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La chronique des arts et de la curiosité — 1868

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Nr. 39 (27 Septembre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26660#0191
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18G8. — N° 39.

BUREAUX: 55, RUE VIVIENNE.

27 SEPTEMBRE.

L A

ET

Comptes rendus et Annonces des Ventes publiques

ABONNEMENTS :

Correspondances étrangères. — Nouvelles des Galeries

de Tableaux, Dessins, Estampes, Bronzes, Ivoires, Médailles,

P A îl î S E T 1> É P A R T E M E N T S

publiques, des Ateliers. — Bibliographie des Livres, Articles

Livres rares, Autographes, Émaux, Porcelaines, Armes

Six mois, 8 fr. — Un an, 15 fr.

de Revues et Estampes, publiés en France et à l’Étranger.

et autres objets de curiosité.

Étranger, le part en sus.

Revue des Arts industriels.

-__j

ANTOINE VECHTE.

Antoine Vechte naquit en 1800, à Vic-sous-
Thil, non loin d’Avallon, où son père exerçait la
profession de menuisier. A l’âge de onze ans il
était orphelin et seul soutien d’une sœur plus
jeune que lui. Obligé de travailler pour gagner
sa vie et celle de sa sœur, il entra successive-
ment dans diverses fabriques, jusqu’à ce qu’il
réussit à se faire recevoir chez Soyer, qui plus
tard devait être chargé d’exécuter la colonne de
Juillet. Là il apprit l’art de ciseler et le dessin
pendant les heures de repos et du soir. Mais il
ne devait être artiste qu’au prix de longues et
pénibles luttes. Obligé de renoncer à la profes-
sion de ciseleur, ce ne fut qu’après son mariage,
à l’âge de trente ans, qu’il put recommencer à
dessiner d’après des plâtres et des modèles qu’il
achetait au prix de grands sacrifices, et à s’exer-
cer dans l’art de la composition en lisant des
livres dans lesquels il puisait le goût et les con-
naissances indispensables à tout véritable artiste.
Ses premières œuvres furent des modèles de
pendules qui devinrent la propriété de Vitoz, le
fabricant de bronzes. Peu récompensé de ses
efforts, Vechte abandonna bientôt cette voie, qui
devait enrichir son associé, pour fabriquer des
armes de luxe. Pendant plusieurs années, il cou-
vrit des casques, des cuirasses et des boucliers
de sujets charmants par l’invention et le goût.
Son nom , inconnu au public, était déjà tenu en
grande estime par les amateurs, qui le consi-
déraient comme le premier de nos ciseleurs;
aussi est-ce à lui qu’en 1838 la ville de Paris
confia l’exécution de la ciselure d’une épée des-
sinée par Klagmann, et qui devait être offerte
au jeune comte de Paris à l’occasion de son bap-
tême. Vechte passa plus de deux ans et demi à
ciseler sur la lame de celte épée le bas-relief de
Bellone et à parfaire les damasquinures d’or de
la médaille de Minerve et les figures et attributs
des sciences, des arts et de l’industrie qui or-
naient le fourreau, dédié à la Victoire et à la
Paix. Cette œuvre capitale valut à Vechte une
grande notoriété, et depuis lors sa réputation n’a
cessé d’aller en grandissant. Froment-Meurice,
qui a toujours excellé dans le choix de ses colla-
borateurs, l’attacha à son atelier dès 1839, et lui

PARAISSANT LE DIMANCHE MATIN.

confia l’exécution de ses pièces les plus déli-
cates. Pour cet orfèvre distingué il travailla à la
coupe des Vendanges, artiste ment taillée dans
l’agate, supportée par un cep de vigne en argent
émaillé, et d’où pendaient des raisins en perles
fines. M. Vechte avait ciselé avec la plus grande
perfection, dit le rapport officiel de l’Exposition
de 18âà, à laquelle cette coupe figura, diverses
figurines savamment groupées entre les branches
et les feuillages. C’étaient des petits Génies grim-
pant curieusement aux flancs du vase et s’accro-
chant aux brindilles; une femme endormie dans
les pampres et se recourbant pour former l’anse,
et au pied de la coupe de charmantes figures
symbolisant les divers genres d’ivresses : celle du
buveur resté fidèle au eu lie du Bacchus antique,
celle du poète qui rêve les yeux fixés sur les
étoiles, et celle aussi de l’amant, qui vaut, je
crois, toutes les autres.

Vechte était dès lors connu de tous. Cepen-
dant il n’était pas satisfait, il voulait plus encore:
il désirait reprendre la pratique du repoussé,
depuis longtemps abandonnée par les orfèvres.
Il s’adressa au duc de Luynes, qui, ne croyant
pas à la réussite de ce projet, ne voulut y consa-
crer qu’une somme relativement minime.Vechte
persista cependant, et par ce procédé ii exécuta
le vase du Triomphe de Galatée, œuvre remar-
quable, qui l’enrichit peu. Après ce vase il exé-
cuta de la même manière pour M. Lepage une
buire sur laquelle était représenté l’Enlèvement
des Sabines, et pour Mme la duchesse de Camba-
cérès, un superbe bracelet en fer repoussé.

A l’Exposition de 18û7, Vechte envoya son troi-
sième grand vase: les Titans foudroyés par Jupiter,
qui lui fit obtenir la médaille d’or. MM. Hunt et
Roskell, célèbres orfèvres d’Angleterre, acquirent
cette œuvre capitale et la réexposèrent en 1862
à Londres, où, M. Dalloz l’ayant vue, lui a consa-
cré dans le Moniteur un long article.

« On sent des pulsations de rage et de dou-
leur sous ces côtes de géants, que fait craquer
l’avalanche de rochers qui les foudroie , des
efforts désespérés, des étonnements d’orgueil,
dans la contraction des muscles de leur visage;
ils se tordent, ils crient, ils luttent encore avec
le désespoir de l’impuissance. Quelle scène im-
mense dans un espace de quelques pouces carrés !

« Au sommet du vase, trône Jupiter dans cette

calme fureur qui sied au maître des dieux bravé ;
ses noirs sourcils, dont le froncement ébranle
l’univers, se rapprochent terribles. Un vent de
colère soulève sa chevelure, le courroux enfle sa
large poitrine. Il foudroie avec une sérénité cé-
leste les noirs révoltés de la terre. Son œil, qui
reflète l’avenir, a déjà vu descendre la Victoire
aux ailes d’or. L’orgueilleux soulèvement de la
matière ne souillera pas l’azur éternel. Aux pieds
du dieu, son aigle, les ailes palpitantes, les
plumes hérissées , les serres pleines de foudres,
lançant le feu par le bec et par les prunelles,
prend au combat une part active.

« Au long des anses, échappés à l’écroulement
des montagnes de pierre, deux Titans, dans l’es-
poir de surprendre le dieu et de pénétrer dans
la forteresse olympienne, se hissent comme à
l’assaut avec des crispations de doigts, des ren-
flements de muscles, des raidissements de vo-
lonté qui font le plus beau contraste à l’altitude
majestueuse et tranquille de Jupiter.

« Sur la gorge du vase on distingue en bas-
relief, simplement indiqué par un trait hachant
le nuage, le Génie du mal faisant appel à la Ré-
volte, à l’Envie, à la Perversité et autres puis-
sances subversives et monstrueuses. C’est comme
une vision, comme la secrète pensée des mau-
vaises consciences. Cette zone presque unie et
d’un oxyde plus sombre repose l’œil et laisse
leur valeur aux reliefs des flancs et du cou-
vercle. »

Vechte, en possession de la célébrité, ne tra-
vaille plus crue pour les privilégiés de la fortune.
En argent repoussé il exécute la statuette équestre
de Mme Nathaniel de Rothschild, et pour M. de
Vancîœuvre la coupe de l’Harmonie dans l’O-
lympe. Pour cette œuvre, comme pour le vase
des Titans, l’artiste, a dit M. Paul Mantz dans la
Gazette des Beaux-Arts, s’était inspiré des maîtres
florentins de la grande époque; ses figures, d’un
relief modéré, étaient superbement groupées,
le dessin en était savant, le modelé souple et
nerveux. Vechte fut décoré à la suite de cette
exposition, et reçut de l’Etat la commande d’un
vase de scrutin (le Songe d’Adam), qu’il ne ter-
mina que plus tard.

Les événements de 18A8, en resserrant les
bourses françaises, forcèrent Vechte, chargé
d’une nombreuse famille, à écouter les proposi-
 
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