DOI article:
Chasrel, T.: Les musées de province, [5]: études sur le musée de Lille - Jean-Frédéric Hoeckert
DOI Page / Citation link:https://doi.org/10.11588/diglit.16907#0288
Fleuron composé et gravé par Théodore de Baig.
LES MUSÉES DE PROVINCE
I
ÉTUDES SUR LE MUSÉE DE LILLE1
VI
JEAN-FRÉDÉRIC HOECKERT
ans la galerie de peinture de la Suède et de la Norwége à l'Expo-
sition universelle de i8ff, parmi plusieurs œuvres qui reflétaient
avec plus ou moins de charme et d'habileté la poésie caractéristique
des contrées septentrionales, on remarquait surtout la Prédication
dans une cliaptdle de la Laponie suédoise, œuvre d'un jeune artiste
suédois qui habitait Paris depuis quelques années, M. Jean-Frédéric
Hœckcrt.
Voici comment le farouche et vénérable critique des Débats, rarement
aussi bien inspiré, appréciait alors cette toile qui fut considérée à
juste titre comme le joyau le plus précieux de l'exposition suédoise :
« Les deux peintres suédois doués de plus d'élan et d'imagination et qui traitent leur art
avec le plus de verve sont MM. J. F. Hœckert et A. Jernberg....
« Dans la manière de M. Jernberg il y a quelque chose qui rappelle aussi celle de Carie
Maratta; mais M. Hœckert paraît avoir plus particulièrement étudié celle de Rembrandt, non
dans les ouvrages si délicatement terminés de ce maître, mais dans quelques autres, le Samari-
tain entre autres, où le laisser aller du pinceau est tel que l'on peut regarder comparativement
ces tableaux comme des esquisses. C'est donc ainsi que nous considérons le Prêche dans
une chapelle de la Laponie suédoise, de M. Hœckert, composition spirituelle, facile, dont les
détails sont vrais et l'effet général très-piquant. Or cette chapelle est le plus triste des hangars,
où pénètre difficilement le rayon d'une lumière douteuse. C'est au fond de ce bouge qu'un jeune
pasteur, monté dans une chaire formée d'ais mal joints, lit et explique l'Évangile à des paysans
lapons qui ont tout au plus figure humaine. Au fond, c'est un très-beau sujet, et l'on ne regarde
pas sans émotion ce jeune pasteur dont les traits et la physionomie indiquent un cœur noble et
un esprit cultivé, employant toutes les ressources de son intelligence à dégrossir l'enveloppe
i. Voir/'.Art, je année, tome IV, pages 27, 61, 6j, 81, 2JI et 2jj.
LES MUSÉES DE PROVINCE
I
ÉTUDES SUR LE MUSÉE DE LILLE1
VI
JEAN-FRÉDÉRIC HOECKERT
ans la galerie de peinture de la Suède et de la Norwége à l'Expo-
sition universelle de i8ff, parmi plusieurs œuvres qui reflétaient
avec plus ou moins de charme et d'habileté la poésie caractéristique
des contrées septentrionales, on remarquait surtout la Prédication
dans une cliaptdle de la Laponie suédoise, œuvre d'un jeune artiste
suédois qui habitait Paris depuis quelques années, M. Jean-Frédéric
Hœckcrt.
Voici comment le farouche et vénérable critique des Débats, rarement
aussi bien inspiré, appréciait alors cette toile qui fut considérée à
juste titre comme le joyau le plus précieux de l'exposition suédoise :
« Les deux peintres suédois doués de plus d'élan et d'imagination et qui traitent leur art
avec le plus de verve sont MM. J. F. Hœckert et A. Jernberg....
« Dans la manière de M. Jernberg il y a quelque chose qui rappelle aussi celle de Carie
Maratta; mais M. Hœckert paraît avoir plus particulièrement étudié celle de Rembrandt, non
dans les ouvrages si délicatement terminés de ce maître, mais dans quelques autres, le Samari-
tain entre autres, où le laisser aller du pinceau est tel que l'on peut regarder comparativement
ces tableaux comme des esquisses. C'est donc ainsi que nous considérons le Prêche dans
une chapelle de la Laponie suédoise, de M. Hœckert, composition spirituelle, facile, dont les
détails sont vrais et l'effet général très-piquant. Or cette chapelle est le plus triste des hangars,
où pénètre difficilement le rayon d'une lumière douteuse. C'est au fond de ce bouge qu'un jeune
pasteur, monté dans une chaire formée d'ais mal joints, lit et explique l'Évangile à des paysans
lapons qui ont tout au plus figure humaine. Au fond, c'est un très-beau sujet, et l'on ne regarde
pas sans émotion ce jeune pasteur dont les traits et la physionomie indiquent un cœur noble et
un esprit cultivé, employant toutes les ressources de son intelligence à dégrossir l'enveloppe
i. Voir/'.Art, je année, tome IV, pages 27, 61, 6j, 81, 2JI et 2jj.