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La chronique des arts et de la curiosité — 1868

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Nr. 19 (10 Mai)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26660#0103
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1868. — N° 19.

BUREAUX: 55, RUE VIVIENNE.

10 MAI.

CHRONIQUE DES ARTS

E T

DE LA CURIOSITÉ

PARAISSANT LE DIMANCHE MATIN.




Comptes rendus et Annonces des Ventes publiques
de Tableaux, Dessins, Estampes, Bronzes, Ivoires, Médailles,
Livres rares, Autographes, Émaux, Porcelaines, Armes
et autres objets de curiosité.

ABONNEMENTS :

PARIS E T I) É P A R T E M E N T S

Six mois, 8 fr. ■— Un an, 15 fr.
Étranger, le port en sus.

Correspondances étrangères. — Nouvelles des Galeries
publiques, des Ateliers. —Bibliographie des Livres, Articles
de Revues et Estampes, publiés en France et à l’Étranger.
Revue des Arts industriels.





SALON DE 1868.

Dès le seuil de la porte, le catalogue, plus
volumineux que d’habitude, nous avertit que le
festin est tout au moins abondant. Le chiffre de
1,801 peintures exposées l’année dernière est
porté à 2,587 ; celui des dessins, qui était de
534, se trouve être de 801, et celui des sculp-
tures de 527, au lieu de 381; la gravure seule,
à un numéro près, est restée stationnaire, 188.
Ces chiffres ne signifient point que nos peintres
ont été plus féconds, mais simplement que le
jury, sorti du suffrage universel, a été plus
facile.

La Chronique n’a point à rendre compte de ce
Salon : elle laisse à la Gazette le soin de pronon-
cer un jugement raisonné et de fixer les souve-
nirs à l’aide de la plume et du crayon. Ce que
nous voulons seulement aujourd’hui, c’est satis-
faire la curiosité bien naturelle de nos lecteurs,
c’est leur tendre le fil à l’aide duquel ils pour-
ront se guider au milieu du dédale que forment
4,213 œuvres exposées aux regards.

Après nous être arrêté un instant sur le palier
de l’escalier, pour y voir le carton que M. Bin a
dessiné pour la décoration de l’école polytech-
nique de Zurich, pénétrons dans le grand salon,
qui, comme les années précédentes, n’est point un
salon d’honneur. Au milieu des toiles officielles
ou officieuses qui l’entourent, nous distinguons:
la Naissance cl’Ève, par M. Bin, peinture sérieuse
qui eût été remarquée il y a quelques années,
alors qu’on avait encore le goût des grandes
choses ; la Naissance cle Minerve, plafond libre-
ment peint par M. Mazerolles ; et, au-dessous de
cette toile, la Jérusalem, de M. Gérome, voilée
d’un crêpe gris. En regard, un vert Paysage, de
M. Hanoteau, a pour pendant les Ruines du châ-
teau de Pierre fonds, par M. Huet; puis, non loin
de là, sont les Cuirassiers, de M. Begamey; et,
tout à l’opposé, près de la première des salles qui
s’ouvrent à gauche, des pivoines et des roses vives
et fraîches comme si elles étaient nées en pleine
lumière et non de la palette de M. Bousseau.

Entrons dans la galerie qui s’offre à nous et
qui s’ouvre par les lettres M. N. O. P., et nous y
trouverons : les Femmes fellahs, de M. Mouchot,
qui gagneraient à être plus modelées; le Grand
Sanhédrin, de M. Moyse; une Pénélope et une

Phrynè modernes, pour lesquelles M. Marchai a
eu tort d’abandonner ses naïves et bonnes Alsa-
ciennes; le Paon, éblouissant de couleur, de
M. Monginot; les Marines bleues de M. Masure ;
d’excellents Chiens, par M. Mélin, et un Effet de
neige bien exprimé, parM. Orry.

Dans la salle L. M. nous retrouvons M. Mou-
chot avec un Montreur de singes au Caire, où,
comme dans son premier tableau, de bonnes
figures demanderaient à être mises en lumière
par un modelé plus ferme. Nous y rencontrons
encore le Vol avec escalade, dans lequel M. Lam-
bert a peint avec beaucoup de franchise toute
une brillante batterie de cuisine ; et deux bons
tableaux religieux de M. Legros, Une amende
honorable et Un lutrin.

L. — Cette salle est celle qui retiendra le plus
longtemps le visiteur. Elle contient le meilleur
portrait du Salon, l’Amiral Jaurès, par M. Leh-
mann ; une superbe étude de Femme couchée et
un Portrait de jeune fille, par M. Lefebvre, qui
s’est montré plus peintre qu’artiste; une Néréide
bercée dans une conque qui reflète sur les
chairs ses couleurs nacrées , par M. Charles
Lefebvre; un Orage qui gronde, par M. Lam-
bert; un beau Portrait de femme, par M. Adolphe
Leleux, et un excellent tableau, Avant l’enseve-
lissement, par M. Eugène Le Roux. Les deux
Idylles de M. Émile Lévy montrent qu’un artiste
ne doit jamais regarder en arrière.

I. J.K. — Le Portrait de MUe G. B., par Mlle Né-
lie Jacquemart, plein de vie et d’élégance aisée,
porte tort aux Portraits de M. Jalabert ; les Dor-
meuses, de M. Israëls, nous redisent la tranquil-
lité de la vie domestique ; la Marguerite, de
M. Jundt, nous donne bien l’impression des
fraîches matinées et des mœurs simples des
montagnes, et la Mèdèe, œuvre d’une belle tour-
nure, nous fait bien augurer du talent d’un tout
jeune homme, M. Klagmann.

LI. G. — Nous devrions avoir plaisir à nous
arrêter dans cette salle, où M. Herrner expose ;
mais qui peut se promettre d’être toujours égal
à soi-même ? Voyons à côté l'Adam et Ève, de
M. Hesse, et les deux Paysages orientaux, de
M. Muguet.

F. G. H. — M. Guillon, dans son Paysage de
Vèzelay, a soutenu le nom qu’il s’est fait l’année
dernière; M. Feyen-Perrin a traité d’un pinceau

délicat et fin des idées que la peinture ne peut
point rendre. Les curieux blasés, en quête de
mélodrames, devront chercher dans cette salle
la Mort du maréchal Ncy, par M. Gérome, et les
amateurs de saine peinture admireront la Der-
nière Épingle de Ccirméla, qui devrait être placée
parmi les meilleures toiles dans un salon d’hon-
neur.

D. E. F. — Les Centaures, de M. Fromentin,
plairont moins que ses Arabes attaqués par une
lionne, où nous retrouvons sa couleur brillante
et ses qualités d’élégance et de fineske, et les
Bœufs, de M. Didier, nous paraissent au-des-
sous de ceux qu’il a exposés l’année dernière.
M. Édouard Frère, dans ses charmants tableaux
d’intérieur : les Couseuses et Intérieur a Roycit,
se montre égal à lui-même, et M. Dubois a su
mettre du style dans son Érigone.

D. — Deux paysagistes se disputent ici notre
attention : Daubigny, par sa Forêt et ses Van-
neuses, et de Cock, par son Bois et sa Bruyère.
M. Dubufe, dans ses Portraits de MM. Mossel-
man et Demidoff, se révèle observateur conscien-
cieux de la nature ; et M. Dehodencq a mis beau-
coup de vie dans son portrait de M. Banville et a
rendu d’une manière saisissante le mouvement
de la foule dans sa Charlotte Corclay.

Revenu au grand salon, nous le traverserons
pour visiter les galeries qui s’ouvrent à droite de
l’entrée. La salle P. Q. R. ne nous montrera guère
qu’un Paysage ensoleillé, de M. Potter, et le Jeu,
figure décorative, par M. Puvis de Chavannes.
Dans les salles R et S, nous signalerons particu-
lièrement les Joueurs de trictrac, de M. Roybet,
qui retrouvera cette année le succès que son Fou
lui a valu il y a deux ans ; un charmant petit Por-
trait, par M. Tony Robert-Fleury; la Sœur aînée
et les Vanneuses, de M. Reynaud ; et l'Huître et
les Plaideurs, de M. Ribot, qui professe toujours
l’excellence du noir et la supériorité de la lai-
deur sur la beauté.

S. T. — Le Deuil de cœur, par M. Saintin, est
une œu vre pleine de charme qui arrête le public
avec raison; le Serrurier, de M. Servin, est une
bonne et solide peinture ; et les Arrhes et Curio-
sités de M. le comte de Nieuwerkerke, par
M. Vollon, montrent tout ce que peut un colo-
riste qui connaît son métier. Relevons encore en
passant les Anes et les Moulons si consciencieu-
 
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