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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 3.1877 (Teil 4)

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Havard, Henry: Les origines de la faïence de Delft
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https://doi.org/10.11588/diglit.16907#0171

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152 L'ART.

zing1, qu'en 1,572 un faïencier du nom de Bogaert fut compris parmi les cinquante-sept bourgeois
de Haarlem exclus de l'amnistie accordée par le duc d'Albe. C'était un geléijer plateelbacker, c'est-
à-dire un fabricant de faïences grossières. Mais la céramique hollandaise était alors dans son enfance.

Quant à sa fiancée, elle était probablement la fille d'un potier. Il y avait en effet, en ce
temps, à Delft, sur VOosteinde, à l'endroit même où nous retrouvons plus tard Herman Pietersz,
toute une famille de pottebackers fort riches, du nom de Cornelisz. L'un d'eux, Aryen Cornelisz,
sans doute le frère d'Anna, se maria le 27 avril 1585, et trente-cinq ans plus tard, sur le « Livre
des biens-fonds de 1620 2 », nous le retrouvons possesseur d'une dizaine d'immeubles. Rien d'éton-
nant donc à ce qu'après la mort de son beau-père, Herman Pietersz ait été appelé à participer à
l'opulente succession qui devait transformer son beau-frère en marquis de Carabas.

Quoi qu'il en soit, qu'Herman Pietersz ait dû son aisance à un héritage ou à son propre
génie, il semble impossible de lui contester sérieusement le titre de promoteur de l'industrie céra-
mique à Delft. Non-seulement toutes les présomptions sont en sa faveur, mais encore toutes les

preuves, tous les documents forment un faisceau compacte,
indestructible, et que vient encore resserrer, si je puis dire
ainsi, une mention intéressante que nous rencontrons sur
le Register vaut' haertsteedegelt de 1600. Car, en même
temps que nous voyons apparaître le premier plateelbacker,
nous voyons se manifester une industrie nouvelle, inconnue
jusque-là, celle du marchand de terre à poterie.

A la page 44 de ce Register nous trouvons, en effet,
le nom de Henryck Johansz, qualifié de Pottaert vercooper.
Or nous apprendrons justement dans la suite que la faïence
de Delft devait une partie de ses qualités aux trois sortes
de terre dont elle était composée, et dont l'une était
apportée des environs de Tournay, en Belgique. Ainsi
donc, on avait pu faire, avant ce temps, des poteries vul-
gaires, en terre rouge, couvertes avec un vernis plombifère;
mais la vraie faïence à biscuit jaune, avec engobe coloré
et émail stannifère, c'est-à-dire la faïence de Delft, n'a vu

Aiguière patriotique, décorée en camaïeu bleu. '

(Collection de m. Gasnauit, à Paris.) le jour que lorsque tous les éléments indispensables à sa

fabrication ont été réunis.

Ces citations nous semblent suffisantes, et nous les bornerons là. On pourrait les continuer,
du reste, indéfiniment, sans rencontrer ni contestation ni démenti. Les vieux livres s'accordent
avec les vieux documents, et de cette précieuse concordance il doit résulter cette certitude absolue
qu'on peut accepter l'année 1600 comme date originelle des premières plateelbackerijen delftoises,
et le nom d'Herman Pietersz comme celui du promoteur de cette magnifique production.

Ainsi se trouvent réfutés, pièces en main, ces récits fantaisistes qui, s'inscrivant en faux contre
tant d'auteurs vénérables, prétendaient faire remonter la faïence de Delft à des époques légen-
daires, et, sans preuves comme sans raisons plausibles, refusaient à la Néerlande la création de
ce bel art industriel, pour le dire importé par des ouvriers allemands.

Henry Havard.

1. Beschryvinge ende lof der stad Haarlem in Holland. Haarlem, 1628.

2. Legger vande Ycrpondingcn opten huysen, etc. 1620.
 
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