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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 5.1879 (Teil 4)

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Chronique française et étrangére
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https://doi.org/10.11588/diglit.17802#0165

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142

L'ART.

côté, avec son charme bien connu, une notice dont nous devons
dire un mot. Elle était intitulée : Un Conseiller dramatique, et a
retracé la vie d'un homme de goût, M. Maherault, mort au mois
de juin dernier. M. Maherault était sous-secrétaire d'État au
ministère de la guerre et il ne fut pas seulement, suivant l'ex-
pression de M. Legouvé, un conseiller exquis et fin, ayant un
sens admirable pour tout ce qui touche au théâtre ; il fut en outre
un collectionneur émérite, qu'on peut mettre presque sur la
même ligne que M. His de Lassalle, et qui choisit de préférence
le xvmc siècle comme objet de ses recherches. Lui-même
dessinait avec talent, et il a laissé un assez grand nombre de
portraits faits par lui des principaux acteurs de Paris, dans leurs
plus beaux rôles. La vente de sa collection qui, d'après M. Le-
gouvé, était son grand souci durant sa vie, aura lieu sans doute
prochainement à l'hôtel Drouot.

— Tous les journaux ont annoncé ces jours derniers le voyage
de M. Turquet au Mont-Saint-Michel; l'Art, qui a publié, en
1877, une étude fort attachante de M. Enault sur le célèbre
monument, ne peut qu'applaudir à la nouvelle manifestation de
la vigilance de M. le sous-secrétaire d'Etat des Beaux-Arts. Ce
voyageétait éminemment utile, car le Mont-Saint-Michel estatta-
qué, menacé sur un des pointslesplusintéressantsdes magnifiques
ouvrages qui le composent et qui forment par leur réunion un
des plus beaux spécimens de notre art national. Dans le triple
but d'établir un chemin de fer, un port et d'exhausser le niveau
des sables pour les livrer ensuite à l'agriculture, on vient de
construire une digue qui part de la terre ferme pour aboutir au
Mont qu'elle atteint entre deux des tours de son enceinte. Cette
construction s'expliquerait peut-être si elle répondait à des besoins
pressants impérieux, mais il faut noter que la petite bourgade
qui s'étage sur le rocher compte à peine 150 à 140 habitants,
qu'elle n'a ni commerce, ni industrie et que, quelle que soit
d'ailleurs l'importance financière des diverses opérations proje-
tées, elles ne sauraient excuser la destruction des remparts du
Mont-Saint-Michel. L'expression n'est pas exagérée, car pour
rendre cette digue insubmersible il a fallu l'élever au-dessus du
niveau atteint par les plus hautes mers. Elle touche aujourd'hui
les remparts qu'elle a recouverts, dans la moitié de leur hauteur et,
pour la raccorder avec la ville, il faudra la continuer au même
niveau vers l'ouest en avant de l'unique entrée de la place, ce
qui amènera fatalement la destruction des ouvrages militaires
élevés successivement du xvc au xvi" siècle, sans parler des atter-
rissements qui se formeront contre les murailles, résultat voulu,
attendu, qui causera la ruine très prochaine de toute l'enceinte
du xv'' siècle.

Ce nouvel état de choses est évidemment déplorable, et il
serait à tout jamais regrettable s'il n'était permis d'espérer qu'il
sera bientôt modifié par l'administration des travaux publics qui,
dans sa science profonde, trouvera certainement les moyens de
réaliser ses projets sans compromettre l'existence du piédestal
de l'un de nos plus beaux monuments historiques.

— M. J. Bourgoing, architecte, a repris son cours d'Histoire
et de théorie de l'ornement, à l'École nationale des Beaux-Arts, le
jeudi 6 novembre, et le continuera les jeudis suivants.

Ce cours peut être suivi par des personnes étrangères à
l'Ecole. Rappelons que M. J. Bourgoing a donné, l'an dernier,
au siège de l'Union centrale, une conférence sur l'esthétique de
l'Ornement au Japon, et qu'il s'était particulièrement préparé au
livre qu'il a publié récemment, chez les Didot, sur l'Art arabe,
par un séjour d'une année à Damas.

— L'ouverture de la deuxième exposition de la Société
d'Aquarellistes français ', qui avait été annoncée pour le mois
de novembre, vient d'être définitivement fixée au i01' décembre.

— Voici une nouvelle manifestation de l'initiative privée
qui vient de se produire à Paris, mais ce n'est pas à des artistes
français qu'elle est due.

1. Rue Lafltte.

Voir l'Art, 5' année, tome III, page 54.

La colonie des peintres russes qui comprend des peintres
tels que MM. Harlamoff, VVylie, Lehmann, Bogoluboff, Szyndler,
Dmitrieff, etc., vient d'organiser une exposition spéciale qui est
ouverte gratuitement tous les jours de dix à quatre heures, rue
de Tilsitt, n° 18. Nous souhaitons le plus complet succès à une
tentative qui est digne de tous encouragements, et nous faisons
les vœux les plus ardents pour qu'elle trouve parmi les artistes
français de nombreux imitateurs.

— A la demande de M. le sénateur A. Huguet, l'État a fait
don au Musée de Boulogne-sur-Mer, de l'Appel des Girondins
qui a valu cette année à son auteur, M. François Flameng, le
prix du Salon. L'Art1 a publié une fort belle eau-forte de
M. Gaujean d'après cette importante toile du fils de rémittent
graveur Léopold Flameng.

— Nous sommes heureux d'annoncer que M. Édouard
Garnier, chargé par l'administration des beaux-arts, ainsi que nous
l'avions dit, d'étudier en Angleterre les manufactures de céra-
mique et les collections de porcelaines tendres françaises qui se
trouvent dans ce pays, a accompli sa mission avec un rare bon-
heur.

Pour les porcelaines tendres —si recherchées des amateurs

et sur lesquelles il n'existe encore aucun document écrit _

M. Garnier a fait de véritables découvertes. Il a notamment
étudié et dessiné à Buckingham-Palace et au château de Windsor
des vases dont les modèles n'existent plus dans notre manufac-
ture de Sèvres, qui n'ont jamais été publiés, et qui sont des
merveilles de forme, de fabrication et de décoration. Pour la
seconde partie de sa mission, consistant à étudier l'état actuel
de la céramique anglaise, M. Garnier a visité, outre les manu-
factures spéciales et les musées, comme le South Kensington et
le Geological Muséum, les collections privées si remarquables de
Lady Charlotte Schreiber, de M. Franks, etc.

M. Edouard Garnier a bien voulu réserver à l'Art la pri-
meur de ses découvertes et de ses études. Nos lecteurs pourront
donc bientôt apprécier leur importance dans une série d'articles
illustrés de nombreux dessins que fait lui-même actuellement
pour nous le savant céramiste et qui accompagneront son texte.

A travers les ateliers. — Le peintre Ribot, dont l'état de
santé avait inspiré d'assez sérieuses inquiétudes, à la suite d'une
opération douloureuse qu'il a dû récemment subir, vient d'en-
trer en pleine convalescence. Il s'est remis à la Descente de
croi.v qu'il prépare pour le prochain Salon, et qui promet une
œuvre digne de la vigoureuse palette si bien nettoyée et éclaircie
depuis la Mère Marieu et la Comptabilité.

— M. Bastien-Lepage, qui travaille en ce moment à Dam-
villiers, à une Jeanne d'Arc écoutant des voix, qu'il destine au
prochain Salon, a également sur le chevalet, dans son atelier de
l'impasse du Maine, un portrait de S. A. R. le prince de Galles.
Pour ce portrait, qui a été commencé à Londres pendant le
séjour qu'y a fait cet été le jeune artiste, le prince a consenti à
fournir jusqu'à dix-huit séances.

— Il paraît que M"° Sarah Bernhardt fait pour l'instant des
infidélités à la sculpture, et qu'elle s'occupe, avec l'ardeur pri-
me-sautière qui lui est habituelle, presque exclusivement de
peinture. Elle est devenue l'élève assidue de M. Stevens. La
semaine dernière, S. A. R. le prince de Galles ayant rendu visite
à l'aimable artiste dans son magnifique atelier de l'avenue de
Villiers, et lui ayant demandé où en étaient le groupe du Bouffon
et les deux tableaux que lui a commandés la princesse, l'été

I dernier, M"c Sarah Bernhardt répondit en montrant sur le
chevalet les deux toiles qui sont achevées, mais qu'elle désire
recommencer.

Commettons une nouvelle indiscrétion, en ajoutant que
doua Sol vient d'être prise encore d'une nouvelle passion...
celle du moellon. Quand une actrice a, comme elle, tàté de la
1 sculpture, de la peinture et de la littérature, il est de toute
 
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