LA SOCIÉTÉ DES AMIS DES ARTS DE BESANÇON
SON HISTOIRK ■— SA SEPTIEME EXPOSITION
Ce n'est pas chose aussi facile qu'on pourrait croire de faire
l'histoire des Sociétés des Amis des Arts. Pour peu qu'elles
datent de quelques années, les documents authentiques sont
introuvables et les souvenirs sont confus. Il faut parfois frapper
à bien des portes avant de trouver ce que l'on cherche.....quand
on le trouve.
Ce qui est plus étrange, c'est que quelques-uns des membres
de ces Sociétés, et parfois ceux-là mêmes qui seraient le mieux
en mesure de fournir les renseignements nécessaires, ne parais-
sent pas soupçonner qu'il puisse leur être utile d'avoir le con-
cours de la presse dans la tâche qu'ils se sont assignée de « déve-
lopper et d'élever le goût des arts ». On en rencontre qui vous
accueillent d'un air de bienveillance protectrice, comme un
reporter en quête de copie pour son journal, et qui se débarras-
sent de vos questions par des promesses qu'ils oublient, une fois
la porte fermée. Il semble vraiment qu'ils voient je ne sais quelle
indiscrétion à ce qu'un journal d'art s'inquiète de la situation de
l'art dans leur département. C'est pour eux comme si un étran-
ger se mêlait de leurs affaires personnelles.
Cette manière de comprendre l'intérêt des arts est trop sin-
gulière pour n'être pas signalée, ne fût-ce qu'à titre de curiosité.
Par bonheur elle est assez rare et amplement compensée par la
cordialité et l'empressement du plus grand nombre.
La Société des Amis des Arts de Besançon a été fondée en
1858, grâce à l'initiative de quelques artistes, énergiquement
soutenus par un riche amateur, qui était lui-même un artiste
distingué, le baron Armand de Fraguier. Comprenant la diffi-
culté qu'ils auraient à recruter des adhérents à la Société future,
s'ils ne commençaient par prouver par un succès la possibilité de
son existence, ils décidèrent d'organiser avant tout une exposition
d'artistes vivants, nés en Franche-Comté ou domiciliés à Besan-
çon. Il fallait donner à cette exhibition tout l'éclat possible.
Ceux des artistes franc-comtois qui avaient depuis longtemps
quitté le pays natal offrirent cordialement leur concours à leurs
compatriotes, et l'on put réunir ainsi 295 numéros, parmi lesquels
se trouvaient un grand nombre d'oeuvres remarquables.
Parmi les noms portés au livret, nous distinguons les sui-
vants : Gigoux, Gérôme, Clesinger, Courbet, Fanart, Baron,
Bavoux, Donzel, Lançon, le vicomte Chiflet, Giacomotti, Émile
Vernier, Becquet, Besson père, Besson Faustin, le baron de Fra-
guier, Marquiset Camille, Elmerich, Bruand d'Uzelle, Billardet,
de Brevans, Mmc Escalier, etc.
Le comité organisateur de cette première exposition se
composait de MM. A. de Fraguier, N. Bavoux, A. Fanart,
H. Chapuis, J. Lunteschutz.
Le succès fut éclatant. On le mit à profit pour fonder immé-
diatement la Société. Quelques mois après elle était complète-
ment organisée.
Chaque sociétaire paye une cotisation annuelle de 10 francs.
Mais pour augmenter les ressources de la Société on imagina
d'émettre dans le public des actions de 5 francs, ■— qui furent
réduites, en 1872, à 2 fr. 50, et, en 1877, à 1 fr., —portant un
numéro et participant au bénéfice d'une loterie qui doit être
tirée le lendemain de la clôture de chaque exposition. Quatre
actions prises par une même personne donnent droit à une carte
d'entrée.
Des médailles en nombre variable sont décernées par la
Société aux œuvres les plus méritantes. Parfois des particuliers
y ajoutent des encouragements spéciaux. Ainsi, je trouve au
catalogue de l'exposition de 1862 la mention d'une médaille
d'or de 200 francs, offerte pa: un banquier de la ville,
M. Adolphe Weil-Picard.
Cette exposition de 1862, qui est cansidéréc comme la
seconde de la Société, bien qu'en réalité elle soit la première,
puisque l'exposition de 1858 avait été faite avant la constitution
de la Société des Amis des Arts, eut également un très-vif succès.
La commission administrative se composait de :
MM. le baron Armand de Fraguier, président ;
le vicomte Ferdinand Chiflet, premier vice-pré-
sident :
Marnotte, deuxième vice-président ;
Léon Proudhon, trésorier;
N. Bavoux, secrétaire;
Et de treize membres qui étaient : MM. Alexandre Ber-
trand, Alexandre de Boulot, Léon Brétillot, Charles de
Chaffoy, Honoré Chapuis, Fanart, Alfred d'Hotelans, Vincent
! de Jankowitz, Camille Marquiset, Monnot-Arbilleur, Jules
1
Moutrille, François Porteret, le marquis Léonce Terrier de
Sentans.
Il y eut une troisième exposition en 1864. Je n'ai pu trouver
aucun renseignement qui s'y rapportât.
Dans l'intervalle qui s'écoula entre cette exposition et celle
de 1868, la Société ouvrit une salle de réunion où les artistes
sociétaires peuvent exposer leurs œuvres, et où l'on a réuni un
certain nombre des principales publications artistiques.
L'exposition de 1868 fut plus considérable que les précé-
dentes, sinon par la qualité, du moins par la quantité des œuvres.
Le catalogue porte 3S7 numéros.
Commission administrative :
MM. le préfet du Doubs et le maire de Besançon, pré-
sidents d'honneur ;
le baron Armand de Fraguier, président;
le vicomte Ferdinand Chiflet, vice-président;
Camille Marquiset, trésorier;
Charles Chappuis, sec étaire;
Les autres membres étaient :
MM. A. Barbaud, L. Brétillot, H. Chapuis, A. Fanart,
E. Gérard, J. Gros, A. d'Hotelans, R. Marnotte, J. Moutrille,
G. Oudet, F. Porteret, Saint-Ginest.
La cinquième exposition eut lieu en 1870. Elle réunit
351 numéros.
Commission administrative :
MM. le préfet du Doubs, le maire de Besançon, le
baron de Fraguier, présidents d'honneur ;
le vicomte Chiflet, président ;
A. d'Hotelans, vice-président ;
C. Marquiset, trésorier ;
E. Isenbart, secrétaire:
A. Barbaud, N. Bavoux, L. Brétillot, de Chaffov,
H. Chapuis, A. Fanart, Marnotte, J. Moutrille, Porteret,
Saint-Ginest, G. Vieille.
L'exposition de 1872 présenta une particularité intéressante.
A l'exposition des artistes vivants on adjoignit une exposi-
tion rétrospective de tableaux anciens et modernes, appartenant
aux amateurs de la ville. La première réunit 290 numéros, et la
SON HISTOIRK ■— SA SEPTIEME EXPOSITION
Ce n'est pas chose aussi facile qu'on pourrait croire de faire
l'histoire des Sociétés des Amis des Arts. Pour peu qu'elles
datent de quelques années, les documents authentiques sont
introuvables et les souvenirs sont confus. Il faut parfois frapper
à bien des portes avant de trouver ce que l'on cherche.....quand
on le trouve.
Ce qui est plus étrange, c'est que quelques-uns des membres
de ces Sociétés, et parfois ceux-là mêmes qui seraient le mieux
en mesure de fournir les renseignements nécessaires, ne parais-
sent pas soupçonner qu'il puisse leur être utile d'avoir le con-
cours de la presse dans la tâche qu'ils se sont assignée de « déve-
lopper et d'élever le goût des arts ». On en rencontre qui vous
accueillent d'un air de bienveillance protectrice, comme un
reporter en quête de copie pour son journal, et qui se débarras-
sent de vos questions par des promesses qu'ils oublient, une fois
la porte fermée. Il semble vraiment qu'ils voient je ne sais quelle
indiscrétion à ce qu'un journal d'art s'inquiète de la situation de
l'art dans leur département. C'est pour eux comme si un étran-
ger se mêlait de leurs affaires personnelles.
Cette manière de comprendre l'intérêt des arts est trop sin-
gulière pour n'être pas signalée, ne fût-ce qu'à titre de curiosité.
Par bonheur elle est assez rare et amplement compensée par la
cordialité et l'empressement du plus grand nombre.
La Société des Amis des Arts de Besançon a été fondée en
1858, grâce à l'initiative de quelques artistes, énergiquement
soutenus par un riche amateur, qui était lui-même un artiste
distingué, le baron Armand de Fraguier. Comprenant la diffi-
culté qu'ils auraient à recruter des adhérents à la Société future,
s'ils ne commençaient par prouver par un succès la possibilité de
son existence, ils décidèrent d'organiser avant tout une exposition
d'artistes vivants, nés en Franche-Comté ou domiciliés à Besan-
çon. Il fallait donner à cette exhibition tout l'éclat possible.
Ceux des artistes franc-comtois qui avaient depuis longtemps
quitté le pays natal offrirent cordialement leur concours à leurs
compatriotes, et l'on put réunir ainsi 295 numéros, parmi lesquels
se trouvaient un grand nombre d'oeuvres remarquables.
Parmi les noms portés au livret, nous distinguons les sui-
vants : Gigoux, Gérôme, Clesinger, Courbet, Fanart, Baron,
Bavoux, Donzel, Lançon, le vicomte Chiflet, Giacomotti, Émile
Vernier, Becquet, Besson père, Besson Faustin, le baron de Fra-
guier, Marquiset Camille, Elmerich, Bruand d'Uzelle, Billardet,
de Brevans, Mmc Escalier, etc.
Le comité organisateur de cette première exposition se
composait de MM. A. de Fraguier, N. Bavoux, A. Fanart,
H. Chapuis, J. Lunteschutz.
Le succès fut éclatant. On le mit à profit pour fonder immé-
diatement la Société. Quelques mois après elle était complète-
ment organisée.
Chaque sociétaire paye une cotisation annuelle de 10 francs.
Mais pour augmenter les ressources de la Société on imagina
d'émettre dans le public des actions de 5 francs, ■— qui furent
réduites, en 1872, à 2 fr. 50, et, en 1877, à 1 fr., —portant un
numéro et participant au bénéfice d'une loterie qui doit être
tirée le lendemain de la clôture de chaque exposition. Quatre
actions prises par une même personne donnent droit à une carte
d'entrée.
Des médailles en nombre variable sont décernées par la
Société aux œuvres les plus méritantes. Parfois des particuliers
y ajoutent des encouragements spéciaux. Ainsi, je trouve au
catalogue de l'exposition de 1862 la mention d'une médaille
d'or de 200 francs, offerte pa: un banquier de la ville,
M. Adolphe Weil-Picard.
Cette exposition de 1862, qui est cansidéréc comme la
seconde de la Société, bien qu'en réalité elle soit la première,
puisque l'exposition de 1858 avait été faite avant la constitution
de la Société des Amis des Arts, eut également un très-vif succès.
La commission administrative se composait de :
MM. le baron Armand de Fraguier, président ;
le vicomte Ferdinand Chiflet, premier vice-pré-
sident :
Marnotte, deuxième vice-président ;
Léon Proudhon, trésorier;
N. Bavoux, secrétaire;
Et de treize membres qui étaient : MM. Alexandre Ber-
trand, Alexandre de Boulot, Léon Brétillot, Charles de
Chaffoy, Honoré Chapuis, Fanart, Alfred d'Hotelans, Vincent
! de Jankowitz, Camille Marquiset, Monnot-Arbilleur, Jules
1
Moutrille, François Porteret, le marquis Léonce Terrier de
Sentans.
Il y eut une troisième exposition en 1864. Je n'ai pu trouver
aucun renseignement qui s'y rapportât.
Dans l'intervalle qui s'écoula entre cette exposition et celle
de 1868, la Société ouvrit une salle de réunion où les artistes
sociétaires peuvent exposer leurs œuvres, et où l'on a réuni un
certain nombre des principales publications artistiques.
L'exposition de 1868 fut plus considérable que les précé-
dentes, sinon par la qualité, du moins par la quantité des œuvres.
Le catalogue porte 3S7 numéros.
Commission administrative :
MM. le préfet du Doubs et le maire de Besançon, pré-
sidents d'honneur ;
le baron Armand de Fraguier, président;
le vicomte Ferdinand Chiflet, vice-président;
Camille Marquiset, trésorier;
Charles Chappuis, sec étaire;
Les autres membres étaient :
MM. A. Barbaud, L. Brétillot, H. Chapuis, A. Fanart,
E. Gérard, J. Gros, A. d'Hotelans, R. Marnotte, J. Moutrille,
G. Oudet, F. Porteret, Saint-Ginest.
La cinquième exposition eut lieu en 1870. Elle réunit
351 numéros.
Commission administrative :
MM. le préfet du Doubs, le maire de Besançon, le
baron de Fraguier, présidents d'honneur ;
le vicomte Chiflet, président ;
A. d'Hotelans, vice-président ;
C. Marquiset, trésorier ;
E. Isenbart, secrétaire:
A. Barbaud, N. Bavoux, L. Brétillot, de Chaffov,
H. Chapuis, A. Fanart, Marnotte, J. Moutrille, Porteret,
Saint-Ginest, G. Vieille.
L'exposition de 1872 présenta une particularité intéressante.
A l'exposition des artistes vivants on adjoignit une exposi-
tion rétrospective de tableaux anciens et modernes, appartenant
aux amateurs de la ville. La première réunit 290 numéros, et la