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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 4)

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Véron, Eugène: L' école française de peinture en 1877, [1]: notes et réflexions
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https://doi.org/10.11588/diglit.16907#0195

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Cartouche composé par H. Grave lot et gravé par N\ Le Mire.

l y a deux choses dans l'art, l'art d'abord et puis l'industrie. Quand on
sort du Salon on dit : l'industrie d'abord et puis l'art.

Au point de vue de l'industrie — ne pas confondre avec le métier —
nous sommes en progrès manifeste. L'économie politique nous enseigne
que l'offre est subordonnée à la demande, c'est-à-dire que la consomma-
tion règle et détermine la production. Cette loi est d'une vérité absolue
pour tous les genres d'industries. La raison en est facile à comprendre :
Lettre composée par a. Rossigneux. les producteurs ne produisant que pour vendre, s'appliquent naturelle-
ment, dans la mesure du possible, à ne pas dépasser les besoins de la consommation, puisque
toute exagération de production aurait pour résultat immédiat, d'abord de diminuer leurs béné-
fices en avilissant les prix, puis de les supprimer en accumulant dans les magasins des stocks plus
ou moins considérables de marchandises, qui, ne pouvant s'écouler, représenteraient une masse
croissante de capitaux inutilisés ou perdus.

Si nous admettons que cette loi ait son application dans l'industrie artistique, comme dans les
autres -— ce qui est vrai, au moins dans une certaine mesure, — nous devons en conclure que les
objets d'art sont de plus en plus demandés, car il est manifeste qu'ils sont de plus en plus
offerts.

Le catalogue officiel du Salon de 1877 comprend 4,616 numéros, ce qui est déjà un assez joli
chiffre ; mais celui des œuvres soumises au jugement du jury l'était encore davantage, puisque
l'on parle d'un total de plus de 7,000.

Or il faut remarquer que le règlement fixe à deux le nombre des ouvrages de chaque genre
qui peuvent être admis à l'exposition. Il n'y a rien d'excessif, je crois, à tripler ce chiffre pour
avoir la moyenne de la production annuelle de chaque artiste. Cette moyenne est certainement
dépassée de beaucoup pour les petits cadres. Nous pouvons donc compter que la France produit
au moins 20,000 œuvres d'art par an, et il est à croire que la plupart de ces œuvres trouvent
acquéreur, car en général les artistes ne sont pas assez riches pour travailler uniquement en
vue de la gloire.

Si donc la production croît dans une proportion rapide, il faut bien que le goût des œuvres
d'art — notez que je ne dis pas le goût de l'art — se propage dans une proportion à peu près
correspondante. Quelle que soit la médiocrité des œuvres qui suffisent à satisfaire ce goût, le fait
même de cette croissance est un indice rassurant pour l'avenir. Elle tend à créer une atmosphère
artistique qui peut et doit presque nécessairement exercer une heureuse influence sur les tendances
et les aptitudes esthétiques des générations futures. Il ne faudrait pas sans doute exagérer cet
effet, mais il est certain que le besoin des jouissances de l'œil et de l'oreille se développe de plus
 
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