ou de
gravure en médailles, à l'époque de son retour de Rome.

Après le discours de M. François et la proclamation des
prix de Rome, la parole a été donnée à M. le vicomte Delaborde
pour lire sa notice sur la vie et les travaux de Jean-Joseph
Perraud.

L'éminent secrétaire perpétuel de l'Académie des beaux-
arts ne connaît probablement pas le charmant ouvrage que vient
de publier son confrère M. Legouvé, Y Art de la lecture à haute
voix; et cela est fâcheux, car il y aurait vu comment on parvient
à relever par la variété des intonations la monotonie des haran-
gues officielles. Son éloge de Perraud est du reste un morceau
qui a certainement son mérite ; tout ce qui a rapport aux débuts
de l'artiste est emprunté aux Mémoires laissés par le sculpteur
et que doit prochainement publier son ami, M. Dantès.
 
Annotationen