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L'ART.
grand temple d'Héliopolis et que Cle'opâtre fit transporter à \ tiné à la grande cité américaine. Le khédive a déclaré tout ré-
Alexandrie pour orner le temple de César. cemment à des visiteurs américains que son intention est d'en
En 1827, l'un de ces anciens monolithes fut donné par Méhé- faire cadeau aux États-Unis dès qu'une demande en règle lui aura
met-Ali aux Anglais, qui se sont enfin décidés à l'emporter; as- j été adressée à ce sujet par la ville de New-York. On évalue les
sailli par une tempête dans la traversée d'Egypte en Angleterre, j frais de transport à 100,000 dollars; plusieurs citoyens desÉtats-
le ponton qui le contenait a manqué se perdre ces jours-ci, comme ' Unis ont déjà promis de souscrire une partie de cette somme,
nous l'avons dit, au large du cap Finistère d'Espagne, et il attend j L'aiguille de Cléopâtre qu'Ismaïl-Pacha se propose de donner
au Ferrol que l'on revienne le remorquer jusque dans la Tamise. ' à l'Amérique porte, comme celle des Anglais, les cartouches de
L'autre obélisque reste maintenant solitaire près de la sta- Touthmès III, delà XVIIIe dynastie (1625-1517 avant J.-C);
tion du chemin de fer de Ramleh à Alexandrie; mais il ne tardera ; les hiéroglyphes ne sont bien conservés que sur deux faces
pas sans doute à traverser l'Atlantique, car c'est lui qui est des- j nord-ouest et sud-ouest. Sa hauteur est de 21 mètres.
NECROLOGIE
— Le doyen des graveurs en médailles, Antoine Bovv,
est mort à Genève le 18 septembre 1877, dans sa 82e année.
Nous devons à l'obligeance de M. Chapu, l'éminent sculp-
teur, la liste des médailles les plus importantes de cet artiste
dont l'œuvre est considérable et digne d'une sérieuse atten-
tion : sous le règne de Louis-Philippe, les médailles com-
mémoratives de l'agrandissement du port du Havre et de
l'agrandissement du port de Marseille, de la construction du
pont de Nemours entre Bayonne et Saint-Esprit, de l'inau-
guration du pont de Thionville, de la construction du Con-
servatoire des Arts-et-Métiers à Paris, les effigies de Cha-
teaubriand, Cuvier, Gay-Lussac,deHumboldt, et la médaille
des grandes lignes de chemins de fer, la plus grande qui ait
été frappée (113 millimètres); sous la République de 1848,
la médaille commémorative du commencement de la con-
struction du chemin de fer de ceinture, celle de la construc-
tion du chemin de fer de Paris à Strasbourg, la médaille de
récompense pour le Salon (sculpture), la grande médaille
« l'Industrie française à M. Thiers », la médaille de récom-
pense de l'Exposition nationale de 1849, la grande médaille
pour l'inauguration des chemins de fer; sous l'Empire, la
télégraphie électrique, la paix de Paris, le mariage du prince
Napoléon, les médailles commémoratives de l'Exposition
universelle de 1855, de la construction des chemins de fer
de l'Ouest, de la bataille de l'Aima, de l'emprunt de 500 mil-
lions, 1859, du départ de l'empereur pour l'Italie, du cho-
léra d'Amiens. Sa dernière médaille a été celle de la con-
struction des Halles centrales. Il* a gravé pour la Suisse
beaucoup de médailles et la monnaie actuelle de la Confé-
dération helvétique. Depuis longtemps il s'était retiré en
Suisse. Antoine Bovy était chevalier de la Légion d'hon-
neur. La nomenclature que nous venons de publier suffit,
encore qu'incomplète, à donner une idée du labeur énorme
auquel le célèbre graveur a consacré son talent pendant sa
longue et brillante carrière.
— Une dépêche annonce la mort du sculpteur Durham.
Né à Londres en 1821, Joseph Durham se fit connaître en
1848 par son buste de Jenny Lind. Il avait déjà fait plusieurs
sujets allégoriques. Durham était, depuis 1868, l'un des
membres les plus distingués de la Royal Academy.
— Un de nos peintres les plus distingués , Gustave
Brion, a succombé, le 4 novembre, à une attaque d'apo-
plexie foudroyante. Brion'n'était âgé que de cinquante-trois
ans. Il était originaire de Rothau (Vosges), et il avait eu
pour maître Gabriel Guérin, l'habile peintre de Strasbourg.
Brion ne vint à Paris qu'en 1850 et ses débuts furent bril-
lants; dès le Salon de 1853, ses Schlitteurs de la Forêt-
Noire furent très-remarqués ; ce tableau était au musée de
Strasbourg; il a malheureusement disparu dans l'incendie
allumé par le bombardement. Depuis cette époque l'activité
de Brion ne s'était pas ralentie; la Noce en Alsace (musée de
Stuttgart), le Bénédicité, Jésus et Pierre sur les eaux, Une
lecture de la Bible, qui lui valut la grande médaille d'hon-
neuren 1868, et qui est aujourd'hui à Berlin, comptent parmi
ses œuvres les plus estimées à la fois par le grand public et
par les connaisseurs. Brion avait également obtenu une
deuxième médaille à l'Exposition universelle de 1867. Il a
exposé au Salon de 1876 les Premiers pas, et au Salon
dernier le Réveil, campement de pèlerins sur le mont Sainte-
Odile. Il était chevalier de la Légion d'honneur depuis
1863.
Chez Brion, les qualités du cœur et de l'esprit étaient
à la hauteur du talent. Il vivait, dans son petit hôtel du
boulevard Arago, d'une vie modeste et retirée, tout entier
à son travail, mais toujours prêt à venir en aide aux débu-
tants et à les éclairer de ses bienveillants conseils. Tous ceux
qui l'ont connu l'ont aimé et tous seront douloureusement
frappés par cette mort inattendue.
En l'absence des membres de sa famille, les plus intimes
amis de l'artiste, et en leur nom MM. W. Bouguereau et
Mouchot, ont pris l'initiative des démarches à faire pour les
obsèques, qui ont été célébrées le mardi ônovembre, aaeux
heures.
— Les journaux anglais annoncent la mort d'un jeune
peintre dont lejalent était plein de promesses, M. Alexan-
dre Maclean. Son tableau le Marché de Covent Garden
statues commandées par le lord-maire, lorsqu'on mit au ; avait été remarqué à juste titre à l'exposition de la Royal
concours le projet d'un monument commémoratif de l'Ex-
position universelle de 1851. Le projet de Durham fut
choisi. C'était une statue de la reine. Cette statue était pres-
que achevée, lorsque, le prince Albert étant mort, la reine
voulut que Durham y substituât la statue du prince consort.
Durham fit encore trois- autres statues du prince. Il a com-
posé également plusieurs groupes très-estimés, et diverses
statues représentant des personnages mythologiques ou des
Academy en 1874, et ses envois aux expositions suivantes
étaient venus confirmer les espérances qu'avait fait con-
cevoir ce premier succès.
— La presse anglaise nous annonce également la mort
d'un ancien membre de l'Institut des peintres aquarellistes,
M. J. C. Reed, auteur de nombreux paysages dont il em-
pruntait les motifs aux sites du pays de Galles, de l'Écosse,
de l'Irlande, et en dernier lieu de l'Angleterre.
Le Directeur-Gérant, EUGÈNE VÉRON.
L'ART.
grand temple d'Héliopolis et que Cle'opâtre fit transporter à \ tiné à la grande cité américaine. Le khédive a déclaré tout ré-
Alexandrie pour orner le temple de César. cemment à des visiteurs américains que son intention est d'en
En 1827, l'un de ces anciens monolithes fut donné par Méhé- faire cadeau aux États-Unis dès qu'une demande en règle lui aura
met-Ali aux Anglais, qui se sont enfin décidés à l'emporter; as- j été adressée à ce sujet par la ville de New-York. On évalue les
sailli par une tempête dans la traversée d'Egypte en Angleterre, j frais de transport à 100,000 dollars; plusieurs citoyens desÉtats-
le ponton qui le contenait a manqué se perdre ces jours-ci, comme ' Unis ont déjà promis de souscrire une partie de cette somme,
nous l'avons dit, au large du cap Finistère d'Espagne, et il attend j L'aiguille de Cléopâtre qu'Ismaïl-Pacha se propose de donner
au Ferrol que l'on revienne le remorquer jusque dans la Tamise. ' à l'Amérique porte, comme celle des Anglais, les cartouches de
L'autre obélisque reste maintenant solitaire près de la sta- Touthmès III, delà XVIIIe dynastie (1625-1517 avant J.-C);
tion du chemin de fer de Ramleh à Alexandrie; mais il ne tardera ; les hiéroglyphes ne sont bien conservés que sur deux faces
pas sans doute à traverser l'Atlantique, car c'est lui qui est des- j nord-ouest et sud-ouest. Sa hauteur est de 21 mètres.
NECROLOGIE
— Le doyen des graveurs en médailles, Antoine Bovv,
est mort à Genève le 18 septembre 1877, dans sa 82e année.
Nous devons à l'obligeance de M. Chapu, l'éminent sculp-
teur, la liste des médailles les plus importantes de cet artiste
dont l'œuvre est considérable et digne d'une sérieuse atten-
tion : sous le règne de Louis-Philippe, les médailles com-
mémoratives de l'agrandissement du port du Havre et de
l'agrandissement du port de Marseille, de la construction du
pont de Nemours entre Bayonne et Saint-Esprit, de l'inau-
guration du pont de Thionville, de la construction du Con-
servatoire des Arts-et-Métiers à Paris, les effigies de Cha-
teaubriand, Cuvier, Gay-Lussac,deHumboldt, et la médaille
des grandes lignes de chemins de fer, la plus grande qui ait
été frappée (113 millimètres); sous la République de 1848,
la médaille commémorative du commencement de la con-
struction du chemin de fer de ceinture, celle de la construc-
tion du chemin de fer de Paris à Strasbourg, la médaille de
récompense pour le Salon (sculpture), la grande médaille
« l'Industrie française à M. Thiers », la médaille de récom-
pense de l'Exposition nationale de 1849, la grande médaille
pour l'inauguration des chemins de fer; sous l'Empire, la
télégraphie électrique, la paix de Paris, le mariage du prince
Napoléon, les médailles commémoratives de l'Exposition
universelle de 1855, de la construction des chemins de fer
de l'Ouest, de la bataille de l'Aima, de l'emprunt de 500 mil-
lions, 1859, du départ de l'empereur pour l'Italie, du cho-
léra d'Amiens. Sa dernière médaille a été celle de la con-
struction des Halles centrales. Il* a gravé pour la Suisse
beaucoup de médailles et la monnaie actuelle de la Confé-
dération helvétique. Depuis longtemps il s'était retiré en
Suisse. Antoine Bovy était chevalier de la Légion d'hon-
neur. La nomenclature que nous venons de publier suffit,
encore qu'incomplète, à donner une idée du labeur énorme
auquel le célèbre graveur a consacré son talent pendant sa
longue et brillante carrière.
— Une dépêche annonce la mort du sculpteur Durham.
Né à Londres en 1821, Joseph Durham se fit connaître en
1848 par son buste de Jenny Lind. Il avait déjà fait plusieurs
sujets allégoriques. Durham était, depuis 1868, l'un des
membres les plus distingués de la Royal Academy.
— Un de nos peintres les plus distingués , Gustave
Brion, a succombé, le 4 novembre, à une attaque d'apo-
plexie foudroyante. Brion'n'était âgé que de cinquante-trois
ans. Il était originaire de Rothau (Vosges), et il avait eu
pour maître Gabriel Guérin, l'habile peintre de Strasbourg.
Brion ne vint à Paris qu'en 1850 et ses débuts furent bril-
lants; dès le Salon de 1853, ses Schlitteurs de la Forêt-
Noire furent très-remarqués ; ce tableau était au musée de
Strasbourg; il a malheureusement disparu dans l'incendie
allumé par le bombardement. Depuis cette époque l'activité
de Brion ne s'était pas ralentie; la Noce en Alsace (musée de
Stuttgart), le Bénédicité, Jésus et Pierre sur les eaux, Une
lecture de la Bible, qui lui valut la grande médaille d'hon-
neuren 1868, et qui est aujourd'hui à Berlin, comptent parmi
ses œuvres les plus estimées à la fois par le grand public et
par les connaisseurs. Brion avait également obtenu une
deuxième médaille à l'Exposition universelle de 1867. Il a
exposé au Salon de 1876 les Premiers pas, et au Salon
dernier le Réveil, campement de pèlerins sur le mont Sainte-
Odile. Il était chevalier de la Légion d'honneur depuis
1863.
Chez Brion, les qualités du cœur et de l'esprit étaient
à la hauteur du talent. Il vivait, dans son petit hôtel du
boulevard Arago, d'une vie modeste et retirée, tout entier
à son travail, mais toujours prêt à venir en aide aux débu-
tants et à les éclairer de ses bienveillants conseils. Tous ceux
qui l'ont connu l'ont aimé et tous seront douloureusement
frappés par cette mort inattendue.
En l'absence des membres de sa famille, les plus intimes
amis de l'artiste, et en leur nom MM. W. Bouguereau et
Mouchot, ont pris l'initiative des démarches à faire pour les
obsèques, qui ont été célébrées le mardi ônovembre, aaeux
heures.
— Les journaux anglais annoncent la mort d'un jeune
peintre dont lejalent était plein de promesses, M. Alexan-
dre Maclean. Son tableau le Marché de Covent Garden
statues commandées par le lord-maire, lorsqu'on mit au ; avait été remarqué à juste titre à l'exposition de la Royal
concours le projet d'un monument commémoratif de l'Ex-
position universelle de 1851. Le projet de Durham fut
choisi. C'était une statue de la reine. Cette statue était pres-
que achevée, lorsque, le prince Albert étant mort, la reine
voulut que Durham y substituât la statue du prince consort.
Durham fit encore trois- autres statues du prince. Il a com-
posé également plusieurs groupes très-estimés, et diverses
statues représentant des personnages mythologiques ou des
Academy en 1874, et ses envois aux expositions suivantes
étaient venus confirmer les espérances qu'avait fait con-
cevoir ce premier succès.
— La presse anglaise nous annonce également la mort
d'un ancien membre de l'Institut des peintres aquarellistes,
M. J. C. Reed, auteur de nombreux paysages dont il em-
pruntait les motifs aux sites du pays de Galles, de l'Écosse,
de l'Irlande, et en dernier lieu de l'Angleterre.
Le Directeur-Gérant, EUGÈNE VÉRON.