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La chronique des arts et de la curiosité — 1868

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Nr. 46 (15 Novembre 1868)
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N° 46.

DIMANCHE 15 NOVEMBRE

1868.

ABONNEMENTS.

Paris. . ..Un an : 15 fr.

— . ..Six mois : 8 fr.

Départements .... Un an : 18 fr.

— .... Six mois : 10 fr.

Un numéro : 20 cent.

Pour l'étranger, le port en sus.

Redacti on , 55, rue Vivienne.

Comptes rendus et annonces des ventes
publiques de tableaux, dessins, estampes,
bronzes, ivoires, médailles, livres rares,
autographes, émaux, porcelaines, armes,
objets de curiosité, etc.

Revue des Arts industriels.

CHRONIQUE

DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ

GUIDE SPÉCIAL DES ARTISTES ET DES AMATEURS
PARAISSANT LE DIMANCHE

ABONNEMENTS.

Paris.Un an : 15 fr.

—.Six mois : 8 fr.

Départements .... lin an : 18 fr.

— .... Six

Un numéro : 20

Pour l’étranger, le

Administration, 55, rue Vivienne.

Correspondances étrangères. — Nouvelles
des galeries publiques, des ateliers. — 1
Bibliographie des livres, articles de revues
et estampes, publiés en France et à
l’Etranger.

Expositions de Province et de l’Etranger.

EXPOSITION
he i.a

SOCIÉTÉ DES AMIS DES ARTS

DE SEINE-ET-01SE, A VERSAILLES.

L’Exposition annuelle de la Société des
Amis des Arts du département de Seine-
et-Oise est ouverte à Versailles dans la
galerie de l’hôtel de ville.

Mieux encore que les années précé-
dentes, le Salon versaillais de 1868 a
revêtu le caractère propre aux expositions
locales dues à l’initiative privée. On n’y
voit que des tableaux de chevalet, de
dimensions restreintes, des morceaux
de sculpture proportionnés aux inté-
rieurs modernes et en harmonie avec les
habitudes de la vie bourgeoise. Point de
grandes compositions historiques, point
de ces études de nu, les unes, affirma-
tions convaincues, bien que trop peu no-
bles parfois, d’un idéal de pure beauté ;
les autres, protestations vaines et souvent
maladroites contre la recherche même de
cet idéal. -Une seule exception microsco-
pique, la petite Vénus ou Néréide, échap-
pée au pinceau facile de M. Feyen-Perrin
et jetée sur la grève par une vague trop
transparente pour couvrir les défauts du
dessin, rappelle ces dernières luttes de
l’école auxquelles a succédé le calme plat.
Il n’y a pas lieu de regretter l’exclu-
sion de ces œuvres de haut style et de
hautes visées devant lesquelles l’on pose
et l’on discute les problèmes de la phi-
losophie de l’art. Les théories n’ont pas
affaire ici; on poursuit un but pratique
et directement utile, industriel, si l’on
veut ; il s’agit de faire vendre et de faire
acheter. Et certes le but sera atteint, les
amateurs ne manquent point de sujets
de tentation et de séduction même. Ce
serait un dilettantisme bien tiède qui ré-
sisterait à tel Émile Lévy, à tel Le Poit-
tevin, aux Maxime Lalanne, aux E. De-
launay, aux Lambinet, aux Berchère, aux
Brest, aux Frère, aux Luminais, aux
Anastasi, lorsqu’ils se rendent abordables
aux bourses de province.

Une bonne organisation perfectionnée
par l’expérience et surtout le retour régu-
lier de ces expositions en ont sensiblement
accru l’intérêt et l’importance; jamais

nos maîtres les plus appréciés dans tous
les petits genres, paysagistes, orienta-
listes, peintres d’intérieur, de fleurs, de
nature morte, d’architecture, n’avaient
répondu avec autant d’empressement que
cette année à l’appel de la Société des
Amis des Arts.

Les deux morceaux favoris, créés dans
un esprit bien différent, sont décidément :
Le Passage du Gué, deM. Émile Lévy, et
les Comptes de la cuisinière, de M. Le
Poittevin.

Vous connaissez le délicieux groupe du
petit pâtre, transportant, assise sur son
bras gauche, une toute jeune fille blonde,
par delà le torrent. La toile exposée par
M. Lévy est la répétition en petit, et non
pas une première pensée, de son célèbre
tableau; du moins l’exécution achevée
presque à l’égal d’une miniature nous le
fait juger ainsi. D’une infinie délicatesse
de dessin, plus vivante et plus harmo-
nieuse de ton que le grand tableau ori-
ginal, elle garde le style ample de nos
classiques et un sentiment virgilien de la
nature.

La composition qui sert de pendant au
Gué paraît mignarde au premier abord.
Dans le Vertige nous retrouvons le jeune
homme et la jeune fille qui forment tout
le personnel des bucoliques de M. Lévy.
Ils sont arrêtés sur un étroit chemin de
montagnes qui surplombe un précipice.
Confiante et curieuse, cherchant une
émotion de terreur, la jeune fille penche
la tête en avant et regarde l’abîme, tan-
dis que ses petites mains caressantes se
retiennent aux épaules de son ami. Plus
prudent et plus ferme, immobile comme
un roc, le jeune homme qui protège le
caprice de sa compagne n’a garde de
s’exposer au vertige. L’invention est jo-
lie, mais les lignes du groupe ne sont pas
si gracieusement pondérées que dans
l’autre motif, et la tonalité assombrie par
le brun des vêtements ne se laisse point
comparer à l’harmonie fraîche et tendre
du Gué.

Avec le troisième tableau de M. Lévy,
la grande idylle les Lilas, nous touchons
à l’abus. Si l’auteur continue, nous ne
croirons plus à la naïveté de ses jeunes
amoureux. M. Lévy lui-même ne croit
plus à leur réalité ; il les pose sur un ter-
rain tellement vertical qu’on ne saurait

s’y tenir même le temps de glisser. Que
M. Lévy prenne garde. Ses idylles ont
été d’abord une veine poétique originale;
elles sont devenues une manière ; encore
un pas et elles deviendront un article,
une spécialité de commerce.

M. Le Poittevin entend bien davantage
et de longue date la variété. La Nor-
mandie des pêcheurs et des cultivateurs
est une inépuisable mine pour ce véri-
dique observateur; mais il connaît aussi
le cœur humain de la cuisinière qui fait
danser l’anse du panier. Les Comptes de
la cuisinière s’élaborent lentement dans
l’esprit de l’adroite personne. Elle s’est
confortablement assise, appuyée sur son
panier vide. A terre, la marmite dans
laquelle sont déposées de belles reines-
marguerites. Sur la table, un morceau de
veau qui sent la chair fraîche, des lé-
gumes choisis de main de maître, et des
cuivres qui brillent comme aux jours de
fête. Tout cela ne doit-il pas se payer?
Et ne faut-il pas savoir gré à la cuisi-
nière de la modération et du soin avec
lesquels elle combine des chiffres vrai-
semblables? Cette cuisinière-là ne me
paraît pas destinée à rentrer chez M. Le
Poittevin.

M. Piot a exposé une tête de fantaisie,
de grandeur naturelle, intitulée Margot.
Cela pourrait être un portrait; la phy-
sionomie, pleine d’intentions, la coiffure,
l’ajustement, tout concourt à reproduire
une saisissante expression de coquetterie
maligne et de grâce effrontée.

Parmi les orientalistes, en assez grand
nombre, M. Th. Frère règne et gouverne ;
il a envoyé quatre paysages divers d’as-
pect, mais tous empruntés à l’Égypte et
à la Syrie; Sans l’un, le Crépuscule, les
derniers feux du soleil couchant sont
coupés par l’ombre des minarets du
Caire et par la terre qu’envahit la nuit.
A Boulak, autre vue du Caire, c’est la
brume rosée du matin qui s’élève douce-
ment vers le ciel d’un bleu pâle. M. Ber-
chère a esquissé, dans F Oasis de Thor
Sinaï, une scène de la vie nomade. Un
feu de bivouac fume devant une tente, au
pied des dromadaires. Un cavalier arabe,
sur son cheval au repos, le laisse paître
librement les hautes herbes qui cachent
une eau dormante. M. Berchère a, pour
exprimer l’Orient, des nuances plus fon-

dues que les tons chauds presque exclu-
sivement adoptés par les autres orienta-
listes; c’est un nouveau charme et
une vérité de plus conquise pour nous
par M. Berchère. Les Pêcheries dcBcbec
sur le Bosphore, par M. Brest, et ses
trois Vues de Venise ne sauraient être
passées sous silence. Deux toiles, un
Touareg en tenue de combat, monté sur
un chameau lancé au grand galop, et
entraînant un prisonnier attaché par les
pieds, vivant encore, mais le corps déjà
tout sanglant, peinture un peu sèche de
feu Alfred Couvercliel, et une Femme de
la frontière du Maroc assise sur le sol
sablonneux", tableau de Mme Giard, née
Couverchel, représentent avec distinction
cette branche de l’orientalisme qui s’at-
tache aux types ethnographiques.

De Saint-Yenne.

[La fin au prochain numéro.')

-—

UN MONUMENT FUNÉRAIRE.

Lorsque mourut Lambert- Tliiboust,
gai et spirituel vaudevilliste, homme ai-
mable et facile, ses amis ouvrirent une
souscription qui produisit, en peu de
jours, une somme suffisante pour élever
à sa mémoire un modeste monument.

M. Mathieu Meusnier, auteur, entre
autres œuvres excellentes, de la statue
de Lais mourante, qui orne le jardin
réservé aux Tuileries, fut chargé de
l’exécution de ce monument. Il s’en est
acquitté avec autant de talent que de
convenance. La silhouette générale est
fine et soignée et ne va pas, comme carac-
tère, au delà du but de la souscription
couverte par des amis qui désiraient per-
pétuer la mémoire d’un homme d’esprit.

L’ensemble du monument sera en
pierre. La partie sculptée qui forme la
face antérieure est seule en marbre blanc
et de mince épaisseur. Au milieu se dé-
tache en haut-relief le buste de Lam-
bert-Thiboust, placé presque de profil
dans un médaillon rond. A gauche, la
Comédie moderne, qui a laissé tomber
son masque et sa marotte, s’appuie tris-
tement sur le cippe. M. Mathieu Meus-
nier a cherché à lui donner, par certains
détails de l’ajustement, un caractère con-
temporain ; de plus, il a reproduit les
 
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