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Véron, Eugène: La Société des Amis des Arts de Reims: son histoire - sa neuvième exposition
DOI Page / Citation link:https://doi.org/10.11588/diglit.16907#0031
LA SOCIÉTÉ DES AMIS DES ARTS DE REIMS
SON HISTOIRE - SA NEUVIÈME EXPOSITION
La fondation de la Société des Amis des Arts de Reims
remonte déjà assez loin dans la nuit des temps. La première
exposition qu'elle ait organisée date de 1834, ■— quarante-trois
ans, presque un demi-siècle ; — et si nous y ajoutons les tâton-
nements, les hésitations, les longues démarches qui accompagnent
toujours les initiatives nouvelles, nous ne nous trouverons pas
loin des cinquante ans.
Le Rémois auquel revient l'honneur d'avoir entrepris et
d'avoir mené à bien le groupement de toutes les personnes
qui s'intéressaient au progrès des arts est M. de Saint-Marceaux,
le grand-père du sculpteur. L'amour de l'art est héréditaire dans
cette famille. M. de Saint-Marceaux était alors maire de Reims;
il s'assura d'abord le concours de M. Boisseau aîné, son adjoint
à la mairie, du comte de Chevigné et de M. Poisson, sous-préfet
de l'arrondissement.
Ces quatre hommes unirent leurs efforts et se partagèrent la
besogne. Peu à peu ils entraînèrent avec eux les personnes les
plus riches et les plus influentes de la localité, et enfin, en 1834, ils
purent ouvrir dans la ville de Reims une exposition déjà remar-
quable et publier un livret où le bataillon des Amis des arts se
présentait avec un effectif,de près de quatre cents noms. C'était
beaucoup, car il ne faut pas oublier que Reims, qui compte
aujourd'hui 82,000 habitants, en avait alors tout juste la moitié.
Une seconde exposition eut lieu en 1842, et une troisième
en 1845. Là se bornent les renseignements que nous avons pu
recueillir sur cette première période qui comprend douze
années.
A partir de ce moment, la Société des Amis des Arts de
Reims subit une éclipse de vingt ans. Vers 1865, M. Simon
Dauphinot, alors maire de la ville et aujourd'hui sénateur, conçut
l'heureuse idée de la faire revivre. Grâce à son impulsion et à
l'aide de quelques hommes dévoués comme lui, elle se réorganisa
peu à peu, conformément à des statuts très-simples et très-pra-
tiques, dont voici les dispositions principales :
Les membres titulaires s'engagent pour trois ans à verser
une cotisation de 30 francs, plus une somme égale de 30 francs
pour chaque exposition. Ce versement donne droit à une carte
personnelle d'entrée et à trente billets de 1 franc pour la loterie
qui suit l'exposition.
Les fonds de la Société qui ne sont pas absorbés par les frais
sont consacrés à l'achat de tableaux, gravures, sculptures, dessins
et autres objets d'art, faisant partie de l'exposition. Ces objets
achetés par la Société sont mis en loterie, et le tirage s'opère dans
le mois qui suit la clôture de l'exposition.
Les membres chargés de l'administration de la Société sont
nommés en assemblée générale, parmi les membres titulaires,
pour trois ans. Ils choisissent entre eux leurs président, vice-
président, secrétaire général, deux secrétaires adjoints et un tré-
sorier.
Le maire de la ville est de droit président d'honneur.
L'assemblée générale nomme également, parmi les membres
titulaires, sept personnes qui, jointes aux six qui constituent le
bureau, forment le jury des acquisitions.
La Société ainsi reconstituée au nombre de six cents mem-
bres environ, élut pour administrateurs :
MM. Simon Dauphinot, maire, président d'honneur;
Robillard, premier vice-président ;
E. Disant, deuxième vice-président ;
Diancourt, secrétaire général ;
Gosset-Aubert, secrétaire adjoint ;
Adolphe Dauphinot, secrétaire adjoint;
Alexandre Auger, trésorier.
Les sept membres choisis pour former, en s'adjoignant à la
commission administrative, le jury des acquisitions, furent :
MM. Brunette père, Gosset fils, Henri Lanson, Aug. Mar-
guet, Eug. Cliquot, Alex, de Saint-Marceaux, Louis Guyotin.
C'est dans ces conditions que se fit l'exposition de 1869. Le
succès démontra qu'on avait eu raison de ne pas se laisser arrêter
aux objections et aux scrupules qu'on ne manque jamais chez
nous d'opposer à toute oeuvre d'initiative privée. La recette des
entrées s'éleva à 4,306 fr., chiffre élevé, si l'on songe que le prix
d'entrée pour la semaine est de 50 centimes, et pour le dimanche
de 25 centimes. Il est du reste à remarquer que ce sont surtout
les entrées du dimanche qui grossissent la recette. Les ouvriers
de France ont le goût instinctif de l'art. La somme des achats de
tableaux monta à 43,202 fr.
Encouragée par ce succès, la Société se mit à préparer une
exposition splendide pour l'année suivante. Un de ses membres
les plus actifs, aussi intelligent que dévoué, M. Ad. Dauphinot,
le frère du sénateur, avait conçu le projet de relier le bâtiment du
manège au cirque, où se font les expositions rémoises, par un
jardin rempli de fleurs et couvert d'un vitrage, qui lui aurait
donné l'aspect du salon de sculpture aux expositions annuelles
de Paris. Toutes les dispositions étaient prises ; on pouvait
compter sur un résultat magnifique, quand la guerre éclata et
emporta tous les projets de la Société des Arts de Reims, ainsi
que beaucoup d'autres Ce n'était plus le moment de songer aux
arts. La Société encore une fois s'éclipsa avec la fortune de la
France.
Mais elle se releva avec elle. C'est surtout après des désastres
comme ceux-là qu'il faut se ressaisir et faire preuve d'énergie.
Aussitôt après la libération du territoire, la Société se remit à
l'œuvre.
Le bureau pour 1873 se composa de :
MM. V. Diancourt, maire, président d'honneur ;
E. Disant, président ;
A. Dauphinot, vice-président ;
L. Guyotin, secrétaire général ;
Gosset-Aubert, secrétaire adjoint ;
A. Debatz, secrétaire adjoint;
Al. Auger, trésorier.
Les membres adjoints pour le jury des acquisitions étaient :
MM. S. Dauphinot, Brunette, Gosset fils, Al. de Saint-Mar-
ceaux, E. Irroy, Ch. de Muizon.
1. Le bureau et le jury des acquisitions pour 1870 étaient composés de MM. Werlé, maire, président d'honneur. — E. Disant, premier vice-président. —
Ad. Dauphinot, deuxième vice-président. — Diancourt, secrétaire général. — Gosset-Aubert, secrétaire adjoint. — Aug. Marguet, secrétaire adjoint. — Al. Auger,
trésorier. — Brunette, Debatz, Gosset fils, Irrov, S. Dauphinot, Al. de Saint-Marceaux, Louis Guyotin. Cette commission n'a pas fonctionné.
SON HISTOIRE - SA NEUVIÈME EXPOSITION
La fondation de la Société des Amis des Arts de Reims
remonte déjà assez loin dans la nuit des temps. La première
exposition qu'elle ait organisée date de 1834, ■— quarante-trois
ans, presque un demi-siècle ; — et si nous y ajoutons les tâton-
nements, les hésitations, les longues démarches qui accompagnent
toujours les initiatives nouvelles, nous ne nous trouverons pas
loin des cinquante ans.
Le Rémois auquel revient l'honneur d'avoir entrepris et
d'avoir mené à bien le groupement de toutes les personnes
qui s'intéressaient au progrès des arts est M. de Saint-Marceaux,
le grand-père du sculpteur. L'amour de l'art est héréditaire dans
cette famille. M. de Saint-Marceaux était alors maire de Reims;
il s'assura d'abord le concours de M. Boisseau aîné, son adjoint
à la mairie, du comte de Chevigné et de M. Poisson, sous-préfet
de l'arrondissement.
Ces quatre hommes unirent leurs efforts et se partagèrent la
besogne. Peu à peu ils entraînèrent avec eux les personnes les
plus riches et les plus influentes de la localité, et enfin, en 1834, ils
purent ouvrir dans la ville de Reims une exposition déjà remar-
quable et publier un livret où le bataillon des Amis des arts se
présentait avec un effectif,de près de quatre cents noms. C'était
beaucoup, car il ne faut pas oublier que Reims, qui compte
aujourd'hui 82,000 habitants, en avait alors tout juste la moitié.
Une seconde exposition eut lieu en 1842, et une troisième
en 1845. Là se bornent les renseignements que nous avons pu
recueillir sur cette première période qui comprend douze
années.
A partir de ce moment, la Société des Amis des Arts de
Reims subit une éclipse de vingt ans. Vers 1865, M. Simon
Dauphinot, alors maire de la ville et aujourd'hui sénateur, conçut
l'heureuse idée de la faire revivre. Grâce à son impulsion et à
l'aide de quelques hommes dévoués comme lui, elle se réorganisa
peu à peu, conformément à des statuts très-simples et très-pra-
tiques, dont voici les dispositions principales :
Les membres titulaires s'engagent pour trois ans à verser
une cotisation de 30 francs, plus une somme égale de 30 francs
pour chaque exposition. Ce versement donne droit à une carte
personnelle d'entrée et à trente billets de 1 franc pour la loterie
qui suit l'exposition.
Les fonds de la Société qui ne sont pas absorbés par les frais
sont consacrés à l'achat de tableaux, gravures, sculptures, dessins
et autres objets d'art, faisant partie de l'exposition. Ces objets
achetés par la Société sont mis en loterie, et le tirage s'opère dans
le mois qui suit la clôture de l'exposition.
Les membres chargés de l'administration de la Société sont
nommés en assemblée générale, parmi les membres titulaires,
pour trois ans. Ils choisissent entre eux leurs président, vice-
président, secrétaire général, deux secrétaires adjoints et un tré-
sorier.
Le maire de la ville est de droit président d'honneur.
L'assemblée générale nomme également, parmi les membres
titulaires, sept personnes qui, jointes aux six qui constituent le
bureau, forment le jury des acquisitions.
La Société ainsi reconstituée au nombre de six cents mem-
bres environ, élut pour administrateurs :
MM. Simon Dauphinot, maire, président d'honneur;
Robillard, premier vice-président ;
E. Disant, deuxième vice-président ;
Diancourt, secrétaire général ;
Gosset-Aubert, secrétaire adjoint ;
Adolphe Dauphinot, secrétaire adjoint;
Alexandre Auger, trésorier.
Les sept membres choisis pour former, en s'adjoignant à la
commission administrative, le jury des acquisitions, furent :
MM. Brunette père, Gosset fils, Henri Lanson, Aug. Mar-
guet, Eug. Cliquot, Alex, de Saint-Marceaux, Louis Guyotin.
C'est dans ces conditions que se fit l'exposition de 1869. Le
succès démontra qu'on avait eu raison de ne pas se laisser arrêter
aux objections et aux scrupules qu'on ne manque jamais chez
nous d'opposer à toute oeuvre d'initiative privée. La recette des
entrées s'éleva à 4,306 fr., chiffre élevé, si l'on songe que le prix
d'entrée pour la semaine est de 50 centimes, et pour le dimanche
de 25 centimes. Il est du reste à remarquer que ce sont surtout
les entrées du dimanche qui grossissent la recette. Les ouvriers
de France ont le goût instinctif de l'art. La somme des achats de
tableaux monta à 43,202 fr.
Encouragée par ce succès, la Société se mit à préparer une
exposition splendide pour l'année suivante. Un de ses membres
les plus actifs, aussi intelligent que dévoué, M. Ad. Dauphinot,
le frère du sénateur, avait conçu le projet de relier le bâtiment du
manège au cirque, où se font les expositions rémoises, par un
jardin rempli de fleurs et couvert d'un vitrage, qui lui aurait
donné l'aspect du salon de sculpture aux expositions annuelles
de Paris. Toutes les dispositions étaient prises ; on pouvait
compter sur un résultat magnifique, quand la guerre éclata et
emporta tous les projets de la Société des Arts de Reims, ainsi
que beaucoup d'autres Ce n'était plus le moment de songer aux
arts. La Société encore une fois s'éclipsa avec la fortune de la
France.
Mais elle se releva avec elle. C'est surtout après des désastres
comme ceux-là qu'il faut se ressaisir et faire preuve d'énergie.
Aussitôt après la libération du territoire, la Société se remit à
l'œuvre.
Le bureau pour 1873 se composa de :
MM. V. Diancourt, maire, président d'honneur ;
E. Disant, président ;
A. Dauphinot, vice-président ;
L. Guyotin, secrétaire général ;
Gosset-Aubert, secrétaire adjoint ;
A. Debatz, secrétaire adjoint;
Al. Auger, trésorier.
Les membres adjoints pour le jury des acquisitions étaient :
MM. S. Dauphinot, Brunette, Gosset fils, Al. de Saint-Mar-
ceaux, E. Irroy, Ch. de Muizon.
1. Le bureau et le jury des acquisitions pour 1870 étaient composés de MM. Werlé, maire, président d'honneur. — E. Disant, premier vice-président. —
Ad. Dauphinot, deuxième vice-président. — Diancourt, secrétaire général. — Gosset-Aubert, secrétaire adjoint. — Aug. Marguet, secrétaire adjoint. — Al. Auger,
trésorier. — Brunette, Debatz, Gosset fils, Irrov, S. Dauphinot, Al. de Saint-Marceaux, Louis Guyotin. Cette commission n'a pas fonctionné.