NOTRE BIBLIOTHKQUK
21 î
CJLIII ! nom mème que les anciens leur donnaient est inconnu.
« Une autre série se compose de pièces fabriquées en l'hon-
i Les Médaillons de l'empire romain , .....
) r ' neurdu prince régnant, et sans sa participation. Une autre per-
devins le règne d Auguste jusqu'à ... , . . , ., ,. ... . . .
, , „, _ ■ , sonnitie les règlements sur le poids et 1 alliage du numéraire, et
Prtscus Attale , par W. Frœhner, . ,
, , la quantité même des pièces de ce genre atteste le nombre pro-
ancien conservateur du Louvre. r ° '
Paris, J. Rothschild, éditeur. ,878. \ digieux des lois sur cette matière. Enfin, beaucoup de médaillons
doivent être regardés comme des pièces d'essai, des épreuves
numismatique donne en général le nom J monétaires. 1
de médaillon à une médaille dont les ! Voilà les points principaux sur la destination de ces pièces,
dimensions dépassent celles de la monnaie j que M. Frœhner s'efforce d'établir dans son livre, sans vouloir
ordinaire. C'est là cependant une définition d'ailleurs attribuer à ses conclusions le caractère de solutions
parfaitement scientifiques; telle de ses hypothèses sera peut-être
détruite par des faits encore inconnus, mais en somme nous nous
trouvons sur un terrain scientifique peu exploré, dont l'avenir
est plein de promesses, avenir dont les savants du jour ont à pré-
parer l'avènement.
L'étude de l'ancien conservateur du Louvre embrasse plu-
alors, dit M. Frœhner, ces longues séries moné- sieurs siècles de l'histoire romaine, depuis le règne d'Auguste
taires qui formaient comme un ensemble, et rem- | (4; avant J.-C.) jusqu'à Priscus Anale (414 de notre ère), soit
près de cinq cents années. C'est en réalité l'histoire des empereurs
et de l'empire qui va passer devant nos veux. Les Césars triom-
qui n'a rien d'absolu. Quelques-unes des pièces
rangées sous le nom de médaillons sont très
petites, d'autres ont même pu servir d'abord de
monnaies. Un grand nombre n'ont jamais été que
des bijoux, surtout ceux qui ont un cercle. D'au-
tres sont des pièces commémoratives. « On aimait
plaçaient au besoin un manuel d'histoire, de
géographie ou d'astronomie. Un autre groupe se rapporte aux
jeux du cirque et de l'amphithéâtre, à l'agon capitolin, aux j pliant de la république, avec l'alliance des dieux complices, les
jeux romains, mégalésiens, apollinaires, et, en général, à toutes manœuvres des troupes prétoriennes, les distributions d'argent
les cérémonies religieuses de la Rome ancienne. Ces médail-
lons, de grand et de petit module, rangés dans l'ordre de suc-
cession des fêtes, constituent une sorte de calendrier, non
(le congiaire), les distributions des Mes d'Egypte et de Numidie,
les défaites des nations ennemies, les jeux célébrés à l'occasion
du triomphe, la sécurité donnée à la patrie, à Rome heureuse,
complet, mais d'une étonnante richesse. Ces médaillons doivent le courage de l'empereur, la concorde dans les armées, la peste et
être considérés comme des pièces de circonstance; mais nous j le serpent d'Esculape, les travaux d'Hercule, l'arrivée d'Énée en
ignorons absolument par qui ils ont été frappés et distribués. | Italie, les vœux pour le bonheur des empereurs, la Piété; puis
Diane, l'étoile du matin. Cybèle, Cérès et Pallas; puis encore,
le cortège triomphal des empereurs victorieux, la protection que-
leur accorde Jupiter, la déification des Césars, les discours adres-
sés aux prétoriens par le nouvel empereur; en un mot, toutes les
phases de l'histoire romaine apparaissent devant nous, toutes
vivantes dans ces représentations gravées.
Ce n'est pas seulement l'histoire politique et privée que
nous retrouvons dans ces médaillons : l'histoire de l'art est là
toute faite, avec ses débuts, ses perfectionnements, la merveil-
leuse époque des Antonins, et la décadence qui suit.
« La monnaie romaine, dit M. Frœhner, est à jamais insé-
parable d'un grand peuple, et d'une grande époque de culture.
Histoire, religion, institutions politiques, vie publique et vie
privée; tout s'y reflète, et l'image qu'elle nous en offre est
encore la plus fidèle, quoique légèrement poétisée. Pour en
juger, il sufîit de mettre la numismatique romaine en regard de
la monnaie grecque, et de marquer les différences qui les éloi-
gnent ou les traits de parenté qui les rapprochent l'une de l'autre.
A ses débuts, l'art monétaire de Rome s'inspire exclusivement
de l'art hellénique. Il lui emprunte une quantité de motifs; il
cherche à rivaliser avec les villes grecques par la richesse et la
variété des types. Mais bientôt le cercle se rétrécit et se propor-
tionne au génie romain, ennemi de toute fantaisie. On adopte un
1. Un fort volume in-8" Je ;oi> pages, orné de ijio visuelles.
petit nombre d'emblèmes, sobres, sévères, pleins de noblesse et
de simplicité.
•< C'est le caractère national qui reprend son empire; c'est
la gravitas, l'opposé du génie grec et de sa capricieuse instabi-
lité. Et, si plus tard, à mesure que la puissance du sénat s'accroît
et s'étend au loin, on autorise de nouveau une plus grande mo-
bilité de types monétaires, ces types restent toujours l'expression
de la dignité romaine. On aime les sujets graves. L'art hellé-
nique a beau prêter ses formes, ses modèles, son élégance, jamais
il ne prête ses légèretés.
« En parcourant à ce point de vue le livre que je viens d'a-
chever, on ne trouvera nulle exception à cette règle. La mon-
naie romaine est essentiellement patriotique. Le culte des dieux,
les souvenirs du passé, les mérites des princes et de leurs fa-
milles, les faits de guerre; voilà son domaine propre et dont il
ne s'écarte pas. Une fois choisis, les types se maintiennent avec
ténacité. Tant qu'ils durent, ils conservent toute leur justesse et
leur à-propos; s'ils cèdent la place à des sujets nouveaux, c'est
qu'ils n'ont plus de raison d'être. J'insiste sur celte grande qua-
lité de la numismatique de Rome. Peu d'imagination, beaucoup
d'énergie et un sentiment profond de la vérité historique. Là est
sa force et son intérêt. »
Nous avons cru devoir citer en entier la conclusion du
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CJLIII ! nom mème que les anciens leur donnaient est inconnu.
« Une autre série se compose de pièces fabriquées en l'hon-
i Les Médaillons de l'empire romain , .....
) r ' neurdu prince régnant, et sans sa participation. Une autre per-
devins le règne d Auguste jusqu'à ... , . . , ., ,. ... . . .
, , „, _ ■ , sonnitie les règlements sur le poids et 1 alliage du numéraire, et
Prtscus Attale , par W. Frœhner, . ,
, , la quantité même des pièces de ce genre atteste le nombre pro-
ancien conservateur du Louvre. r ° '
Paris, J. Rothschild, éditeur. ,878. \ digieux des lois sur cette matière. Enfin, beaucoup de médaillons
doivent être regardés comme des pièces d'essai, des épreuves
numismatique donne en général le nom J monétaires. 1
de médaillon à une médaille dont les ! Voilà les points principaux sur la destination de ces pièces,
dimensions dépassent celles de la monnaie j que M. Frœhner s'efforce d'établir dans son livre, sans vouloir
ordinaire. C'est là cependant une définition d'ailleurs attribuer à ses conclusions le caractère de solutions
parfaitement scientifiques; telle de ses hypothèses sera peut-être
détruite par des faits encore inconnus, mais en somme nous nous
trouvons sur un terrain scientifique peu exploré, dont l'avenir
est plein de promesses, avenir dont les savants du jour ont à pré-
parer l'avènement.
L'étude de l'ancien conservateur du Louvre embrasse plu-
alors, dit M. Frœhner, ces longues séries moné- sieurs siècles de l'histoire romaine, depuis le règne d'Auguste
taires qui formaient comme un ensemble, et rem- | (4; avant J.-C.) jusqu'à Priscus Anale (414 de notre ère), soit
près de cinq cents années. C'est en réalité l'histoire des empereurs
et de l'empire qui va passer devant nos veux. Les Césars triom-
qui n'a rien d'absolu. Quelques-unes des pièces
rangées sous le nom de médaillons sont très
petites, d'autres ont même pu servir d'abord de
monnaies. Un grand nombre n'ont jamais été que
des bijoux, surtout ceux qui ont un cercle. D'au-
tres sont des pièces commémoratives. « On aimait
plaçaient au besoin un manuel d'histoire, de
géographie ou d'astronomie. Un autre groupe se rapporte aux
jeux du cirque et de l'amphithéâtre, à l'agon capitolin, aux j pliant de la république, avec l'alliance des dieux complices, les
jeux romains, mégalésiens, apollinaires, et, en général, à toutes manœuvres des troupes prétoriennes, les distributions d'argent
les cérémonies religieuses de la Rome ancienne. Ces médail-
lons, de grand et de petit module, rangés dans l'ordre de suc-
cession des fêtes, constituent une sorte de calendrier, non
(le congiaire), les distributions des Mes d'Egypte et de Numidie,
les défaites des nations ennemies, les jeux célébrés à l'occasion
du triomphe, la sécurité donnée à la patrie, à Rome heureuse,
complet, mais d'une étonnante richesse. Ces médaillons doivent le courage de l'empereur, la concorde dans les armées, la peste et
être considérés comme des pièces de circonstance; mais nous j le serpent d'Esculape, les travaux d'Hercule, l'arrivée d'Énée en
ignorons absolument par qui ils ont été frappés et distribués. | Italie, les vœux pour le bonheur des empereurs, la Piété; puis
Diane, l'étoile du matin. Cybèle, Cérès et Pallas; puis encore,
le cortège triomphal des empereurs victorieux, la protection que-
leur accorde Jupiter, la déification des Césars, les discours adres-
sés aux prétoriens par le nouvel empereur; en un mot, toutes les
phases de l'histoire romaine apparaissent devant nous, toutes
vivantes dans ces représentations gravées.
Ce n'est pas seulement l'histoire politique et privée que
nous retrouvons dans ces médaillons : l'histoire de l'art est là
toute faite, avec ses débuts, ses perfectionnements, la merveil-
leuse époque des Antonins, et la décadence qui suit.
« La monnaie romaine, dit M. Frœhner, est à jamais insé-
parable d'un grand peuple, et d'une grande époque de culture.
Histoire, religion, institutions politiques, vie publique et vie
privée; tout s'y reflète, et l'image qu'elle nous en offre est
encore la plus fidèle, quoique légèrement poétisée. Pour en
juger, il sufîit de mettre la numismatique romaine en regard de
la monnaie grecque, et de marquer les différences qui les éloi-
gnent ou les traits de parenté qui les rapprochent l'une de l'autre.
A ses débuts, l'art monétaire de Rome s'inspire exclusivement
de l'art hellénique. Il lui emprunte une quantité de motifs; il
cherche à rivaliser avec les villes grecques par la richesse et la
variété des types. Mais bientôt le cercle se rétrécit et se propor-
tionne au génie romain, ennemi de toute fantaisie. On adopte un
1. Un fort volume in-8" Je ;oi> pages, orné de ijio visuelles.
petit nombre d'emblèmes, sobres, sévères, pleins de noblesse et
de simplicité.
•< C'est le caractère national qui reprend son empire; c'est
la gravitas, l'opposé du génie grec et de sa capricieuse instabi-
lité. Et, si plus tard, à mesure que la puissance du sénat s'accroît
et s'étend au loin, on autorise de nouveau une plus grande mo-
bilité de types monétaires, ces types restent toujours l'expression
de la dignité romaine. On aime les sujets graves. L'art hellé-
nique a beau prêter ses formes, ses modèles, son élégance, jamais
il ne prête ses légèretés.
« En parcourant à ce point de vue le livre que je viens d'a-
chever, on ne trouvera nulle exception à cette règle. La mon-
naie romaine est essentiellement patriotique. Le culte des dieux,
les souvenirs du passé, les mérites des princes et de leurs fa-
milles, les faits de guerre; voilà son domaine propre et dont il
ne s'écarte pas. Une fois choisis, les types se maintiennent avec
ténacité. Tant qu'ils durent, ils conservent toute leur justesse et
leur à-propos; s'ils cèdent la place à des sujets nouveaux, c'est
qu'ils n'ont plus de raison d'être. J'insiste sur celte grande qua-
lité de la numismatique de Rome. Peu d'imagination, beaucoup
d'énergie et un sentiment profond de la vérité historique. Là est
sa force et son intérêt. »
Nous avons cru devoir citer en entier la conclusion du