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La chronique des arts et de la curiosité — 1868

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Nr. 48 (29 Novembre 1868)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26660#0227
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N° 48.

DIMANCHE 2 9 NOVEMBRE.

1868.

CHRONIQUE

DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ

GUIDE SPÉCIAL DES ARTISTES ET DES AMATEURS
PARAISSANT LE DIMANCHE

ABONNEMENTS.

Paris.Un an : 15 fr.

—.Six mois : 8 fr.

Départements .... Un an : 18 fr.

— .... Six mois : 10 fr.

Un numéro : 20 cent.

Pour l’étranger, le porc en sus.

Rédaction, 55, rue Vivienne.

Comptes rendus et annonces des ventes
publiques de tableaux, dessins, estampes,
bronzes, ivoires, médailles, livres rares,
autographes, émaux, porcelaines, armes,
objets de curiosité, etc.

Revue des Arts industriels.

LES PEINTURES

DU

NOUVEAU TRIBUNAL DE COMMERCE.

On vient de mettre en place dans la
grande salle d’audience du tribunal de
commerce, quatre compositions histori-
ques de M. Robert Fleury. Elles sont
traitées en peinture de tableau et non en
peinture décorative, ainsi qu’y semblait
inviter l’ornementation générale très-sail-
lante et très-colorée de la salle. Dans ce
cadre vaste et remuant, les peintures de
M. Robert Fleury, conçues dans un sys-
tème de dessin arrêté et de coloration
sombre ou bitumineuse, paraissent un peu
dures.

La première., placée à gauche de la
porte d’entrée, représente Y Installation
des juges-consuls par l'Hospital, en 1563.
M. Robert Fleury n’a pas manqué d’y in-
troduire ces costumes de la.Renaissance,
ces armures qu’il excelle à représenter
dans ses tableaux de genre.

A droite de la porte, on voit Colbert
présentant V Ordonnance du Commerce à
Louis XIV, en 1673. Il faisait bien som-
bre dans les appartements de Versailles
le jour où se passa ce fait historique.

Le président Vignonprésentant le Code
de commerce à NapoléonIer, en 1807,nous
fait entrer dans les temps modernes-. On
peut s’étonner de la sévérité du visage de
Napoléon I". 11 semble adresser au prési-
dent Vignon une de ces remontrances dont
le ton est demeuré historique. Le groupe
des courtisans témoigne , par son impas-
sibilité, du peu d’intérêt qu’il prend à
cette scène. Cette composition occupe la
paroi droite de la salle, et sur la paroi
gauche on voit Napoléon III visitant le
nouveau palais du Tribunal de com-
merce, en 1865. Peut-être aurait-on pu
choisir un épisode d’un intérêt historique
plus vif. Une inauguration tient bien peu
de place dans l’histoire d’un souverain et,
dans celle d’un monument, elle est d’une
nullité parfaite; mais M. Robert Fleury
n’était pas libre de modifier ce pro-
gramme.

La disposition générale de la composi-
tion est défectueuse. Deux lions en pierre,
vus de trois quarts en raccourci par der-

rière, occupent, sans charme pittoresque,
les deux extrémités ; la lumière qui frappe
au fond la façade du Palais de Justice,
est moins celle de la nature que celle
d’un jour intérieur. Mais M. Robert Fleury
s’est relevé dans la série des portraits des
personnages de marque qui entourent le
souverain et son épouse. Il s’y est montré
peintre de portraits énergique, simple,
coloré. On distingue à leur grande taille
M. Haussmann, M. de Nieuwerkerque ;
on m’a désigné comme très-ressemblants
MM. Baltard, Dumas, Devinck, Denière,
Chaix-d’Est-Ange, Bailly, Berthier, etc.
Cette page est vraiment digne de ce que l’on
devait attendre de M. Robert Fleury. En
se mouvant dans le monde actuel, placé
en face de la réalité, il s’est montré à la
hauteur des meilleures œuvres que l’on
connaissait déjà de lui. Ph. B.

LE MÉDAILLON

DE

NICOLAS MESNAGER.

Un travail publié dans le Magasin Nor-
mand sous ce titre : Nicolas Mesnager ; —
Éclaircissements ; — Rectifications ; — Docu-
ments inédits, vient de faire retrouver le
•médaillon en marbre qui décorait, au siècle
dernier, le tombeau de ce diplomate dans
l’église Saint-Roch. En lisant les dernières
lignes de l’article, relatives à ce monument,
M. Soulié, conservateur du musée de Ver-
sailles, s’est demandé si un médaillon qui
n’avait pu, faute d’inscription, être placé
dans ce musée, mais qu’il avait, il y a deux
ans, tiré des magasins pour l’employer, avec
d’autres sculptures, à décorer l’escalier de
ses bureaux, n’était pas celui de Mesnager.
Comparaison faite avec la peinture de Ri-
gaud, conservée à Versailles, la ressem-
blance s’est trouvée frappante, décisive,
à ce point qu’on ne peut douter que le
sculpteur n’ait travaillé d’après l’œuvre du
peintre. Séparée de l’inscription qui, sui-
vant un croquis existant à la Bibliothèque
de l’Arsenal, était placée sur le cénotaphe,
cette effigie anonyme de Mesnager était,
pour ainsi dire, sortie de l’histoire : elle y
rentre aujourd’hui.

Le médaillon, de forme ovale, a 66 centi-
mètres de hauteur sur 52 centimètres de
largeur. C’est une sculpture d’un modelé
très-fin et d’une exécution très-moelleuse.

L’artiste a suivi d’aussi près que possible le
faire de Rigaud pour les traits, la perruque,
la draperie. L’état de conservation est par-
fait, malgré le double voyage que ce mor-
ceau a dû faire de Saint-Roch aux Petits-
Augustins et de là à Versailles. La croix de
Saint-Michel, qui est en saillie et dépasse un
peu le cadre, a seule souffert une légère
dégradation.

L^s parisiegraphes font connaître le nom
du sculpteur, Simon Mazière, originaire de
Pontoise, mais né à Paris vers 1649, suivant
M. Jal. H y a des œuvres de lui dans les jar-
dins de Versailles. Le Louvre n’en a aucune
et je donnera peut-être un moulage de
celle-ci. Mais il y a un musée qui devrait
bien réclamer cette reproduction peu coû-
teuse : c’est celui de Rouen.

Né à Rouen en 1658, avocat ou commer-
çant, Mesnager fut envoyé, en 1700, par ses
compatriotes, au Conseil général du com-
merce. Sa capacité y fut remarquée, et des
négociations lui furent confiées en Espagne
et en Hollande : il s’en tira avec succès. En
1711, il fut envoyé en Angleterre avec un
pouvoir de traiter avec tous les États en
guerre avec la France. Les Anglais exigèrent
que ce pouvoir fût changé contre un autre,
restreint à la Grande-Bretagne. Sa mission
était si périlleuse, non-seulement pour lui,
mais encore pour les ministres avec lesquels
il négociait, qu’il la remplit caché. La reine
Anne, qui jouait alors son rôle dans la co-
médie écrite ingénieusement de nos jours
sous ce titre : Le Verre d’eau, se préoccupa
de la réclusion de notre compatriote, laquelle
dura près de deux mois : elle ordonna qu’on
lui fournît les moyens de se distraire. Un roi
n’aurait pas pensé à cela. Après la signature
des préliminaires, le reclus lui fut conduit
par un escalier dérobé ; elle trouva, sans
doute, que notre diplomatie était au moins
bonne à voir. L’extérieur de Mesnager dut
lui être utile dans une carrière où la persua-
sion et la confiance sont des moyens de suc-
cès. Il y a peut-être des figures plus nobles
que la sienne : il n’en est pas de plus sympa-
thiques.

La veille de son départ pour Londres, il
avait fait un testament que j’ai trouvé dans
les minutes de l’étude Prestat. Il y constate
d’abord les dangers que sa vie va courir, et
alors ses pensées se tournent vers la charité.
Les premiers et principaux legs sont les
trois suivants : « Vingt mille livres aux
pauvres familles d’artisans de Paris et des
faubourgs, pour avoir des outils, instru-
ments et quelque matière première pour
gagner leur vie ; chaque distribution ne
devant pas dépasser cinq cents livres; —

ABONNEMENTS.

Paris.Un an : 15 fr.

—.Six mois : 8 fr.

Départements .... Un an : 18 fr.

. . . . Six mois : 10 fr.

Correspondances étrangères. — Nouvelles
des galeries publiques, des ateliers. •—
Bibliographie des livres, articles de revues
et estampes, publiés en France et à
l’Etranger.

Expositions de Province et de l’Etranger.


Vingt mille livres aux prisonniers, galériens
et autres malheureux les plus abandonnés;
— Vingt mille livres pour marier quarante
pauvres filles, enfants trouvés, qui se trouve-
ront dans l’hôpital général de Rouen, ma
patrie, pourvu qu’on les marie à des
maîtres-ouvriers incorporés dans les corps
de métiers. »

Enfin, le 11 avril 1713, à Utrecht, ambas-
sadeur extraordinaire et plénipotentiaire,
avec le maréchal d’Uxelles et l’abbé, bien-
tôt cardinal, de Polignac, collègues dont le
roi avait voulu qu’il marchât l’égal (ce que
Saint-Simon trouve étrange et monstrueux),
il sjgna Je traité de paix générale qui mit un
terme à nos malheurs. Louis XIV lui donna,
au mois de septembre suivant, une pension
de douze mille livres qui fut servie neuf
mois. Il mourut le 15 juin 1714, à Paris,
dans son hôtel, rue Saint-Honoré. Il paraît
qu’il était riche ; mais il avait certainement
servi l’État aux dépens de sa fortune.

Son tombeau était placé à Saint-Roch, au-
devant du sixième pilier de la nef, à gauche.
Il se composait d’un cénotaphe en marbre
noir, d’une pyramide en marbre blanc, et
du médaillon de pareil marbre qui vient
d’être retrouvé, L’épitaphe était gravée sur
le panneau antérieur du cénotaphe : il n’est
pas impossible qu’on le retrouve dans les
dépôts dé l’École des Beaux-Arts. M. le direc-
teur a promis, avec beaucoup de bienveil-
lance, qu’on y ferait des recherches.

S.-B.

RÉUNION

DES

FABRICANTS DE BRONZE.

CONCOURS GÉNÉRAL DE 1868.

La Gazette des Beaux-Arts1, en étudiant
l’art du bronze à la dernière exposition
universelle, s’est occupée de la Réunion
des fabricants de bronze de Paris et des
cours de dessin et de modelage créés
par cette société en faveur de ses ap-
prentis, qui sont contraints de les suivre
sous peine d’amende et de renvoi de
l’atelier. Elle a parlé des concours insti-
tués entre tous les artistes, artisans et
ouvriers qui travaillent pour l’industrie
des métaux et a mentionné les pièces ré-
compensées à la suite de ces concours

1. T. XXIII, p. 419.
 
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