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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 4)

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Bonnaffé, Edmond: Le commerce des objets d'art et les ventes publiques, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16907#0147

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LE COMMERCE DES OBJETS D'ART

LES VENTES PUBLIQUES

vir

oulanges écrivait à M"10 de Sévigné2 : « C'est de l'or en barre
que les tableaux; il n'y eut jamais de meilleure acquisition. Vous
les vendrez toujours au double quand il vous plaira. Ne vous
ennuyez donc pas d'en avoir toujours de nouveaux à Grignan,
et parez-en vos cours et avant-cours quand vous en aurez suf-
fisamment pour toutes vos chambres. » Coulanges avait raison ;
l'élan était donné, la curiosité augmentait graduellement ses
affaires, ses prix et sa clientèle. En 1673, on compte à Paris
quatre-vingt-cinq cabinets principaux3, vingt ans plus tard de
Blegny4 donne les noms de cent trente-quatre fameux curieux
i^re du xv.. siècle, collection Bon.<ré. Parisiens, et leur place est si considérable, si évidente, que la

Bruyère leur consacre un chapitre ; ce sont des caractères 5.
A quelle cause faut-il donc attribuer la pénurie des catalogues sous Louis XIV? Comment le
développement rapide des curieux n'a-t-il pas pour conséquence un accroissement dans le chiffre
des ventes ?

D'abord les grandes galeries, les seules pour lesquelles on faisait des frais de publicité,
sortent le moins possible de la famille. Quand par hasard un amateur ou ses héritiers veulent se
défaire d'une collection, ils trouveront bien moyen de traiter avec le roi, les échevins, le gouver-
neur de la province, ou quelque seigneur en train de se monter un cabinet. A leur défaut,
on préfère vendre en bloc à un marchand qui détaillera sans afficher le nom du vendeur. Natu-
rellement ces transactions se passent à l'amiable et n'entraînent ni publications, ni trompette, ni
huissier-priseur, ni catalogue.

D'ailleurs l'organisation d'une vente particulière n'était pas chose facile; il fallait compter
avec les privilèges des corps de métiers. La Communauté des Peintres prétendait se réserver la
vente exclusive des ouvrages de peinture; plusieurs ordonnances interdisaient « même aux huis-
siers ou autres particuliers de faire des ventes publiques de tableaux, si ce n'est en cas d'inven-
taire et de saisie, ou en vertu d'une ordonnance du lieutenant civil6». Les Libraires n'étaient pas
plus accommodants; ils vendaient souvent aux enchères, mais pour leur compte, dans leur bou-
tique et sans catalogue. Le docteur Lister raconte7 qu'il se rendit à une de ces ventes rue
Saint-Jacques, centre principal de la librairie parisienne8 : « Il y avait, dit le voyageur anglais,
quarante ou cinquante personnes, abbés ou moines pour la plupart. On traînait et on lanternait
la vente autant que chez nous, et c'était fort cher. UHispania illustrata d'André Schott, édition
de Francfort, de vingt.livres sa mise à prix, monta petit à petit à trente-six, prix auquel elle fut

1. Voir l'Art, 5e année, tome [II, pages 75, 14?, 195, ;oj, 515, et tome IV, page 97.

2. Août 1675.

). j. Spon, Recherche des antiquités et curiosités de la ville de Lyon, 1675.

4. Livre Commode.

5. Chap. de la Mode.

6. Voir notamment un arrêt de la Cour du Parlement du ;i mars 1685.

7. Voyage à Paris. Ed. 187j, p. 127.

8. Guy Patin appelait Sébastien Cramoisy le roy de la rue Saint-Jacques parmi les libraires.
 
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