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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 4)

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Véron, Eugène: La Société des Amis des Arts de Saint-Quentin et du département de l'Aisne: son histoire - sa deuxième exposition
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https://doi.org/10.11588/diglit.16907#0055

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44

L'ART.

les plus éclairés aurait pour résultat de permettre des comparai-
sons qui ne seraient pas moins utiles aux artistes de la localité
qu'au public; personne n'aurait à se plaindre ; les expositions
des départements cesseraient d'être encombrées de croûtes qui
ne peuvent avoir sur le goût aucun effet utile, qui rebutent les
visiteurs, et les artistes étrangers renonceraient à l'habitude
qu'ils prennent d'envoyer à ces expositions des esquisses infor-
mes et des raclures de palette.

Ainsi l'exposition de Saint-Quentin, réduite au grand salon,
qui peut contenir environ 350 numéros, serait très-intéressante.
Elle attirerait plus de monde et serait plus utile, par l'élévation
même du niveau. Une autre considération qui a aussi son impor-
tance, c'est que cette sévérité, en diminuant le nombre des
envois, allégerait les frais dans une certaine proportion, et per-
mettrait parla même de consacrer quelques centaines de francs
de plus à l'achat des tableaux pour la loterie.

Ceux des membres de la Société qui inclinent dans le sens
que j'indique ici et dont je ne fais que reproduire les idées me
paraissent être dans le vrai. S'ils parvenaient à décider leurs
collègues à entrer dans cette voie, la Société des Amis des Arts
de Saint-Quentin donnerait un exemple qui serait certainement
suivi par les autres. Ce serait un véritable service rendu à l'art.
Cette réforme se recommande à l'attention des hommes d'initia-
tive qui ont déjà tant fait pour lui, dans ce pays où leurs efforts
semblaient d'avance condamnés à l'insuccès.

La commission administrative pour les expositions de 1876
et 1877 était ainsi composée:

MM. Mariolle-Pinguet,maire de Saint-Quentin, président
d'honneur ;
Ruet-Jacquemin, président •
Malézieux (Henri), vice-président :
Duval (Jules), secrétaire ;
Hachet-Souplet, secrétaire ;
Cardon (Henri|, trésorier ;
Regnaui.t (Feux), membre;
Moureau (Jules), id.
Rousseau (Emile), id.
Jourdain (René), id.

Pour former le jury d'admission et des acquisitions, on ad-
joignit à la commission exécutive les membres suivants :

MM. P. Bénard, V. Briquet, J. Coûtant, Ed. Dufour,
Lkmaire, de Bohain, Paisant, Pingukt-Védie, Vinmer.

Parmi les artistes étrangers qui figurent au Salon de Saint-
Quentin, nous relevons un certain nombre de noms connus :
Isabey, Jules Dupre, Diazj Ph. Rousseau, Daubigny, Vollon,
Harpignies, E. Levy, Brown, Ribot, Glaize, Landelle, Mcttling,
Luminais, Lambinet, Feyen-Perrin, Lansyer, Berchère, Lapos-
tolet, Barillot, Beauverie, Brielman, Paul Colin, Defaux,
Héreau, de Neuville, Segé, Clairin, Yon, Appian, Barrias,
M110 Abbema, etc.

Nous laisserons de côté leurs œuvres dont la plupart ont
déjà figuré aux expositions de Paris, pour ne nous occuper que
des artistes qui se rattachent de plus ou moins près à la localité.

Nous n'aurons pas du reste à nous y arrêter longtemps, car,
malheureusement, nous trouvons à leur actif bien peu d'œuvres
qu'il soit utile d'examiner en détail.

Ce que nous voyons de plus remarquable, ce sont les tableaux
et surtout les dessins de M. Butin.

Les lecteurs de l'Art connaissent la manière de peindre de
M. Butin1. C'est un artiste plein de conscience, et qui s'inquiète
avant tout de mettre dans ses oeuvres une idée ou un sentiment.
11 ne choisit pas ses sujets au hasard ; il faut qu'ils lui soient im-

posés par une impression personnelle, et c'est par là qu'il est
vraiment artiste et mérite la sympathie et l'estime des hommes
qui s'intéressent à la dignité de l'art. Mais sa nature le porte aux
impressions tristes plutôt que gaies. Ce qui paraît le frapper sur-
tout, c'est le côté sombre de la vie des pécheurs, qu'il excelle à
reproduire. Sa manière sévère et un peu terne est en conformité
parfaite avec l'austérité de sa pensée ; aussi n'y a-t-il là rien qui
soit de nature à séduire ceux qui cherchent surtout dans la pein-
ture la décoration et le plaisir des yeux. Des deux tableaux qu'il
expose, l'un, le Retour de la pêche, paraît exagérer encore la
note mélancolique qui lui est ordinaire : quant à l'autre, les
Travailleurs de la mer, il est un peu hâté, et malgré la puissance
d'expression qui s'en dégage, il a besoin d'être repris et complété
dans quelques-unes de ses parties.

Mais pour ses dessins, nous n'avons qu'à louer. M. Butin est
un dessinateur hors ligne ,• personne n'est plus que lui maître de
son crayon. Les trois dessins qu'il expose, dont l'un est très-im-
portant, le Bain, sont des œuvres vraiment parfaites.. Les deux
autres représentent des enfants.

M. Pille est aussi un dessinateur, mais dans un genre tout
différent2. Ses deux cadres, Attaque et Victoire et Devant la
taverne, sont pleins de gaieté et d'humour. Il manie la plume
avec une maestria égale à celle que déploie M. Butin avec son
crayon, mais, bien qu'il n'ait pas le style et l'accent personnel du
peintre ordinaire de Villerville, il possède une franchise d'allure
et un brio des plus remarquables. Je ne dis rien de son tableau :
Lecture du décret du 24 février ij()3 en Bretagne, parce que je
ne pourrais que répéter ce qui en a été dit dans l'Art, dans le
compte rendu du Salon où a figuré cette œuvre distinguée3.

Le Chemin de la ville de M. Bligny n'a aucune prétention à
la grande peinture, mais il n'en a pas moins son mérite propre.
Il faut en louer la sincérité d'impression, et la justesse de manie-
ment des personnages. On se sent en face d'une scène aussi sim-
ple que réelle et les gestes ont été saisis au vol. Cette vérité des
attitudes est frappante et nous devons d'autant plus la constater
que c'est une des choses dont nos peintres de genre paraissent le
moins se mettre en peine. Ils s'efforcent d'ordinaire beaucoup
plus de tirer l'œil par le tapage des couleurs ou par la
recherche du sujet que par l'observation directe de la vie, que
prisaient si fort les vieux peintres des écoles flamande et hol-
landaise.

Les deux aquarelles du même artiste, Une Affaire d'honneur
et De brigade en brigade, ont des qualités du même genre, sans
compter le mérite de la facture qui est incontestable. Je ferai
cependant une légère restriction pour la seconde, dont la colora-
tion manque un peu de simplicité. L'auteur évidemment a fait
effort pour multiplier les taches, et il est tombé dans un excès
qui frise le papillotage.

La peinture de M. Henriet est un peu terne et monochrome.
Il paraît mieux réussir dans l'aquarelle. Cependant il faut recon-
naître que la tristesse de son coloris produit un assez bon effet
dans son tableau de l'Etang de Pereuse. C'est bien là l'impres-
sion de calme un peu monotone qui caractérise la région des
étangs.

M. Schmidt a quelquefois mieux .réussi que cette année. Ses
natures mortes manquent de virtuosité ; or c'est là une qualité
nécessaire au genre. A cela près, ses Biscuits ne seraient pas
mauvais, si les plans étaient mieux observés, et s'ils n'entraient
pas dans la bouteille devant laquelle ils sont censés être placés.
Son Philosophe est une assez bonne étude de tête d'âne.

Nous pouvons répéter à propos de M. Valton ce que nous
avons dit de M. Bligny. L'attitude et le geste des enfants qui
s'amusent à faire naviguer le Petit bateau dans une auge sont bien
observés. Le plus grand surtout, qui regarde assis sur un coin de

1. Voir l'Art, y année, tome II, page 200, et tome III, pages 183 et 184.

2. Voir l'Art, 20 année, tome III, page 281.

3. Voir l'Art, ir8 année, tome II, page 247.
 
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