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La chronique des arts et de la curiosité — 1868

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Nr. 42 (18 Octobre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26660#0203
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18G8

N° 42.

BUREAUX: 55, RUE YIYIENNE

18 OCTOBRE.

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET

DE LA CURIOSITE

PARAISSANT LE DIMANCHE MATIN.






Comptes rendus et Annonces des Ventes publiques

ABONNEMENTS :

Correspondances étrangères. — Nouvelles des Galeries



de Tableaux, Dessins, Estampes, Bronzes, Ivoires, Médailles,

PARIS ET DÉPARTEMENTS

publiques, des Ateliers. — Bibliographie des Livres, Articles



Livres rares, Autographes, Émaux, Porcelaines, Armes

Six mois, 8 fr. — Un an, 15 fr.

de Pievues et Estampes, publiés en France et à l’Étranger.



et autres objets de curiosité.

Étranger, le port en sus.

Revue des Arts industriels.






LE LOUVRE.

La grande galerie du Louvre présente à son
extrémité un aspect affligeant. Des vitres brisées
dans la toiture livrent passage à la pluie qui, en
une heure de rafale, pourrait détruire des chefs-
d’œuvre, et laissent pénétrer une poussière plâ-
treuse qui obscurcit la lumière, fatigue les yeux
des visiteurs et s’attache au vernis des tableaux.
Depuis des mois, cet état se continue et per-
sonne ne paraît s’en préoccuper. 11 semblerait,
en voyant une telle insouciance, que M. Lefuel,
l’architecte chargé de la reconstruction du Lou-
vre, ait pour la peinture un souverain mépris. A
une époque où la ferronnerie et la charpente
sont portées si loin, n’est-il donc pas possible de
façonner une carapace solide, en fer ou en bois,
qui, en enveloppant la toiture, protégerait effi-
cacement ces trésors contre la pluie, la pous-
sière et les gravois que laissent tomber des ou-
vriers négligents? Par ce moyen, ou tout au-
tre, il faut absolument que M. Lefuel pense
enfin à abriter des œuvres sublimes depuis trop
longtemps exposées à de graves accidents. Nous
n’avons point la prétention de dicter à l’archi-
tecte du Louvre un système de fermeture.
Sentinelle avancée du public, notre devoir se
borne à veiller, à avertir et à laisser ensuite agir
ceux à qui incombe la responsabilité.

Le danger que nous venons de signaler, n’est
malheureusement point le seul, ni le plus grand
de ceux que courent nos collections. Il en est
un autre beaucoup plus redoutable parce qu’il
est permanent et parce qu’il menace nos chefs-
d’œuvre, non-seulement d’altération, mais d’une
destruction complète. Sous les galeries du Lou-
vre habite tout un monde de palefreniers, de
cochers et de piqueurs, dans des logements
lambrissés, source et aliments trop naturels d’in-
cendie.

Et encore, ce n’est point tout. Dans ce palais
qui renferme les trésors les plus précieux de la
France, au-dessous des peintures et des sculptu-
res des maîtres les plus illustres, se trouvent des
écuries pour cent chevaux, des remises, des
selleries, et— chose inouïe, — une maréchale-

de foin, de bois, au milieu desquels circulent
jour et nuit des hommes porteurs d’allumettes
chimiques! Qui même oserait affirmer que ja-
mais un palefrenier imprudent n’a point, en fu-
mant, placé la flamme à côté de l’étoupe qui
pourrait causer une perte incalculable? La con-
signe, je le veux bien, interdit formellement de
fumer, mais quelle est la consigne que l’on ne
transgresse pas? Des précautions extraordinaires,
nous dira-t-on, sont prises : les pompiers sont
toujours là, prêts à courir au moindre signal; le
gaz établi dans toutes les salles empêche la cir-
culation des lumières; les voûtes, solidement
construites en pierres de taille, sont capables de
résister au feu le plus ardent. Eh bien! toutes
ces raisons ne nous rassurent point. Nous trem-
blons à l’idée de voir les jets des pompes diri-
gés contre les murailles du Louvre ; nous redou-
tons une explosion de gaz se produisant au
Louvre comme en tant d’autres lieux ; nous fré-
missons à la pensée d’apprendre que, au Louvre
comme naguère aux Halles centrales, les voûtes
ont cédé à l’intensité d’un feu alimenté par de
la paille, du foin, des râteliers et des stalles.
Enfin, qui nous garantira, si ce malheur arrivait,
qu’on ne s’empresserait point de voler tout
d’abord au secours des chevaux sollicitant, par
leurs hennissements, la pitié, avant de songer à
sauver des chefs-d’œuvre muets? 11 y a quelques
années, on a supprimé à la Bibliothèque impé-
riale les logements des conservateurs afin de di-
minuer les risques d’incendie. Pourquoi donc,
au Louvre, laisse-t-on des cochers et des palefre-
niers, des écuries et des magasins à fourrages
sous les galeries qui renferment des trésors uni-
ques, qu’on ne pourrait remplacer ni avec l’or,
ni avec le temps? La condition actuelle du Lou-
vre nous remet constamment en mémoire l’em-
brasement récent du palais de Northumberland
à Londres, arrivé fort heureusement lorsqu’une
partie de ses peintures étaient exposées à Ken-
sington, et celui à jamais regrettable de la cha-
pelle de San-Zanipolo qui, l’année dernière,
enlevait à l’humanité deux chefs-d’œuvre in-
comparables : une Vierge en gloire, par Jean
Bellin, et le Jvlartyre de saint Pierre, par Titien !

Emile Galichon.

SOCIÉTÉ DES AMIS DES ARTS

DE BORDEAUX.

COMPTE RENDU.

Messieurs, comme les peuples heureux, la Société
des Amis des Arts de Bordeaux n’a, pour ainsi dire,
point d'histoire, ou plutôt les incidents qui marquent
sa paisible et prospère existence se succèdent avec
une régularité aussi satisfaisante, pour les vrais amis
des arts, qu’elle le serait peu pour les esprits amou-
reux de péripéties nombreuses et inattendues. Si le
rapporteur doit renoncer, pour l’intérêt de son travail
annuel, aux ressources qu’amènent avec eux les grands
événements, il se bornera sans regret à la tâche mo-
deste d’enregistrer des faits peu variés de leur nature ;
en présence de résultats heureux, on peut prendre
aisément son parti d'une uniformité féconde qui a
bien aussi son charme. Cette uniformité, du reste,
n'est pas exclusive de progrès constants et souvent
remarquables, et ceux que nous avons à constater cette
année sont assez frappants pour n’avoir échappé à
personne.

Avant de les mettre sous vos yeux, cependant,
arrêtons un instant nos souvenirs sur les faits doulou-
reux qui sont venus nous rappeler une fois de plus
que la tristesse et les regrets ont toujours leur large
part dans le cours régulier des choses humaines.
Notre Société en fait, presque coup sur coup, la pé-
nible expérience, et si les services que lui ont rendus
ceux-là mêmes qui lui sont enlevés si cruellement
lui permettent d’exister et de prospérer encore, alors
qu'elle se voit privée de leur précieux concours, elle
n’en ressent pas moins l’amertume des séparations
éternelles. Depuis notre dernière assemblée, un de
nos collaborateurs, ami dévoué autant qu’éclairé de
l’œuvre artistique que nous poursuivons, M. Patrice
Ferrière, nous a été enlevé dans toute la force de l’âge
et de l’intelligence, et laisse parmi scs collègues du
Comité le plus sympathique souvenir. Enfin, il y a
quelques mois à peine, la voix émue de notre Prési-
dent se faisait entendre sur le bord d’une tombe
entr’ouverte, et payait, au nom de tous, un éloquent
lj tribut d’éloges et de regrets à un collègue qui était en
même temps un grand artiste. Adrien Dauzats, l’un
de nos fondateurs, l’organisateur zélé et si intelligent
de nos expositions annuelles, le trait d’union si utile
et si sûr entre nous et le monde artistique, venait de
nous quitter pour toujours, à la veille de elle der-
nière exposition, dont il s’occupa avec son zele habi-
tuel, mais qu'il ne devait pas voir ouveite. La ma-
ladie, qui depuis longtemps usait scs forces sans
 
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