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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 5.1879 (Teil 1)

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Tardieu, Charles: La peinture a l'Exposition universelle de 1878, [3]: l'école anglaise
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https://doi.org/10.11588/diglit.17799#0111

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98 L'ART.

de précieux et indiscutables privilèges. Mais, réserves faites quant au programme, le talent
dépensé et le capital acquis sont si considérables qu'il n'y a plus qu'à s'incliner.

En revanche, par un singulier renversement des rôles, il semble parfois que la peinture
anglaise s'amuse à emprunter à l'aquarelle ses effets, ses procédés et jusqu'à ses outils. Est-ce
par esprit de représailles ? Peut-être. Est-ce influence de l'éducation première, et d'une longue
pratique de la peinture à l'eau ? Plutôt.

Un grand nombre d'artistes anglais se sont fait une réputation brillante comme pointers in
jpater colour avant d'aborder la peinture à l'huile, et l'on conçoit très-bien par exemple que
Frederick Walker, qui fut essentiellement un aquarelliste, se ressente, même en son chef-d'œuvre,
des habitudes contractées au début de sa carrière. Certes la Vieille Grille (the Old Gâte) est
une admirable composition 1 ; le sujet, mystérieux et touchant, est interprété non pas seulement
avec un grand charme de sentiment et d'émotion, mais encore avec une rare entente de l'effet
pittoresque, avec une merveilleuse intelligence des oppositions de caractères, de lignes et de

Tète d'étude par E. Burne Jones.

valeurs ; mais au point de vue tout spécial de l'exécution, cette belle page, qui laisse une
impression profonde et inoubliable, a plutôt l'air d'une aquarelle prodigieusement poussée que
d'une véritable peinture. La mort a brisé net en plein développement, à l'heure des évolutions
décisives et des affirmations radieuses 2, le talent fin et vibrant de ce jeune maître, dont l'Art
plus que personne a contribué à répandre la renommée 3. Il était trop bien doué sous tous les
rapports, — imagination vive et poétique, esprit observateur, rétine impressionnable, œil juste,
main souple et ferme — pour qu'on ne soit pas convaincu qu'il eût notablement ajouté à son
œuvre, déjà si remarquable, s'il avait pu passer avec la vie un bail à long terme. Le peintre
évidemment n'eût pas tardé à rattraper, peut-être même à dépasser le dessinateur et l'aquarelliste.
Mais dans l'œuvre qu'il nous a laissé, c'est l'aquarelliste qui l'emporte, et qui se trahit alors
même qu'il s'étudie à s'oublier *.

1. Voir l'Art, 2e année, tome II, page ij.

2. Né en 1840, il est mort en 1875, associé de la Royal Academy d'Ecosse, et membre de la Société des aquarellistes.

Voir dans l'Art, l« année, tome l", page 175, et tome II, page ijo, l'étude de M. J. Comyns Carr, illustrée de dix gravures, dont deux
hors texte, d'après les principales œuvres de Frederick Walker.

4. C'est du reste l'aquarelliste qui a eu les honneurs de la section anglaise. Frederick Walker n'avait au Champ-de-Mars qu'une seule
peinture à l'huile, — the Old Gâte, un de ses tableaux les plus importants, sinon son chef-d'œuvre, — tandis qu'il y était représenté par dix
aquarelles.

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