1868. — N° 1 li.
BUREAUX: 55, RUE Y1 VIENNE.
5 AVRIL.
CHRONIQUE DES
ET
DE LA CURIOSITÉ
PARAISSANT LE DIMANCHE MATIN.
ARTS
Comptes rendus et Annonces des Ventes publiques
ABONNEMENTS :
Correspondances étrangères. — Nouvelles des Galeries
de Tableaux, Dessins, Estampes, Bronzes, Ivoires, Médailles,
P A R I S ET I) É P A R T E M E N T S
publiques, des Ateliers. — Bibliographie des Livres, Articles
Livres rares, Autographes, Émaux, Porcelaines, Armes
Six mois, 8 fr. — Un an, 15 fr.
de Revues et Estampes, publiés en France et à l’Étranger.
et autres objets de curiosité.
-.-
Étranger, le port en sus.
Revue des Arts industriels.
AVIS IMPORTANT.
Les collections de la Gazette clés
Beaux-Arts sont portées à 500 fr.
au lieu de 400. Il n’en reste plus que
quelques exemplaires. Les abonnés
qui désireraient compléter leur col-
lection sont invités à faire connaître
très-prochainement les livraisons ou
volumes qui leur manqueraient. Déjà
un grand nombre de livraisons font
défaut.
DE QUELQUES PUBLICATIONS CÉRAMIQUES.
La chromolithographie est venue, dans ces der-
nières années, apporter le plus utile concours aux
publications d’art, soit pour la reproduction des
manuscrits, soit pour celle des pièces céramiques.
La perfection des tons est beaucoup plus grande.
Lebon marché du tirage a permis de mieux ré-
pandre, et aujourd’hui le gros du public peut
souscrire à des volumes magnifiques qui autrefois
étaient le lot des bibliothèques publiques et des
grands cabinets.
Nous avons déjà signalé, à mesure de leur
apparition, les premières livraisons du Recueil de
faïences italiennes des xve, xvie et xvue siècles,
dessinées et lithographiées par MM. Carie Delange
et G. Borneman, avec texte par notre collabora-
teur Alfred Darcel et M. Henri Delange.
Les livraisons 3, k et 5 viennent de paraître,
apportant, comme leurs aînées, aux céramistes
des modèles nouveaux, aux écrivains des docu-
ments intéressants, aux collectionneurs des ren-
seignements précieux pour le classement de leurs
séries. Les plats, les aiguières, les hanaps, les
vases électuaires, les gourdes de chasse, les
coupes « amaloria » sont reproduites, non pas
seulement dans leur silhouette ou dans le détail
des scènes qui les ornent, mais avec les tons, les
émaux, les irisations mêmes qui les décorent et
qui souvent en déterminent la provenance ou la
date. Au bas de chaque planche est figurée la
marque de l’atelier, le monogramme ou la signa-
ture de l’artiste tracés au pinceau sur le revers.
M. Delange a recueilli ces spécimens dans les col-
lections publiques du Louvre, de Cluny, de Ken-
sington à Londres, de Correrà Venise ou dans les
cabinets les plus riches, chez MM. de Rothschild,
Basilewski, Dutuit, Andrew Fountaine, Joseph
Fau, d’Yvon, de Saint-Seine, Charles Davil-
lier, etc. De cette façon, on va savoir prochaine-
ment tous les types que possèdent Londres, Paris,
Rome, Stockholm, Venise, et pouvoir dresser,
sans quitter son fauteuil, un inventaire dont de
longs et fatigants voyages ne fourniraient point
tous les matériaux. Ces dernières livraisons nous
semblent d’une exécution plus souple, et d’un
ton plus juste encore que les premières. Le succès
qu’ont obtenu les précédentes publications de
M. Delange; les Faïences de Henri II et YOEuvre
de Bernard Palissy, attend certainement celle-ci,
dont l’intérêt est plus varié et qui offre, par
exemple, à côté d’un plat de maestro Giorgio un
carreau de revêtement persan, avec figures en
relief. Si nos céramistes modernes, qui ont retrouvé
à peu près tous les secrets de fabrication des
potiers de la Renaissance, s’obstinent à tourner
dans le cercle de l’imitation banale, ce ne sera
pas faute d’avoir sous les yeux la preuve de l’iné-
puisable variété des formes et des décors inventés
à F envi par leurs prédécesseurs.
M. A. Maréchal publie, à Beauvais, en un joli
volume in-octavo carré, les Faïences anciennes
et modernes avec leurs marques et décors i. C’est
un livre très-ingénieux, très-pratique, à la portée
de toutes les intelligences et de toutes les bourses.
Tiré à petit nombre et avec une rare perfection,
peut-être est-il déjà épuisé au moment où nous
écrivons ces lignes.
Il est précédé de quelques pages écrites très-
simplement et donnant sur les apparences typiques
de chaque faïence notable le renseignement qui
doit servir à le faire reconnaître sûrement :
le Rouen est d’une pâte rouge, pâle et sonore; le
Sinceny, qui a copié Rouen, souvent servilement,
a un peu moins d’épaisseur dans la pâte rouge,
pâle aussi; le Delft est une terre jaune, sale,
très-friable, peu sonore, etc. Ainsi de suite, avec
1. A Paris, chez Liepmannslionn.
plus de détails, bien entendu, que nous n’en
reproduirons et des recommandations très-judi-
cieuses sur l’étude successive de la pâte, de la
forme, de la couverte, du décor et de la marque,
« Aujourd’hui, écrit M. A. Maréchal, en rappe-
lant le rôle aimable de la faïence populaire dans
les intérieurs paisibles de l’ancienne bourgeoisie
et du peuple, aujourd’hui que la faïence s’en est
allée avec les vieilles chansons, la modeste table
des villageois n’a plus aux grands jours de fête
que quelques porcelaines mal échantillonnées et
des carafes en verre taillé. C’est suffisant, sans
doute, mais c’est loin d’être gai. » Cela est par-
faitement juste, et c’est par cette raison que le
service peint récemment par Bracquemond a
obtenu un si franc et si légitime succès L
Une grande partie des motifs reproduits en
chromolithographie dans le livre de M. A. Maré-
chal est tirée de la collection de M. A. Delaher-
che, de Beauvais. Un jeune dessinateur lithogra-
phe du pays, M. Camille Dubernay, lésa dessinés
avec un soin et un respect très-rares, dans la
marge inférieure de la page même qui contient
la description. On a donc sous'Iesyeux le rensei-
gnement écrit et le renseignement peint. Ima-
ginez un dictionnaire qui, à l’exemple des ency-
clopédies japonaises, aurait ses marges couvertes
de croquis vivants et colorés.
Cette tentative est une des plus intéressantes
de ces derniers temps. C’est ainsi que devront être
faits les catalogues de nos musées, lorsque l’on
aura le courage d’en éliminer tout ce qui est
secondaire et de n’y conserver que ce qui est
typique et conséquemment d’un intérêt réel.
C’est au moins un manuel que l’on pourrait
envoyer dans les écoles industrielles, car il offre
un renseignement précis, sobre, et ne porterait
point l’esprit de l’artisan céramiste à une repro-
duction littérale. Pii. Burty.
CjO PRES PO N DAN CE.
Londres, 22 mars.
J’ai eu occasion de voir cesjours-ci, chez MM. Gol-
naghi et Cic, les portefeuilles du baron Marochetti qui
1. M. Rousseau, le fabricant qui a commandé ce service
à M. Bracquemond, en a vendu pour plus de soixante mille
francs !
BUREAUX: 55, RUE Y1 VIENNE.
5 AVRIL.
CHRONIQUE DES
ET
DE LA CURIOSITÉ
PARAISSANT LE DIMANCHE MATIN.
ARTS
Comptes rendus et Annonces des Ventes publiques
ABONNEMENTS :
Correspondances étrangères. — Nouvelles des Galeries
de Tableaux, Dessins, Estampes, Bronzes, Ivoires, Médailles,
P A R I S ET I) É P A R T E M E N T S
publiques, des Ateliers. — Bibliographie des Livres, Articles
Livres rares, Autographes, Émaux, Porcelaines, Armes
Six mois, 8 fr. — Un an, 15 fr.
de Revues et Estampes, publiés en France et à l’Étranger.
et autres objets de curiosité.
-.-
Étranger, le port en sus.
Revue des Arts industriels.
AVIS IMPORTANT.
Les collections de la Gazette clés
Beaux-Arts sont portées à 500 fr.
au lieu de 400. Il n’en reste plus que
quelques exemplaires. Les abonnés
qui désireraient compléter leur col-
lection sont invités à faire connaître
très-prochainement les livraisons ou
volumes qui leur manqueraient. Déjà
un grand nombre de livraisons font
défaut.
DE QUELQUES PUBLICATIONS CÉRAMIQUES.
La chromolithographie est venue, dans ces der-
nières années, apporter le plus utile concours aux
publications d’art, soit pour la reproduction des
manuscrits, soit pour celle des pièces céramiques.
La perfection des tons est beaucoup plus grande.
Lebon marché du tirage a permis de mieux ré-
pandre, et aujourd’hui le gros du public peut
souscrire à des volumes magnifiques qui autrefois
étaient le lot des bibliothèques publiques et des
grands cabinets.
Nous avons déjà signalé, à mesure de leur
apparition, les premières livraisons du Recueil de
faïences italiennes des xve, xvie et xvue siècles,
dessinées et lithographiées par MM. Carie Delange
et G. Borneman, avec texte par notre collabora-
teur Alfred Darcel et M. Henri Delange.
Les livraisons 3, k et 5 viennent de paraître,
apportant, comme leurs aînées, aux céramistes
des modèles nouveaux, aux écrivains des docu-
ments intéressants, aux collectionneurs des ren-
seignements précieux pour le classement de leurs
séries. Les plats, les aiguières, les hanaps, les
vases électuaires, les gourdes de chasse, les
coupes « amaloria » sont reproduites, non pas
seulement dans leur silhouette ou dans le détail
des scènes qui les ornent, mais avec les tons, les
émaux, les irisations mêmes qui les décorent et
qui souvent en déterminent la provenance ou la
date. Au bas de chaque planche est figurée la
marque de l’atelier, le monogramme ou la signa-
ture de l’artiste tracés au pinceau sur le revers.
M. Delange a recueilli ces spécimens dans les col-
lections publiques du Louvre, de Cluny, de Ken-
sington à Londres, de Correrà Venise ou dans les
cabinets les plus riches, chez MM. de Rothschild,
Basilewski, Dutuit, Andrew Fountaine, Joseph
Fau, d’Yvon, de Saint-Seine, Charles Davil-
lier, etc. De cette façon, on va savoir prochaine-
ment tous les types que possèdent Londres, Paris,
Rome, Stockholm, Venise, et pouvoir dresser,
sans quitter son fauteuil, un inventaire dont de
longs et fatigants voyages ne fourniraient point
tous les matériaux. Ces dernières livraisons nous
semblent d’une exécution plus souple, et d’un
ton plus juste encore que les premières. Le succès
qu’ont obtenu les précédentes publications de
M. Delange; les Faïences de Henri II et YOEuvre
de Bernard Palissy, attend certainement celle-ci,
dont l’intérêt est plus varié et qui offre, par
exemple, à côté d’un plat de maestro Giorgio un
carreau de revêtement persan, avec figures en
relief. Si nos céramistes modernes, qui ont retrouvé
à peu près tous les secrets de fabrication des
potiers de la Renaissance, s’obstinent à tourner
dans le cercle de l’imitation banale, ce ne sera
pas faute d’avoir sous les yeux la preuve de l’iné-
puisable variété des formes et des décors inventés
à F envi par leurs prédécesseurs.
M. A. Maréchal publie, à Beauvais, en un joli
volume in-octavo carré, les Faïences anciennes
et modernes avec leurs marques et décors i. C’est
un livre très-ingénieux, très-pratique, à la portée
de toutes les intelligences et de toutes les bourses.
Tiré à petit nombre et avec une rare perfection,
peut-être est-il déjà épuisé au moment où nous
écrivons ces lignes.
Il est précédé de quelques pages écrites très-
simplement et donnant sur les apparences typiques
de chaque faïence notable le renseignement qui
doit servir à le faire reconnaître sûrement :
le Rouen est d’une pâte rouge, pâle et sonore; le
Sinceny, qui a copié Rouen, souvent servilement,
a un peu moins d’épaisseur dans la pâte rouge,
pâle aussi; le Delft est une terre jaune, sale,
très-friable, peu sonore, etc. Ainsi de suite, avec
1. A Paris, chez Liepmannslionn.
plus de détails, bien entendu, que nous n’en
reproduirons et des recommandations très-judi-
cieuses sur l’étude successive de la pâte, de la
forme, de la couverte, du décor et de la marque,
« Aujourd’hui, écrit M. A. Maréchal, en rappe-
lant le rôle aimable de la faïence populaire dans
les intérieurs paisibles de l’ancienne bourgeoisie
et du peuple, aujourd’hui que la faïence s’en est
allée avec les vieilles chansons, la modeste table
des villageois n’a plus aux grands jours de fête
que quelques porcelaines mal échantillonnées et
des carafes en verre taillé. C’est suffisant, sans
doute, mais c’est loin d’être gai. » Cela est par-
faitement juste, et c’est par cette raison que le
service peint récemment par Bracquemond a
obtenu un si franc et si légitime succès L
Une grande partie des motifs reproduits en
chromolithographie dans le livre de M. A. Maré-
chal est tirée de la collection de M. A. Delaher-
che, de Beauvais. Un jeune dessinateur lithogra-
phe du pays, M. Camille Dubernay, lésa dessinés
avec un soin et un respect très-rares, dans la
marge inférieure de la page même qui contient
la description. On a donc sous'Iesyeux le rensei-
gnement écrit et le renseignement peint. Ima-
ginez un dictionnaire qui, à l’exemple des ency-
clopédies japonaises, aurait ses marges couvertes
de croquis vivants et colorés.
Cette tentative est une des plus intéressantes
de ces derniers temps. C’est ainsi que devront être
faits les catalogues de nos musées, lorsque l’on
aura le courage d’en éliminer tout ce qui est
secondaire et de n’y conserver que ce qui est
typique et conséquemment d’un intérêt réel.
C’est au moins un manuel que l’on pourrait
envoyer dans les écoles industrielles, car il offre
un renseignement précis, sobre, et ne porterait
point l’esprit de l’artisan céramiste à une repro-
duction littérale. Pii. Burty.
CjO PRES PO N DAN CE.
Londres, 22 mars.
J’ai eu occasion de voir cesjours-ci, chez MM. Gol-
naghi et Cic, les portefeuilles du baron Marochetti qui
1. M. Rousseau, le fabricant qui a commandé ce service
à M. Bracquemond, en a vendu pour plus de soixante mille
francs !