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La chronique des arts et de la curiosité — 1868

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Nr. 9 (1er Mars)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26660#0043
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\ 868, — N° 9.

BUREAUX : 55, RUE Y1 VIENNE.

1er MARS.

Cil RO NIQUE DES

ET

DE LA CURIOSITÉ

PARAISSANT LE DIMANCHE MATIN.

ARTS





Comptes rendus et Annonces des Ventes publiques

ABONNEMENTS :

Correspondances étrangères. — Nouvelles des Galeries



de Tableaux, Dessins, Estampes, Bronzes, Ivoires, Médailles,

P A St I S E T D É P A K T E M E N T S

publiques, des Ateliers. — Bibliographie des Livres, Articles



Livres rares, Autographes, Émaux, Porcelaines, Armes

Six mois, 8 fr. — Un an, 15 fr.

de Revues et Estampes, publiés en France et à l’Etranger.



et autres objets de curiosité.

Étranger, le port en sus.

Revue des Arts industriels.





ADRIEN DAUZATS.

C’est avec une vive émotion que nous repro-
duisons les touchantes paroles prononcées sur le
bord de la tombe de Dauzats par son compa-
triote et ami M. Adrien Bonnet, président de la
Société des Amis des arts de Bordeaux. Nous
voyions souvent Dauzats, dont l’esprit vif, l’éga-
lité d’humeur, l’obligeance, le loyal attachement
à des convictions bien connues, faisaient un type
à part. Quelques heures presque avant sa mort
nous étions dans son atelier, lui faisant espérer,
sans y croire nous-même, qu’il allait prochaine-
ment pouvoir terminer un grand tableau destiné
au prochain Salon, et qui est une de ses œuvres
les plus importantes. Cette toile figurera, nous
l’espérons, dans l’exposition de la Société des
Amis des arts qui va s’ouvrir, et pour laquelle
il nous priait de le suppléer activement. Ph. B.

Messieurs,

Il y a deux ans à peine, la Société des Amis des
arts accompagnait à sa dernière demeure son fonda-
teur, notre cher Scott, notre ami à jamais regretté;
aujourd’hui , son collaborateur lé plus précieux nous
laisse à son tour, et nous avons encore le triste devoir
de témoigner devant une tombe de notre reconnais-
sance et de notre douleur.

Adrien Dauzats appartenait à cette grande généra-
tion d’artistes aujourd’hui presque complètement
éteinte, qui a fait de notre siècle l’époque la plus bril-
lante de l’histoire de l’art français, et qui a assuré à
notre natiori dans le domaine des arts une prééminence
incontestée.

Formé par les leçons paternelles du célèbre J.-M.
Gué, Dauzats parcourut dans sa jeunesse des régions
lointaines encore inexplorées par les artistes; il en re-
vint avec un talent mûri-par le spectacle des hommes
et des choses, avec une magnifique moisson d’études
et de souvenirs, d’où devait sortir cette longue série-
de toiles excellentes qui ont reproduit aux yeux éton-
nés et charmés de ses contemporains les sites et les
monuments de l’Égypte, de la Palestine, de la Syrie,
de l’Algérie et des villes d’Espagne.

Dans ce genre difficile, il fut le premier : la savante
précision de son dessin, la vérité et la finesse de sa
couleur, la fermeté élégante de son exécution, le goût
original qui le guidait dans le choix de ses modèles,
font de ses tableaux des œuvres à la fois instructives
et charmantes, réunion merveilleuse d’exactitude et
de poésie.

Mais ce n’est pas le lieu ni le moment de retracer
cette belle carrière artistique. Quelle que soit la haute
valeur du talent de Dauzats, c’est ici surtout qu’il faut
rappeler que son esprit, son caractère et son cœur
valaient mieux encore, et que chez lui l’homme l’em-
portait sur l’artiste. D’innombrables amitiés, l'in-
fluence la plus étendue, la sympathie et l’estime uni-
verselle, furent pour lui le juste prix des qualités les
plus exquises et les plus aimables.

Ses œuvres dureront et conserveront le souvenir de
son nom et le témoignage de son talent; mais ce qui
meurt avec lui, ce qui ne survivra que dans le cœur
de ceux qui l’ont connu et qui l’ont aimé, c’est son
intelligence brillante et ornée, sa conversation sédui-
sante, son caractère élevé, son jugement prudent et
sûr, son inépuisable obligeance, et la chaleur, la
constance, et le dévouement qu’il portait dans ses
affections.

Les artistes de son temps, qui le connaissaient bien,
l’ont comblé des témoignages les plus honorables; ils
n’ont jamais cessé, depuis que la formation de tout ou
partie des jurys a été remise à l’élection, de l’appeler
à ces délicates fonctions, tant que ses forces lui ont
permis de les remplir. Ils appréciaient l’indépendance
et l’autorité de ses jugements; ils savaient avec quelle
ardeur désintéressée il cherchait à mettre en lumière
les jeunes talents inconnus, à appeler les récompenses
et les distinctions sur les talents éprouvés; ils le
voyaient partout et toujours ingénieux et infatigable
à faire le bien.

Il avait fait deux parts de sa vie, consacrant l’une
au travail, l’autre à se rendre utile; de cette dernière,
depuis dix-huit ans, il a beaucoup donné à la Société
des Amis des arts, heureux qu’il était de servir en
môme temps sa ville natale, ses amis et son art.

C’est ainsi qu’il vécut laborieux et pauvre, indiffé-
rent aux jouissances du luxe et de la richesse, digne
et simple au milieu du plus grand monde, qui l’ac-
cueillait avec empressement; et quand son rare mé-
rite lui eut valu des amitiés jusque sur les marches du
trône, il ne songea jamais, aux jours de la prospérité,
à en tirer parti pour sa fortune, mais aux jours du
malheur il y resta noblement fidèle.

Il est mort à soixante-quatre ans; la vieillesse se-
reine et honorée qui aurait dignement couronné une
telle vie lui a été refusée; son pauvre corps brisé
vient avant l’heure trouver le repos dans la terre na-
tale. Au moment de nous séparer de la dépouille
mortelle de ce grand artiste et de ce grand cœur,
que ce soit notre consolation d’exprimer le ferme es-
poir qu’il jouira éternellement de la contemplation du
beau absolu au sein de la bonté infinie.

Adrien Bonnet.

CORRESPONDANCE.

Londres, 23 février.

Si la démission du marquis d’Azeglio a excité les
plus vifs regrets dans le monde diplomatique, la vente
qui va être faite de tous ses objets d’art n’en causera
pas de moins vifs à tous ceux qui, ne fùt-ce qu’en
passant, ont été dans sa résidence de Grosvenor-street.
Il est rare de trouver une maison où, au charme de
l’accueil toujours aimable d’un homme doué de toutes
les qualités de l’esprit et du cœur, se joignait l’inex-
primable plaisir que peut procurer la vue des tableaux
de maîtres, des sculptures de tous genres, des porce-
laines et des verreries les plus élégantes, des objets
mobiliers ayant tous ce cachet artistique de fabrica-
tion qui caractérise tout ce dont se servaient les Ro-
mains et les Italiens de la Renaissance. La dispersion
de tant de choses rares et précieuses doit commencer
le 5 mars prochain dans les salons mômes qu’elles
ornaient, et si les enchères sont proportionnées aux
sympathies que M. d’Azeglio s’est créées en Angle-
terre, la lutte sera des plus vives.

Puisque j’en suis à cette question des ventes, il me
faut encore signaler celle de la curieuse collection que
M. E. Waterton avait formée de bagues et anneaux
de toutes les époques, depuis l’antiquité, alors que
« c’était la.première chose qu’on exigeait de quelqu’un
qui voulait être d’un souper où tous les convives de-
vaient payer leur écot1, » jusqu’à nos jours où ces
objets n’engagent plus, d’une façon aussi solennelle,
que dans la cérémonie du mariage. On annonce aussi
les ventes des gravures, la plupart modernes, apparte-
nant à M. Charles Moffat et au tragédien Macreâdy.

Voici quelques prix de la vente Windus : Petit
album d’études, parFuseli, 251. st. ; Portrait au crayon
de Flaxman, par lui-môme, 7 1. st. ; Dessins illustrant
les poésies de Rogers, 7 1. st. 5 schellings, par Sto-
thard et du même « Love et Hope, » dessin pour un
volume de Thomas Moore, 32 1. st. ; Vue de Tyne-
mouth, par Turner, 304 1. st. ; le Royaliste proscrit,
réduction par Millais, 173 1. st. ; Isabella, par le
môme, 420 1. st., et l’Odalisque de M. Leighton, ex-
posée en 1862, 330 1. st. ; enfin une liasse de dessins
de Piranesi, 28 1. st.

Dans la dernière séance de VArchœological Insti-
tute, on a examiné la très-curieuse collection d’objets
de l’âge de pierre trouvés dans le comté d’York, par
M. E. Tyndall, dont un des principaux caractères est
généralement d’être de dimensions moindres que les
objets analogues trouvés en France ou en Danemark.

1. Mariette, Traité des pierres gravées.
 
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